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Première exécution prévue aux Etats-Unis, après la débâcle de l'Oklahoma

Première exécution prévue aux Etats-Unis, après la débâcle de l'Oklahoma

Une exécution est prévue mardi soir au Texas, deux semaines après la longue agonie d'un condamné à mort en Oklahoma qui a rouvert la bataille entre partisans et opposants de la peine capitale aux Etats-Unis.

Si le Texas exécute comme prévu Robert James Campbell à 18H00 locales (23H00 GMT) dans la chambre de la mort de Huntsville, ce sera la première exécution du pays depuis celle de Clayton Lockett, qui a soulevé de vives protestations jusqu'à la Maison Blanche.

"Ce sera un test que tout le monde observera avec attention" dans l'Etat qui exécute le plus aux Etats-Unis, a prévenu Richard Dieter, directeur du Centre d'information sur la peine capitale (DPIC).

"Si quelque chose se passe mal, cela sera sûrement remarqué au niveau mondial", a-t-il dit à l'AFP, car "personne ne veut se voir répéter ce qui s'est passé en Oklahoma, cela a heurté les consciences" et rouvert les discussions dans la presse et en politique.

Le 29 avril, Clayton Lockett a succombé, dans d'apparentes souffrances, 43 minutes après l'injection d'un tout nouveau cocktail létal, contre une dizaine de minutes habituellement.

Le président Barack Obama a qualifié l'exécution de "profondément dérangeante" et chargé son ministre de la Justice de conduire une révision complète des procédures d'exécution dans les 32 Etats américains qui autorisent la peine capitale.

Dans la confusion qui a suivi, la Chambre des représentants du New Hampshire a remis au vote l'abolition du châtiment suprême, alors que 18 autres Etats l'ont déjà fait.

Accédant aux nombreux appels, l'Oklahoma a décrété un moratoire de six mois sur ses exécutions, le temps de revoir ses méthodes.

Mais son voisin, le Texas, persistait mardi à vouloir exécuter M. Campbell. Son gouverneur républicain Rick Perry s'est dit "convaincu que les exécutions au Texas sont gérées de manière appropriée".

Un des prédécesseurs démocrates de M. Perry, Mark White juge au contraire que "le système comporte de sérieux défauts". "J'étais convaincu que nous faisions du bon boulot, je n'en suis plus si sûr", a-t-il souligné, en fustigeant l'exécution "cruelle, inhumaine, mauvaise" de l'Oklahoma.

"Pourquoi croit-on que le gouvernement a toujours raison en ce qui concerne la peine de mort?", a demandé aussi le ministre de la Justice de l'Etat de Virginie, le républicain Mark Earley, partisan de la peine capitale mais à condition qu'elle soit conduite avec "équité et non dans la précipitation".

Estimant qu'on oubliait trop souvent les victimes, la gouverneure républicaine de l'Oklahoma Mary Fallin a défendu "l'exécution légale" de Clayton Lockett, rappelant qu'il s'était vu infliger le châtiment suprême pour le viol d'une jeune femme et le meurtre d'une autre, enterrée vivante.

Au Texas, M. Campbell a été pour sa part condamné à mort pour l'enlèvement d'une jeune employée de banque à une station service, puis son viol et son meurtre.

Dénominateur commun entre les deux Etats: la chape de plomb maintenue sur l'origine et le procédé de fabrication des produits utilisés pour les injections létales, depuis que s'approvisionner pour les exécutions humaines est devenu extrêmement ardu aux Etats-Unis en l'absence de fabricants officiels.

Dans un ultime recours déposé lundi, les avocats de M. Campbell exhortent à leur tour une cour d'appel à renverser la jurisprudence autorisant le secret d'Etat en matière d'injection létale.

Les droits constitutionnels de M. Campbell "en vertu du Huitième Amendement ne peuvent être protégés que si on lui fournit les informations nécessaires pour assurer une exécution qui ne soit ni inhumaine, ni barbare", plaide son avocate Maurie Levin.

Le Huitième Amendement de la Constitution américaine interdit les peines "cruelles et inhabituelles".

En appelant au gouverneur Perry, les avocats exploitent une autre faille du système dénoncée par les abolitionnistes: les supposés troubles mentaux du condamné, dont les preuves leur auraient été cachées par l'accusation.

Injection létale, secret d'Etat, déficience intellectuelle: "Il y a beaucoup d'incertitude autour de cette affaire", estime M. Dieter, "en particulier deux semaines après l'Oklahoma, on doit être plus prudent et certain de tout ce que l'on entreprend".

chv/sam

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