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Turquie: Le bilan de l'accident minier s'alourdit à 232 morts, deuil national et manifestations

Turquie: Le bilan de l'accident minier s'alourdit à 232 morts, deuil national et manifestations

Le bilan de l'explosion dans une mine de charbon en Turquie s'est alourdi mercredi à 232 morts, a annoncé le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, dont le gouvernement islamo-conservateur est accusé de négligence.

Inspectant le site sinistré situé à une centaine de km à l'est d'Izmir, métropole égéenne, M. Erdogan, qui a annulé un déplacement en Albanie, a donné ce nouveau bilan, encore provisoire, puisque plus d'une centaine de mineurs seraient toujours piégés dans les galeries du puits et peu d'espoirs subsistent pour qu'ils en sortent vivants.

Selon le ministre de l'Energie, Taner Yildiz, 363 mineurs ont été sauvés dans la mine où une explosion s'est produite provoquant un incendie.

"Nos espoirs diminuent de plus en plus" pour retrouver des survivants", a indiqué M. Yildiz.

Trois jours de deuil national ont été décrétés à compter du jour de la catastrophe.

Le drame est l'une des pires catastrophes industrielles de la Turquie.

787 employés se trouvaient dans la mine au moment de l'explosion mardi après-midi, selon les autorités.

Le gouvernement est sous le feu des critiques pour une éventuelle négligence tandis que des dirigeants syndicalistes ont appelé les ministres du Travail et de l'Energie à démissionner.

Selon les médias locaux, trois semaines auparavant, le parlement a refusé de former une commission pour faire un état des lieux sur la sécurité des mines en Turquie. Les trois partis d'opposition ont introduit des propositions qui ont été toutes refusées par l'AKP, le parti majoritaire de la justice et du développement.

Le ministère du Travail a, quant à lui, publié un communiqué dans lequel il affirme que la mine de Soma a été contrôlée en mars dernier et qu'aucune contrariété aux réglementations en vigueur n'a été relevée

Mais M. Yildiz a voulu rassurer. "S'il y a eu négligence, nous ne fermerons pas les yeux. Nous prendrons toutes les mesures nécessaires, dont des mesures administratives et légales", dans un pays où les accidents de travail sont très nombreux.

D'ailleurs le bureau du procureur régional a lancé mercredi une enquête judiciaire sur cet accident.

La police anti-émeutes a dispersé avec des grenades lacrymogènes une manifestation d'étudiants à Ankara qui conspuaient le gouvernement de M. Erdogan et d'autres manifestation sporadiques ont été organisées dans les grandes villes, notamment Istanbul.

Le régime turc a été la cible d'une fronde inédite l'été dernier pendant laquelle des millions de personnes sont descendues dans les rues à travers le pays pour dénoncer son "autoritarisme" et sa "dérive islamiste".

Plus de 80 personnes ont été blessées dans le drame, dont quatre grièvement.

Mercredi matin des équipes de secouristes continuaient frénétiquement à travailler sur le site, tenant les journalistes et les badauds à une certaines distance de la zone.

Le ballet des ambulances a repris dès le petit jour autour du puits, mais à un rythme nettement plus lent que la veille. Pendant la matinée, moins d'une dizaines de mineurs ont été sortis de leur piège souterrain par les dizaines de sauveteurs qui continuent à se presser. La plupart d'entre eux étaient morts, enveloppés de la tête au pied dans une couverture. Seul l'un d'entre eux, apparemment inanimé, portait un masque à oxygène et a été évacué rapidement sur un hôpital de la région.

A chaque passage d'un brancard, des mains s'accrochent pour tenter d'arracher la couverture qui recouvre les dépouilles.

Sur un mobile home, des agents de l'AFAD, l'agence turque en charge des situations d'urgence, ont affiché de longues listes portant les noms de blessés, avec leur lieu d'hospitalisation. Bahar Galici la parcourt longuement puis se retourne. "Toujours rien", soupire la jeune femme.

Hasan Celik, mineur, travaille dans le puits accidenté mais était de repos mardi: "En ce moment il y a dix, quinze personnes qui sont en cours de remontée et les volontaires essaient d'en sortir d'autres".

Mais l'attente est insupportable pour les proches des mineurs.

"J'ai des parents à l'intérieur, notamment mon petit-fils, le fils de ma soeur. Je suis là depuis 16h hier après-midi. Les trois travaillaient dans le même puits", explique Cemile Dag, une femme voilée d'une cinquantaine d'années.

Selon les premiers témoignages, l'explosion a apparemment été provoquée par un transformateur électrique.

Les explosions dans les mines sont fréquentes en Turquie, en particulier dans celles du secteur privé où, souvent, les consignes de sécurité ne sont pas respectées.

L'accident le plus grave est survenu en 1992 quand 263 mineurs ont été tués dans une explosion de gaz dans la mine de Zonguldak (nord), le plus grand bassin minier de charbon de Turquie.

pa-ba/bir

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