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Décès de Jean-Luc Dehaene, figure de la politique belge et grand Européen

Décès de Jean-Luc Dehaene, figure de la politique belge et grand Européen

L'ancien Premier ministre belge Jean-Luc Dehaene, une des figures politiques du royaume et un grand Européen, est décédé jeudi en France à l'âge de 73 ans des suites d'une chute, a indiqué le parti social-chrétien flamand CD&V.

"Il était en vacances en France avec sa femme et des amis et il est mort après une chute", a indiqué un porte-parole du parti au sein duquel il avait fait toute sa carrière.

"Notre pays perd un homme d'Etat hors du commun. Jean-Luc fut un compagnon de route précieux. Mes condoléances émues à sa famille", a réagi le Premier ministre, le socialiste francophone Elio Di Rupo.

Européen convaincu, M. Dehaene avait été en 2002 vice-président de la Convention européenne présidée par l'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing, qui avait rédigé le projet de Constitution, rejeté en 2005 par la France et les Pays-Bas.

La présidence de la Commission européenne lui avait échappé en 1994 en raison d'un veto britannique contre ce Belge jugé trop fédéraliste.

Né en France, à Montpellier le 7 août 1940, où sa famille était réfugiée après l'invasion de son pays, Jean-Luc Dehaene était surnommé le "démineur" ou le "plombier" en raison de ses talents de négociateur, mais aussi le "bulldozer" ou le "taureau de Vilvorde" à cause de son physique de lutteur et de son caractère bourru.

Membre de cabinets ministériels sociaux-chrétiens dans les années 70, il était sorti de l'ombre au début des années 80 en devenant ministre. Il avait accédé en 1992 au poste de Premier ministre, qu'il conservera pendant près de huit ans.

M. Dehaene avait réussi le tour de force d'apaiser pour un temps les tensions entre Flamands et francophones en faisant de la Belgique un Etat fédéral. Le président de la N-VA, le parti indépendantiste flamand, Bart De Wever, a salué en Jean-Luc Dehaene "un homme jovial et sociable, doté d'un grand coeur et d'une incroyable vision politique".

Durant ses deux mandats à la tête du gouvernement, il avait aussi conduit le royaume à intégrer la zone euro, au prix d'une sévère politique d'austérité, bien qu'il soit plutôt considéré comme un membre de l'aile gauche de son parti.

Mais ces succès sur le plan intérieur n'avaient pas empêché une lourde défaite aux législatives de juin 1999. Quelques semaines avant les élections, la contamination de poulets par de la dioxine, tardivement révélée par le gouvernement, devait être fatale aux chrétiens-démocrates, chassés du pouvoir pour la première fois depuis 40 ans.

Son gouvernement avait aussi été confronté au scandale de corruption Agusta-Dassault, et surtout à l'affaire Dutroux, du nom du pédophile meurtrier qui a profondément traumatisé le pays.

Retiré de la politique belge, Jean-Luc Dehaene s'était alors épanoui sur la scène européenne, en se faisant élire en 2004 au Parlement européen, dont il était devenu l'un des spécialistes des questions budgétaires. Il s'était aussi reconverti dans les affaires et avait intégré plusieurs conseils d'administration, dont celui du géant de la bière AB InBev.

Fin 2008, il est appelé à la rescousse pour redresser Dexia, en pleine tourmente financière, dont il devient président du conseil d'administration. Mais la banque ne survivra pas à la crise de la dette deux ans plus tard.

En 2007 et 2009, il reviendra brièvement sur la scène politique belge pour différentes missions ponctuelles de médiation.

A côté de la politique, le football était l'autre passion de Jean-Luc Dehaene, et plus particulièrement le Club de Bruges, dont il portait fièrement l'écharpe noire et bleue dans les tribunes. Il avait fait en avril ses adieux à la politique européenne et était traité pour un cancer du pancréas.

siu-jlb/rhl

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