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Aussi atypique que son mari, le Première dame en Uruguay est son "meilleur soldat"

Aussi atypique que son mari, le Première dame en Uruguay est son "meilleur soldat"

Ex-guérillera, sénatrice, épouse du président de l'Uruguay José Mujica et parfois citée pour intégrer le prochain ticket présidentiel, Lucia Topolansky refuse les quotas de femmes en politique et se dépeint, dans un entretien accordé à l'AFP, en "meilleur soldat" du président.

"Je lui répète toujours que je suis le meilleur soldat dont il dispose au palais législatif", raconte en riant Mme Topolansky, ancienne députée aujourd'hui sénatrice la mieux élue du pays lors des élections de fin 2009, qui ont également porté son mari à la présidence de ce petit pays d'Amérique latine.

Fille d'une famille aisée, cette femme de 69 ans à la chevelure blanche a abandonné dans sa jeunesse ses études d'architecture pour intégrer à la fin des année 60 le mouvement guérillero d'extrême-gauche de Libération nationale-Tupamaros (MLN-T), qui prônait la lutte armée contre le système capitaliste et dans les rangs duquel elle fait la connaissance de son futur compagnon, José Mujica.

Arrêtée, évadée, elle est reprise au début des années 70 et restera en prison jusqu'à la fin de la dictature militaire (1973-1985), avant d'entamer un parcours politique similaire à celui de M. Mujica, qui les mènera à la Chambre des députés lors de la première victoire de la gauche dans le pays fin 2004, avec le Frente amplio.

"Mon devoir est d'accomplir la tâche que m'a confié le peuple, qui est le Sénat", souligne-t-elle, rappelant que le statut de Première dame n'existe pas en Uruguay, raison pour laquelle elle n'accompagne le président en voyage officiel que lorsqu'elle est expressément invitée.

"Passionnée par le militantisme" et "combattante sociale", celle qui a à plusieurs reprises assuré l'intérim de la présidence en l'absence de son mari et du vice-président Daniel Astori, est souvent citée pour intégrer le ticket présidentiel aux côtés de l'ex-président Tabare Vazquez (2005-2010), à nouveau favori pour l'élection présidentielle d'octobre prochain.

Ce qui ferait d'elle la première ex-Première dame vice-présidente du pays. Encore une occasion d'attirer l'attention sur ce pays à l'avant-garde régionale, voire mondiale, sur de nombreux sujets de sociétés (avortement, mariage homosexuel, légalisation du cannabis, etc.)

Et si elle admet qu'en tant que femme "il est probable qu'à quelques occasions (elle a) eu à se battre davantage" pour parvenir où elle se trouve aujourd'hui, elle se déclare "sur le pied de guerre" contre les lois sur les quotas féminins, qui vont obliger cette année les partis à présenter au moins 30% de candidates sur leurs listes.

"Personne ne va jamais rien t'offrir dans cette vie (...) Aussi exclu que tu sois, tu dois conquérir ces postes. En outre, il est beaucoup plus agréable de lutter et vaincre (...) en sachant qu'on a mis toute son âme dans la bataille et obtenu des résultats avant que n'arrivent des quotas", affirme-t-elle.

"L'âge ne veut rien dire, pas plus que le genre", insiste la parlementaire qui a toutefois voté en faveur de cette loi, par respect de la discipline de parti. "Mais je crois que ça ne donnera aucun résultat (...) Ainsi, je recommande toujours aux femmes de lutter", ajoute-t-elle.

"Quand j'étais très jeune et que j'ai commencé à militer, je me suis fait ma place comme j'ai pu", poursuit Mme Topolansky, rappelant toutefois que dans la guérilla, "il y avait une bien meilleure parité, pour l'époque".

"Derrière un (calibre) 45, peu importe le genre", sourit-elle.

Aussi informelle que son mari, devenu une vedette mondiale pour son refus des conventions et son mode de vie austère, la sénatrice qui refuse le maquillage et privilégie les chemises blanches et les costumes sobres a pourtant la réputation d'être plus "dure" que son époux.

"On me qualifie toujours de radicale, peut-être pour la façon dont je m'exprime. Mais en réalité, j'ai été de toutes les négociations parlementaires", se défend-t-elle.

Usant d'un langage simple mais direct, éloigné des envolées à tendances philosophiques de "Pépé" Mujica, Mme Topolansky se souvient avec émotion de la cérémonie de prestation de serment de son mari, qu'elle a présidée.

"Ce moment était impensable, mais parfois, la vie te réserve des surprises", confie-t-elle.

Elle n'imaginait pas plus la célébrité internationale à laquelle accéderait M. Mujica, d'ailleurs reçu cette semaine par le président américain Barack Obama à la Maison Blanche.

"J'ai découvert qu'il y avait un stéréotype de président. Et c'est ce que Mujica a rompu", estime-t-elle, comme avant lui Evo Morales en Bolivie, Barack Obama aux Etats-Unis ou Luiz Inacio Lula da Silva au Brésil, voire Hugo Chavez au Venezuela.

Guérillera, militante, élue, et bientôt septuagénaire, elle ne s'imagine toutefois pas une seconde prendre sa retraite: "Je vais militer toute ma vie", prévient-elle.

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