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France: Fabius, ministre touche à tout au risque de la dispersion

France: Fabius, ministre touche à tout au risque de la dispersion

Critique du président américain mais aussi choix de la couleur des taxis en France... Depuis l'élargissement en avril de son champ d'action, le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius intervient sur des sujets très divers, au risque d'apparaître moins présent sur la diplomatie traditionnelle.

Cette semaine, le ministre français des Affaires étrangères est à nouveau intervenu sur le dossier syrien, mais pour regretter le refus américain l'été dernier d'agir militairement. Des frappes américaines auraient "changé beaucoup de choses", a-t-il dit lors d'une visite à Washington, avec une pique rare à l'égard de Barack Obama: "A l'époque un grand dirigeant avait (parlé de) +ligne rouge+".

Sa liberté de ton a surpris. Mais résonnait aussi comme un aveu d'impuissance dans son domaine principal de compétences.

Syrie, Iran, Centrafrique ou Ukraine: les sujets internationaux ne manquent pas pour la diplomatie française mais ne semblent plus suffire à l'ex-plus jeune Premier ministre français et plus vieux membre du gouvernement actuel (67 ans).

A la faveur d'un remaniement gouvernemental en avril, et avec la bénédiction du président socialiste François Hollande, le chef de la diplomatie française a ajouté à ses portefeuilles traditionnels (Affaires étrangères, Affaires européennes et Développement), ceux du Commerce extérieur et du Tourisme.

Ce qui lui vaut parfois un agenda curieux avec des voyages officiels à l'étranger entrecoupés d'une visite à l'aube dans un aéroport parisien pour s'enquérir des conditions d'accueil des touristes chinois en France.

Son entourage dément tout appauvrissement de la fonction. Intervenir en diplomatie comme en économie ou en tourisme "renforce le message", assure un responsable de son entourage sous couvert d'anonymat.

Lui avance la complémentarité entre action diplomatique et recherche de nouveaux marchés pour une France en déclin. En fin de semaine, il sera à nouveau en Chine pour un long séjour dominé par les sujets économiques.

Depuis son arrivée au Quai d'Orsay, Laurent Fabius revendique plusieurs tours du monde et se flatte d'avoir renoué avec des pays comme l'Algérie ou le Nigeria.

Avec d'autres Etats, l'harmonie n'est toutefois pas au rendez-vous - Rwanda, Maroc - et il lui a été reproché par l'opposition de droite de n'avoir rien fait ou pas assez pour embarquer l'Europe dans les aventures militaires françaises en 2013 au Mali et en Centrafrique.

Sur l'Ukraine, la France n'est pas en première ligne. Le chef de la diplomatie française s'était bien rendu à Kiev en plein chaos avec ses homologues polonais et allemand, mais il les avait quittés en pleine négociation pour partir en Chine, et depuis, aucune initiative française ou européenne n'est venue enrayer la spirale sécessionniste profitant à la Russie.

A son crédit, Laurent Fabius peut se targuer sur la scène internationale d'avoir influé sur le dossier du nucléaire iranien. Un premier accord international avec l'Iran a été durci à l'automne sur insistance française, afin de contrecarrer plus fermement la volonté attribuée à Téhéran de se doter de l'arme nucléaire.

Depuis l'arrivée du socialiste François Hollande au pouvoir il y a deux ans, les autres faits d'armes de la France ont toutefois davantage été l'apanage de sa force militaire, notamment en Afrique.

Au plan intérieur, le chef de la diplomatie est très présent dans les médias français.

Bardé de ses multiples expériences ministérielles, Laurent Fabius a le titre de numéro deux du gouvernement et caracole en tête des personnalités les plus appréciées des Français.

Sa "suractivité touristophile est un mystère", notait récemment le site d'informations Rue 89 dans un article titré "Heureux comme Fabius un dimanche". Le ministre venait de prendre pied dans le débat sans fin en France de l'ouverture des magasins le dimanche en s'y déclarant favorable.

Lors de sa visite à l'aéroport parisien de Roissy, il s'était dit "très séduit par l'idée d'une couleur unique" pour les taxis. "C'est le cas dans de nombreuses villes dans le monde donc pourquoi pas imposer une couleur unique à mesure que se renouvellera la flotte? De même qu'un modèle unique, construit en France, à l'image des taxis de Londres", a proposé le ministre en charge des Affaires étrangères de la France.

prh/cf/thm/ml

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