Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

En Russie, reliques saintes et orthodoxie dans une prison pour femmes

En Russie, reliques saintes et orthodoxie dans une prison pour femmes

Une trentaine de détenues en uniforme vert, rassemblées dans une cour d'une prison pour femmes de Saint-Pétersbourg se recueillent devant les reliques d'un saint: en Russie, l'Eglise orthodoxe s'implique dans le monde pénitentiaire.

A quelques mètres des prisonnières munies de grands cierges dans les mains, une table avec la châsse contenant des reliques de Saint Phéophane l'Ermite, et les Evangiles. Les officiers de l'administration de la prison sont à côté.

En attendant la cérémonie, les femmes, âgées de 19 à 40 ans, ouvrent de grands yeux face aux trois prêtres orthodoxes qui se préparent à la messe. Certaines sourient, les autres sont sérieuses.

Presque toutes les femmes, dont le nom figure sur un petit badge blanc accroché à leur poitrine, sont soigneusement maquillées et coiffées.

"Le maquillage n'est pas autorisé, mais les femmes sont les femmes", sourit Ioulia Outikina, attachée de presse du département pénitentiaire de la région du Nord-Ouest.

"Ces femmes ont besoin d'un soutien spirituel", dit à l'AFP le père Dionissi avant la messe dans la cour de cette prison où sont détenues plus de 400 femmes au centre de l'ancienne capitale impériale russe. Dans ce bâtiment datant de l'époque soviétique, il n'y a pas d'église.

C'est une initiative inédite en Russie de l'Église orthodoxe et de l'administration de la prison aux femmes N5 de Saint-Pétersbourg.

La plupart des détenues attendent un verdict du tribunal pour les crimes dont elles sont accusées: vol, trafic de drogue, escroquerie, meurtre. Certains sont déjà condamnées et y purgent leur peine.

Huit femmes habitent le bâtiment +maternel+: elles ont accouché dans une prison et attendent le verdict du tribunal avec leurs bébés. Si elles sont condamnées, elles devront soit les laisser à leurs proches soit aux orphelinats.

Les 35 femmes autorisées à sortir dans la cour sont déjà condamnées. Elles sont chargées des travaux de ménage dans la prison: notamment à la cuisine et à la buanderie.

"Environ 15% d'entre elles sont condamnées pour des crimes lourds dont des meurtres", confie à l'AFP l'une des officiers de l'administration.

La messe a lieu. Certaines font le signe de croix, mais la plupart restent immobiles en regardant leur cierge allumé. A la fin, chacune s'approche de la table et s'incline devant les reliques du saint.

Saint Phéophane est un évêque de l'Église orthodoxe russe (1815-1894) qui a vécu plus de 20 ans en ermite et a été canonisé en 1988.

"C'est bien qu'on nous ait apporté des reliques. Cela fait du bien", dit à l'AFP Ekaterina Antonova, jeune femme âgée de 23 ans, blonde aux grands yeux bleus, avant de disparaître derrière une porte de la prison.

"Tout ça, c'est pas pour moi", dit une autre femme, Maria, qui prend soin de cacher son badge avec son nom.

"Peut-être que la religion donne quelque chose aux autres, mais c'est pas mon cas du tout. Pour moi l'essentiel c'est de survivre alors que j'ai une vie de chien, et je n'ai pas besoin de la religion pour cela", souffle cette jeune femme, le regard lourd dans un visage juvénile.

mak/lpt/edy/abk

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.