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Dans le QG grec de l'opération de l'UE en Centrafrique

Dans le QG grec de l'opération de l'UE en Centrafrique

Dans une petite ville du centre de la Grèce, 130 militaires de 17 pays européens gardent 24 heures sur 24 les yeux rivés sur ... Bangui, où monte en puissance l'opération militaire européenne qu'ils supervisent à plus de 5.000 km de distance.

A Larissa, capitale de la Thessalie, il faut s'enfoncer dans le dédale d'une base de l'armée grecque pour découvrir le Quartier général opérationnel d'Eufor-RCA, la mission que l'Union européenne a lancée au début de l'année.

En pénétrant dans le bâtiment à deux étages, la douce torpeur de la cité grecque s'évanouit. Sur les murs ou les écrans d'ordinateurs, ne s'affichent que des cartes de Bangui et de la Centrafrique, ce pays d'Afrique centrale plongée dans la violence depuis le début 2013.

Même si cela peut paraître incongru, suivre au jour le jour cette crise depuis le centre de la Grèce ne pose "aucun problème" au général Philippe Pontiès, le commandant français d'Eufor-RCA.

"Dans la tradition militaire, les quartiers généraux sont rarement situés sur les lieux d'opération", souligne-t-il. En rappelant que la mission internationale en Afghanistan est pilotée depuis Washington ou que la guerre en Libye de 2011 a été commandée par l'Otan depuis Naples, dans le sud de l'Italie.

La décision de baser la mission centrafricaine à Larissa a été prise par les 28 pays européens en janvier. Car la ville grecque abrite l'un des cinq QG dont s'est dotée l'UE pour gérer les opérations militaires de gestion de crise qu'elle mène depuis une vingtaine d'années.

"Ce choix s'est fait naturellement parce que la Grèce préside actuellement l'UE", indique le général grec Christos Drivas, le chef d'état-major d'Eufor-RCA.

Le QG de Larissa n'avait jusqu'à présent jamais été activé, contrairement à ceux du Mont-Valérien, près de Paris (opération au Tchad en 2008) ou de Northwood, au nord-ouest de Londres, qui commande la mission Atalante de lutte contre la piraterie dans l'océan Indien. Les deux autres sont situés à Rome et à Postdam (Allemagne).

A Larissa, le général Pontiès commande une équipe cosmopolite d'officiers et sous-officiers dépêchés par 17 des 28 pays de l'UE. Chacun porte l'uniforme de son armée nationale mais arbore au bras l'écusson de la mission européenne.

"Depuis une vingtaine d'années, la plupart d'entre nous ont pris l'habitude de travailler en anglais avec des militaires d'autres nationalités", témoigne le colonel Marko Ekström, qui a déjà participé aux missions de l'UE dans les Balkans.

Ce Finlandais dirige le service de la collecte des informations sensibles, où travaillent des experts autrichiens, grecs et français. "Nous parlons le même langage, celui du renseignement, et chacun apporte la sensibilité de son pays", souligne le colonel.

Le coeur névralgique du QG de Larissa est la salle de liaison où les militaires communiquent avec les interlocuteurs politiques de Bruxelles d'une part et les officiers d'Eufor-RCA basés en Centrafrique de l'autre. "Ces derniers ont la responsabilité tactique des opérations tandis que nous nous consacrons sur la stratégie et la coopération politico-militaire", explique le général Pontiès.

Le gradé français se rend toutes les six semaines à Bangui, un très long voyage depuis Larissa.

Se qualifiant de "VRP de la mission", il a aussi parcouru l'Europe pendant des semaines pour réunir les moyens humains et matériels auprès d'États très réticents à la perspective d'intervenir dans un conflit africain lointain, jugé peu stratégique, alors qu'éclatait la crise en Ukraine.

La France, "nation-cadre" d'Eufor-RCA, a de ce fait accru son implication et une centaine de soldats de la mission Sangaris ont rejoint celle de l'UE chargée d'assurer la sécurité de l'aéroport de Bangui avec des soldats estoniens.

Ces derniers vont être rejoints d'ici la fin juin par les contingents finlandais, espagnols et géorgiens.

jri/hec/sba

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