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Turner, peintre visionnaire, homme dévoré par son art, à Cannes

Turner, peintre visionnaire, homme dévoré par son art, à Cannes

Dans "Mr. Turner", en compétition jeudi au Festival de Cannes, le réalisateur britannique Mike Leigh capture les deux visages du peintre anglais: un artiste visionnaire, mais aussi un homme "très mortel" dévoré par son art et ses blessures.

Mondialement connu pour son rôle de Peter Pettigrew dans "Harry Potter" ou encore celui de Churchill dans "Le discours d'un roi", fidèle également de Mike Leigh, Timothy Spall campe un Turner en état de tension permanente, faisant déjà de cet acteur puissant un candidat potentiel au prix d'interprétation masculine.

"Mr Turner" évoque les dernières années de l'existence du maître britannique décédé en 1851. Artiste reconnu, il subira aussi les sarcasmes de l'establishment qui le recevait et l'honorait avant.

Personnalité complexe, marqué par l'internement de sa mère quand il était jeune, élevé par un père qui est devenu son assistant, il vivra entouré d'une fidèle gouvernante.

La mort du père isolera un peu plus cet homme jusqu'à sa rencontre sur le tard avec une certaine Madame Booth.

Incapable d'exprimer ses sentiments, Turner est dépeint à l'écran comme une espèce d'ours mal léché, qui émet régulièrement des grognements faute de pouvoir sortir des mots.

"C'était un homme dévoré par son art", a résumé devant la presse Marion Bailey, qui campe Mme Booth, veuve lumineuse, propriétaire d'une pension de famille.

Cela fait des années que le réalisateur britannique, lauréat d'une Palme d'or en 1996 pour "Secrets et mensonges", avait envie de faire ce film qui lui "a été inspiré par les tableaux mêmes de Turner".

"Il ne s'agissait pas de raconter la vie de souffrance d'un artiste (...) mais la tension permanente entre le Turner mortel, son inspiration, son travail, sa façon de capturer le moment", a déclaré Mike Leigh à la presse à l'issue d'une projection très applaudie.

"Il y a de nombreux peintres qui peignent ce qu'ils voient. Quand Turner peint, il voit au-delà de la mer ou du ciel", a dit le cinéaste.

Mike Leigh a été fasciné également par un peintre que "les gens ne comprenaient pas", alors qu'il a été "le précurseur des impressionnistes, de l'abstraction, de l'art du 20e siècle".

"Cela a été un processus qui a duré toute sa vie. Il devait être capable de peindre comme les grands maîtres pour pouvoir se libérer de ses contraintes", a-t-il expliqué.

Mike Leigh et le directeur de la photo Dick Pope ont restitué à l'écran l'inspiration de Turner, puisée d'abord dans la nature, principalement en bord de mer.

Très jeune, Turner a vécu à Margate, dans le Kent, dans l'estuaire de la Tamise, sur les côtes de la Manche et été impressionné par la lumière qui se dégage de cet endroit.

Le film regorge de tableaux de celui qu'on a appelé le maître de la lumière, avec des ciels courroucés ou voilés, sur des paysages sereins ou en pleine tempête.

Selon son humeur, le pinceau se fait doux sur la toile, ou rageur.

Timothy Spall a pris de nombreuses leçons pour apprendre à peindre, tandis que le directeur de la photo a expliqué s'être documenté sur toutes les couleurs utilisées par Turner. Partir de là était absolument nécessaire "pour raconter visuellement cette histoire", a-t-il assuré.

Mike Leigh s'est aussi beaucoup documenté sur Turner mais, a-t-il ajouté, "vous pouvez lire tout ce que vous voulez, encore faut-il recréer le personnage face à la caméra".

"M. Turner" et "Timbuktu" du Mauritanien Abderrahmane Sissako ont ouvert la compétition jeudi.

Elle se poursuivra vendredi avec "Captives" du Canadien Atom Egoyan et "Winter sleep" du Turc Nuri Bilge Ceylan.

da/pjl/er

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