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Le régime syrien satisfait du départ de Brahimi, l'opposition frustrée

Le régime syrien satisfait du départ de Brahimi, l'opposition frustrée

L'annonce du départ de l'émissaire international pour la Syrie Lakhdar Brahimi a été accueillie mercredi avec satisfaction par le régime mais avec tristesse par l'opposition, après deux ans d'efforts infructueux pour mettre fin à un conflit ayant fait plus de 150.000 morts.

Malgré cette démission, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a refusé de parler "d'échec". Il doit participer jeudi à Londres à une nouvelle réunion des 11 pays soutenant l'opposition, à moins de trois semaines de l'élection présidentielle controversée en Syrie.

La campagne bat son plein dans les régions sous contrôle du régime notamment à Damas pour l'élection du 3 juin qui doit être remportée par le président Bachar al-Assad, alors que les Etats-Unis ont réaffirmé qu'il avait "perdu toute légitimité pour diriger" la Syrie.

"C'est avec un profond regret que j'ai décidé d'accepter la demande de M. Brahimi de quitter ses fonctions le 31 mai 2014", a annoncé mardi le patron de l'ONU Ban Ki-moon, saluant "la persévérance" de ce médiateur qui a jeté l'éponge comme son prédécesseur Kofi Annan.

M. Brahimi s'est dit "très triste de quitter son poste", en soulignant que la situation était "très difficile mais pas désespérée" en Syrie, où une contestation populaire en mars 2011 s'est militarisée face à une violente répression plongeant le pays dans la guerre.

Son départ laisse l'ONU sans médiateur en Syrie, M. Ban admettant qu'il lui faudrait "du temps pour trouver la personne qui convient".

Quoiqu'il en soit, le régime n'a pas caché sa satisfaction de voir partir M. Brahimi, qu'il n'a jamais apprécié, surtout depuis qu'il s'était enquis auprès de M. Assad de son éventuel départ du pouvoir.

"Brahimi est l'homme de l'Arabie saoudite", affirme le journal al-Watan proche du régime, qui déteste le royaume pour son soutien aux rebelles. Il reproche à M. Brahimi d'avoir pris le "parti de l'opposition" et l'agence officielle Sana l'accuse de s'être mêlé des affaires intérieures du pays.

A l'inverse, le représentant à l'ONU de la Coalition nationale syrienne, Najib Ghadbian, a affirmé que l'opposition avait "apprécié les efforts de M. Brahimi" et partageait "sa frustration".

Nonobstant les critiques de l'opposition et de l'Occident qui qualifient le scrutin de "farce", la campagne pour l'élection de M. Assad continue de plus belle.

Ses portraits sont placardés partout dans les régions tenues par le régime, comme à Damas et même à Homs (centre), sur les murs, les voitures et aux barrages de contrôle de l'armée.

Sur les banderoles, les slogans promettent une Syrie, "plus forte", "plus en sécurité" et même "plus belle" avec M. Assad. Deux candidats inconnus du public sont en lice contre lui.

Dans le même temps, la guerre continue de faire rage entre rebelles et soldats sur plusieurs fronts, même si le régime a enregistré des succès ces derniers mois avec la prise de localités stratégiques.

A Idleb (nord-ouest), des rebelles islamistes ont fait détoner des explosifs dans un tunnel creusé sous la base militaire de Wadi Deif, faisant des "dizaines de morts et de blessés", a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

De son côté, Al-Watan a fait état du début de l'application d'un accord à Adra (35 km au nord-est de Damas), assiégée par l'armée depuis sa prise en décembre par les rebelles: Une famille de huit personnes a été libérée en échange de l'entrée de nourriture. La deuxième étape -échange de 1.500 familles contre 1.500 détenus-, sera appliquée bientôt.

Alors que la guerre a poussé à la fuite quelque neuf millions de personnes, provoqué une grave crise humanitaire et dévasté le pays, le Centre de surveillance des personnes déplacées a affirmé que 9.500 personnes quittent leurs foyers toutes les 60 secondes en Syrie.

De son côté, l'OSDH a fait état de près de 850 détenus morts dans les prisons du régime sous la torture ou victimes d'exécutions sommaires depuis le début 2014.

M. Kerry a affirmé qu'il y aurait "une poursuite des efforts" pour soutenir la rébellion modérée à la réunion des 11 pays pro-opposition à Londres.

Washington refuse de fournir des armes à l'opposition de crainte qu'elles ne tombent aux mains de rebelles jihadistes.

bur/sk/tp/feb

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