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Au QG de la "République populaire de Donetsk", le quotidien des séparatistes

Au QG de la "République populaire de Donetsk", le quotidien des séparatistes

L'ascenseur est en panne, l'air empuanti par les poubelles, les escaliers tapissés d'affiches de propagande et un carton plein de cocktails Molotov accueille le visiteur à l'entrée principale. Voici le QG des séparatistes ukrainiens pro-russes de la "République populaire de Donetsk".

L'administration de la région de Donetsk, prise par les manifestants pro-russes début avril, a tout désormais d'une vaste forteresse. Entourée de barricades faites de pneus et de barbelés, surmontées de panneaux disant "stop au fascisme", le bâtiment est devenu le quartier général de la "République populaire de Donetsk".

Après le référendum d'autodétermination hautement controversé organisé dimanche, la "République" s'est proclamée indépendante et a, dans la foulée, demandé à rejoindre la Russie.

A l'intérieur, des centaines de volontaires : gardes de sécurité masqués et parfois armés, mais aussi secrétaires, médecins, personnes qui font le ménage ou qui préparent les repas.

Pour Kiev, le référendum qui s'est déroulé le 11 mai à Donetsk et à Lougansk, un autre bastion séparatiste dans la ceinture industrielle de l'Est de l'Ukraine, est une farce illégitime.

Mais pour les séparatistes de Donetsk, ce sont les nouvelles autorités de Kiev qui sont illégitimes, ayant saisi le pouvoir après un soulèvement populaire dans la capitale qui a mené en février à la destitution du président ukrainien pro-russe, Viktor Ianoukovitch.

Les forces ukrainiennes "sont des humains comme nous", affirme un ancien mécanicien, qui s'est porté volontaire pour protéger l'administration régionale de Donetsk.

"Mais ils tuent des gens non armés, des femmes et des enfants, ils les brûlent. C'est comme s'ils n'étaient pas humains", poursuit-il.

Derrière une cagoule qui ne laisse apparaître que ses yeux, un homme qui ne veut pas être identifié par crainte de représailles, raconte être lassé de son maigre salaire et se plaint de la hausse des prix de la nourriture, du gaz et de l'électricité.

"Je veux que notre niveau de vie devienne meilleur, au moins aussi bon qu'en Russie pour que nous puissions avoir une vie normale", veut-il croire.

Pour entrer dans le bâtiment, les gens doivent passer à travers une série de postes de contrôle, où des groupes d'hommes à l'air menaçant demandent documents d'identité et fouillent les sacs.

Dans le carton près de l'entrée, des cocktails Molotov sont alignés, prêts à être lancés en cas d'attaque, même s'ils semblent quelque peu oubliés, entourés des détritus d'une poubelle à proximité.

Quelques mètres plus loin, une femme de 30 ans, habillée de blanc, distribue des médicaments aux personnes souffrant de maux de tête ou de refroidissements. Elle officie dans un bureau où s'entassent des boîtes à chaussures pleines de médicaments.

Elle explique être emplie "de fierté, de joie et de bonheur" par les résultats du référendum, mais cache son visage derrière un masque de chirurgien pour ne pas être identifiée.

"Nous ne sommes pas payés. Nous sommes ici parce que nous devons être ici", assure-t-elle. "C'est notre devoir civil".

Plus de 650 journalistes étrangers ont été accrédités au "centre de presse" situé au septième étage, un bureau en désordre où sonne sans arrêt le téléphone mais où l'on ne donne des informations qu'à petites doses.

Claudia Koulbatskaïa était agent immobilier, vendait et louait des propriétés; elle consacre désormais son temps aux médias.

Après avoir procédé à une retouche maquillage et épinglé le drapeau de la "République populaire" sur le mur, elle accepte d'être interviewée.

Son travail est de garder un oeil sur ce qu'écrivent les journalistes : ceux qui "profèrent des mensonges" perdront leur accréditation.

"Nous avons nos propres services de sécurité et les journalistes (fautifs) seront renvoyés chez eux", prévient-elle.

"Ce que je peux vous dire, c'est que je suis du côté de la vérité, insiste-t-elle. "Bien que chacun comprenne la vérité à sa façon".

jms-del-all/kat/sym

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