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Ukraine: l'Occident veut croire au dialogue que veut lancer Kiev

Ukraine: l'Occident veut croire au dialogue que veut lancer Kiev

Les Occidentaux veulent croire au "dialogue national" que doit lancer mercredi le gouvernement de Kiev, en dépit des violences dans l'est de l'Ukraine qui ont fait mardi sept morts, et de l'absence probable des séparatistes pro-russes à ces pourparlers.

La chancelière allemand Angela Merkel a estimé mardi que les "tables rondes" à venir en Ukraine devaient être les plus larges et les plus représentatives possibles, mais que la violence n'y aurait pas sa place.

"Je pense que la possibilité de tables rondes (...) offre une bonne occasion" de tenter de trouver une issue à la situation explosive en Ukraine, menacée de partition, a déclaré la chancelière lors d'une conférence de presse à Berlin.

Une table ronde aux contours flous a été programmée mercredi à 13H30 GMT. Elle rassemblera, selon Kiev, le Premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk, trois anciens présidents d'Ukraine, les actuels candidats à l'élection présidentielle prévue le 25 mai, ainsi que des députés et responsables régionaux. Les chefs séparatistes de l'Est, que Kiev qualifie de "terroristes", ne semblent en revanche pas être invités malgré des appels répétés de Moscou en ce sens.

Les discussions seront modérées par l'ancien diplomate allemand Wolfgang Ischinger et se pencheront notamment sur des questions de décentralisation et de lutte contre la corruption.

Pour le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, qui s'est rendu mardi à Kiev puis à Odessa (sud), "ce n'est bien sûr qu'un début".

Les efforts diplomatiques en cours "restent une entreprise difficile", a admis le diplomate qui a déjà trois visites en Ukraine à son actif. "Tout le monde n'est pas prêt à entrer dans un dialogue, (certains) tiennent à la violence", a-t-il reconnu.

M. Steinmeier est attendu mercredi à Paris où il rendra compte devant son homologue français Laurent Fabius, et, fait inédit, devant le Conseil des ministres français, de sa visite en Ukraine.

Face à une Ukraine de nouveau menacée de partition après le référendum d"indépendance" de dimanche dans le Donbass (Est), les Européens et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) s'efforcent depuis plusieurs jours de renouer le fil du dialogue.

Mais sa mise en place s'annonce encore plus difficile après l'annonce mardi après-midi de la mort violente de sept militaires ukrainiens près de Kramatorsk, dans la région de Donetsk.

Les soldats sont tombés dans une "embuscade" tendue "cyniquement et traîtreusement" par plus de 30 rebelles qui les ont attaqués au lance-roquette, selon le ministère de la Défense.

La Russie semble par ailleurs traîner des pieds, laissant entendre que les conditions pour le "dialogue" n'étaient pas réunies.

Tout en jugeant "extrêmement important" de lancer le plus vite possible la feuille de route proposée par l'OSCE, la Russie a une nouvelle fois exigé mardi que Kiev mette fin à l'opération militaire en cours dans l'est du pays.

"Nous exigeons que Kiev arrête immédiatement son expédition punitive et retire ses troupes régulières", selon le ministère des Affaires étrangères.

Des combats entre rebelles pro-russes et soldats ukrainiens se déroulent presque chaque nuit dans la zone de Slaviansk, bastion des insurgés. Et le président ukrainien par intérim Olexandre Tourtchinov avait répété mardi au Parlement que l'opération "antiterroriste" allait se poursuivre.

La Russie a aussi accusé les autorités ukrainiennes - dont elle n'a jamais reconnu la légitimité - de "refuser un réel dialogue avec les représentants des régions (...) ce qui constitue un obstacle sérieux sur la voie de la désescalade".

Le Premier ministre polonais Donald Tusk a plaidé mardi pour la "mobilisation de toute l'UE et de l'Otan face au risque ou à la menace d'une chute de l'Etat ukrainien ou à tout le moins d'une partition très douloureuse".

L'UE doit "se concentrer sur le type d'aide qui permettrait à l'Ukraine de tenir des élections le 25 mai", a-t-il estimé.

L'Ukraine a fait dimanche un nouveau pas vers la partition avec la tenue dans deux régions de l'Est d'un double référendum d'indépendance dénoncé comme "illégal" par Kiev et par les Occidentaux.

Sans surprise, les insurgés séparatistes qui l'ont organisé ont revendiqué un soutien populaire massif à leur projet avec 90% de oui à l'indépendance.

Ils ont proclamé moins de 24 heures après la "souveraineté" des deux régions, baptisées républiques de Donetsk et Lougansk et se sont aussitôt placés sous l'aile de Moscou, comme l'avait déjà fait la Crimée en mars.

La "république populaire de Donetsk" a demandé à la Russie d'"examiner son rattachement pour rétablir la justice historique".

Cette requête, à laquelle la Russie n'a pas encore réagi rappelle celle opérée par la Crimée il y a deux mois et s'est traduite de facto par sa perte de contrôle par Kiev.

Le gouverneur de la région de Donetsk, Serguiï Tarouta, a estimé mardi que "la république de Donetsk n'existe ni légalement, ni politiquement: c'est juste un nom inventé et rien d'autre", a-t-il dit. Quant au référendum, il "peut être défini comme une étude sociale".

Dans la région de Lougansk, le "gouverneur populaire" autoproclamé Valeri Bolotov a été blessé par balles à l'épaule mardi dans un "attentat". Il devrait reprendre son poste dans quelques jours, ont indiqué les rebelles.

Moscou avait appelé lundi à respecter "l'expression de la volonté des populations" de l'est de l'Ukraine, prenant l'exact contrepied des capitales occidentales qui ont dénoncé la consultation.

La Russie menace parallèlement de couper ses livraisons de gaz à l'Ukraine à partir du 3 juin si Kiev ne règle pas d'ici là une facture de 1,66 milliard de dollars.

M. Iatseniouk a répliqué depuis Bruxelles en menaçant à son tour la Russie de la poursuivre en justice si elle n'abaisse pas ses prix du gaz, et l'accusant de lui avoir volé du gaz en annexant la Crimée.

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