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Québec: premières inculpations dans la catastrophe ferroviaire de Lac-Mégantic

Québec: premières inculpations dans la catastrophe ferroviaire de Lac-Mégantic

Dix mois après l'explosion d'un train au coeur de la bourgade de Lac-Mégantic (Québec), le conducteur et deux autres employés de la compagnie ferroviaire incriminée ont été inculpés mardi pour "négligence criminelle" ayant causé la mort de 47 personnes.

Arrêtés lundi par la police québécoise, ils sont les premiers accusés à être tenus responsables de la pire tragédie qu'ait connu le Canada en 15 ans.

L'entreprise ferroviaire américaine qui les employait, la Montreal, Maine & Atlantic (MMA) est poursuivie en tant que personne morale.

Après s'être fait présenter les 47 chefs d'accusations déposés contre chacun d'eux, dont celui de "négligence criminelle ayant causé la mort", les trois hommes ont été remis en liberté conditionnelle, au terme d'une brève comparution dans un centre sportif transformé pour l'occasion en tribunal -- le palais de justice du village se trouvant dans la zone dévastée de la bourgade québécoise.

Ils sont convoqués à nouveau par la justice le 11 septembre pour une audience préliminaire à leur procès, a indiqué à la presse Me René Verret, porte-parole du directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP, ministère public) qui a déposé les accusations.

Selon Me Verret, la police a achevé son enquête mais le procureur de la DPCP (avocat de la partie civile) a demandé des "compléments d'enquête" sur certains points qu'il n'a pas précisés.

Sans grande surprise, le conducteur du train Thomas Harding figure sur le banc des accusés, aux côtés de Jean Demaître, directeur des opérations ferroviaires de la MMA et de Richard Labrie, responsable du contrôle du trafic pour la même compagnie.

Ils encourent la détention à perpétuité (peine incompressible de 25 ans de prison).

En pleine nuit du 5 au 6 juillet, le convoi de 72 wagons-citernes de la MMA transportant du pétrole provenant de l'État américain du Dakota (nord des Etats-Unis) avait déboulé sans conducteur et à pleine vitesse dans Lac-Mégantic, déraillant dans la rue principale.

Un gigantesque brasier visible à des kilomètres à la ronde avait suivi, ravageant le centre-ville de ce village situé dans les montagnes des Appalaches, à 250 km à l'est de Montréal. Il a fallu près de 48 heures pour venir à bout de l'incendie.

Rapidement, le conducteur avait été blâmé pour sa responsabilité supposée dans le drame. Lors de l'explosion du train, M. Harding se trouvait dans un hôtel de Lac-Mégantic, à une dizaine de kilomètres de l'endroit où il avait stationné le convoi ferroviaire en attendant que son successeur en prenne les commandes.

Soupçonné de ne pas avoir actionné les systèmes de frein sur plusieurs essieux selon les procédures, il avait été suspendu sans solde par le PDG de la MMA, Edward Burkhardt, quatre jours après le drame.

Des riverains de l'accident avaient toutefois loué le courage de M. Harding: au coeur de la nuit tragique, ils avaient aperçu le conducteur, revêtu d'une tenue de pompier, s'approcher à deux pas de l'incendie pour détacher les wagons-citernes non endommagés et les éloigner du brasier pour éviter leur explosion.

Son avocat, Me Thomas Walsh, a d'ores et déjà indiqué à l'AFP que le conducteur du train plaidait non coupable.

En plus de mettre en évidence la récente hausse exponentielle du transport de pétrole par rails en Amérique du Nord, cet accident a attiré l'attention sur la vétusté des réseaux ferrés canadiens et un certain laxisme règlementaire des autorités fédérales des transports.

La MMA avait obtenu une dérogation en bonne et due forme d'Ottawa pour ne maintenir qu'un conducteur, et non deux, lorsque le train est en marche.

Quelques semaines après la catastrophe, la société américaine s'était placée en redressement judiciaire et ne pouvait pas faire face aux indemnisations et à la facture de décontamination évaluée à des dizaines de millions de dollars.

Depuis l'accident, le gouvernement canadien a ordonné le remplacement à moyen terme de tous les wagons-citernes du même modèle que ceux qui ont explosé à Lac-Mégantic, leur coque n'étant pas adaptée à du pétrole aussi inflammable.

sab/mbr/are

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