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Syrie: Damas satisfait du départ de Brahimi, l'opposition frustrée

Syrie: Damas satisfait du départ de Brahimi, l'opposition frustrée

L'annonce du départ de l'émissaire international pour la Syrie Lakhdar Brahimi a été accueillie avec satisfaction par le régime mais tristesse par l'opposition, après deux ans d'efforts infructueux pour mettre fin à un conflit ayant fait plus de 150.000 morts.

Par ailleurs sur le terrain, un accord entre le gouvernement et les rebelles sur un important échange de prisonniers a commencé a être appliqué à Adra, une banlieue industrielle de Damas, a indiqué le quotidien proche du régime al-Watan.

"C'est avec un profond regret que (...) j'ai décidé d'accepter la demande de M. Brahimi de quitter ses fonctions le 31 mai 2014", a annoncé mardi le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, rendant hommage à "la patience et la persévérance" de ce médiateur de 80 ans.

M. Brahimi s'est pour sa part dit "très triste de quitter son poste, et la Syrie, dans une si mauvaise situation", d'autant que son départ laisse l'ONU sans médiateur.

Mais à Damas, le régime ne cache pas sa satisfaction de voir partir M. Brahimi, qu'il n'a jamais apprécié, surtout depuis qu'il s'était enquis auprès du président Bachar al-Assad de son éventuel départ du pouvoir.

"Brahimi est l'homme de l'Arabie Saoudite", affirme al-Watan, qui déteste le royaume wahhabite pour son soutien aux rebelles souhaitant renverser le régime. "Il a montré son parti pris en faveur de l'opposition, notamment durant la conférence de Genève, en exprimant son soutien à la Coalition et à son chef, Ahmad Jarba", ajoute le journal.

Les négociations de paix à Genève ont eu lieu fin janvier puis début février sans parvenir à trouver une solution pour mettre fin à la guerre.

Dans la même veine, l'agence officielle Sana relève les raisons de l'échec de l'émissaire onusien, l'accusant notamment de s'être mêlé des affaires intérieures du pays.

"Un médiateur ne peut pas interférer dans les affaires relevant de la souveraineté des États", écrit Sana, sans élaborer davantage.

A l'inverse, le représentant à l'ONU de la Coalition nationale syrienne, Najib Ghadbian, a affirmé que l'opposition avait "apprécié les efforts de M. Brahimi pour trouver une solution et partageait donc sa frustration" avant de déplorer le manque de "pression internationale concertée".

Parallèlement, dans les régions contrôlées par le régime, la campagne se poursuit pour l'élection présidentielle du 3 juin, dont l'issue ne fait aucun doute.

Les deux candidats en lice contre Bachar al-Assad sont apparus sur les chaînes de télévision officielles sans formuler la moindre critique à l'encontre du président sortant.

Le scrutin a d'ores et déjà été qualifié de "farce" par l'opposition et critiqué par plusieurs pays occidentaux.

Le président américain Barack Obama et sa conseillère de sécurité nationale Susan Rice ont déclaré que "Bachar al-Assad avait perdu toute légitimité pour diriger la Syrie" et n'avait pas sa place dans l'avenir du pays.

Par ailleurs sur le terrain, selon al-Watan, l'application d'un important échange de prisonniers entre régime et rebelles a commencé mardi dans la cité ouvrière d'Adra, à 35 km au nord-est de Damas.

Une famille de huit personnes a été libérée en échange de l'entrée de produits alimentaires dans la ville, affirme le quotidien.

La deuxième étape, qui prévoit un échange de 1.500 familles contre 1.500 détenus, sera mise en oeuvre prochainement, mais prendra un peu de temps car les parties concernées doivent examiner la liste des prisonniers, ajoute le journal.

Adra, où vivent 20.000 sunnites, chrétiens et alaouites (une branche du chiisme et la confession du président Bachar al-Assad), est assiégée par l'armée depuis la mi-décembre, suite à la prise de la cité par les rebelles.

Depuis le début de l'année, près de 850 détenus sont morts dans les prisons du régime sous la torture ou victimes d'exécutions sommaires, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Mais le nombre réel de victimes pourrait être bien plus grand, car sur les dizaines de milliers de détenus aux mains du régime, 18.000 sont portés disparus, souligne l'OSDH.

Enfin, selon le Centre de surveillance des personnes déplacées (IDMC), basé à Genève, 9.500 personnes quittent leur foyer toutes les 60 secondes en Syrie.

bur/sk/cbo

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