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Un mort et une centaines de blessés dans des émeutes antichinoises au Vietnam

Un mort et une centaines de blessés dans des émeutes antichinoises au Vietnam

Un Chinois a été tué et une centaine d'autres blessés au Vietnam, suscitant la colère de la Chine, qui accuse Hanoï de "connivence" dans ces émeutes et assure qu'elle poursuivra l'exploitation d'une plateforme pétrolière déployée dans des eaux contestées.

Les violences, qui ont éclaté mardi dans le sud du Vietnam, ont été déclenchées par le déploiement par Pékin de cette plateforme au large d'îles que se disputent les deux pays communistes en mer de Chine méridionale.

"Ce que nous allons faire, c'est assurer la sécurité de cette plateforme pétrolière et nous assurer qu'elle continuera à fonctionner", a asséné jeudi à Washington le général Fang Fenghui après une rencontre avec son homologue américain Martin Dempsey au Pentagone. Le Vietnam a envoyé sur place des navires pour tenter de perturber l'exploitation de la plateforme, a-t-il assuré, selon la traduction d'un interprète, "et c'est quelque chose que nous ne pouvons pas accepter".

Au Vietnam, dont le régime autoritaire à parti unique ne tolère aucune contestation habituellement, le Premier ministre, Nguyen Tan Dung, a décrit la situation comme "très sérieuse" et affirmé que les émeutiers devaient être sanctionnés, tout en jugeant que le patriotisme animant les manifestants était "une bonne chose".

La récente flambée de violences "est directement liée à l'indulgence du gouvernement vietnamien et à sa connivence avec une partie des forces antichinoises et des fauteurs de troubles", a accusé de son côté Hua Chunying, porte-parole de la diplomatie chinoise.

Selon des experts, le gouvernement vietnamien permet certaines manifestations afin d'exprimer son extrême mécontentement envers Pékin mais il pourrait avoir été dépassé par l'ampleur du mouvement.

Des centaines de ressortissants chinois installés au Vietnam se sont réfugiés au Cambodge voisin, selon la police cambodgienne.

Les dernières émeutes se sont produites dans le centre du pays, dans la province de Ha Tinh, à quelque 500 kilomètres de Hanoï.

Après le pillage de parcs industriels dans le sud, c'est une aciérie du groupe taïwanais, Formosa Plastics, qui a été prise pour cible par la vindicte populaire dans la nuit de mercredi à jeudi. "Un employé chinois a été tué", a déclaré un responsable local, Dang Quoc Khanh, ajoutant que trois bâtiments hébergeant les ouvriers chinois avaient été incendiés sur le site.

Au moins 149 personnes ont été blessées, selon un dernier bilan officiel, précisant que 76 personnes avaient été interpellées.

Selon l'agence officielle Chine nouvelle, au moins une dizaine d'employés chinois restaient introuvables jeudi.

Le Vietnam et la Chine ont une longue histoire commune émaillée de contentieux nourrissant les rancoeurs nationalistes au coeur des émeutes actuelles.

En 1974, alors que les Etats-Unis se retiraient du Vietnam, la Chine avait pris le contrôle des îles Paracels (Xisha en chinois) en mer de Chine méridionale, occupées par le Sud-Vietnam. En 1979, les deux voisins communistes se sont également affrontés lors d'une guerre, brève mais sanglante, après l'invasion par la Chine des provinces les plus septentrionales du Vietnam. Puis en 1988, les forces chinoises prennent le contrôle des Spratleys (Nansha en chinois) à la suite d'un accrochage.

Les deux pays ont toutefois normalisé leurs relations en 1991 et multiplié les liens économiques.

Mais la politique revendicative de Pékin et son annonce début mai du déploiement d'une plateforme de forage pétrolier en eau profonde dans les eaux contestées a réveillé les vieux démons nationalistes au Vietnam.

Des milliers de manifestants antichinois avaient déjà incendié mardi plus de 10 usines dans des parc industriels près de Ho Chi Minh-Ville. Au total, 500 d'entre eux ont été interpellés.

Les archipels des Paracels et des Spratleys sont supposés riches en pétrole et sont situées sur d'importantes voies maritimes internationales.

Le Vietnam a dénoncé une décision "illégale" et exigé que la plateforme soit retirée. Hanoï a aussi envoyé des navires dans la région et les deux capitales se renvoient la responsabilité de provocations entre leurs navires.

bur-ceb/mdm/jca

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