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Ukraine: l'UE et l'OSCE tentent une médiation, les séparatistes lorgnent vers Moscou

Ukraine: l'UE et l'OSCE tentent une médiation, les séparatistes lorgnent vers Moscou

A la veille de l'arrivée mardi à Kiev du chef de la diplomatie allemande, la Russie a dit apporter son soutien à l'OSCE, en vue de faire baisser la tension en Ukraine, où les séparatistes de l'Est du pays ont réclamé lundi le rattachement de leur territoire à la Russie.

Le président russe Vladimir Poutine "soutient" la médiation de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe en vue d'une désescalade de la crise en Ukraine, a annoncé lundi l'OSCE après un entretien téléphonique de son président, le Suisse Didier Burkhalter, avec M. Poutine.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, sera en Ukraine mardi pour soutenir un "dialogue national" entre le gouvernement à Kiev et les séparatistes pro-russes de l'Est du pays.

Il doit se rendre à Kiev, pour y rencontrer le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, mais aussi dans l'est pro-russe du pays, afin de soutenir les efforts en cours de l'OSCE, selon son porte-parole.

M. Iatseniouk s'envolera ensuite pour Bruxelles où il rencontrera la Commission européenne afin d'examiner des mesures de soutien à Kiev.

Lundi, moins de 24 heures après la tenue d'un double référendum d'indépendance dénoncé comme "illégal" par Kiev et par les Occidentaux, les insurgés n'ont pas perdu de temps pour proclamer la "souveraineté" des régions séparatistes de Donetsk et Lougansk pour se placer sous l'aile de Moscou, comme l'avait fait la Crimée en mars.

"Nous, le peuple de la république populaire de Donetsk déclarons que la république devient désormais un Etat souverain", a lancé devant la presse l'un des chefs séparatistes de Donetsk, Denis Pouchiline, lisant solennellement une déclaration.

"Pour rétablir la justice historique, nous demandons à la Russie d'examiner un rattachement de la République de Donetsk à la Fédération de Russie", a-t-il poursuivi.

Les résultats de cette consultation, illégale aux yeux de Kiev et de la communauté internationale, sont sans surprise. Dès dimanche soir, les séparatistes de la région de Donetsk avaient fait état de près de 90% de oui avec près de 75% de participation. Le score du oui est encore plus élevé dans la région voisine de Lougansk (94%).

La Russie n'a pas réagi dans l'immédiat à la demande de rattachement, qui rappelle celle opérée par la Crimée il y a deux mois et s'est traduite de facto par une prise de contrôle de la péninsule ukrainienne par Moscou.

Mais Moscou a appelé plus tôt lundi à respecter "l'expression de la volonté des populations" de l'est de l'Ukraine, prenant l'exact contrepied des capitales occidentales qui ont dénoncé la consultation et fait savoir qu'elles ignoreraient le résultat du vote.

Moscou a parallèlement menacé de couper ses livraisons de gaz à l'Ukraine à partir du 3 juin si Kiev ne règle pas d'ici là sa facture à l'avance. "Ils ont l'argent pour cela", a souligné le Premier ministre Dmitri Medvedev.

De son côté, l'Union européenne a ajouté 13 noms de personnalités russes ou prorusses à la liste des 48 personnes déjà visées par une interdiction de visas et un gel de leurs avoirs, dont le chef-adjoint de l'administration du Kremlin, Viatcheslav Volodine. Pour la première fois depuis le début de la crise ukrainienne, l'UE a aussi sanctionné deux entreprises, la société gazière Chernomorneftegaz, déjà visée par des sanctions américaines, et le terminal pétrolier Feodosia. Le Canada a également renforcé ses sanctions.

L'appel des séparatistes à un rattachement à la Russie intervient en pleine tentative de médiation des Européens.

Précédant le chef de la diplomatie allemande, le président du Conseil européen Herman Van Rompuy est arrivé lundi soir à Kiev pour y rencontrer M. Iatseniouk, en signe de soutien de l'UE à l'élection présidentielle prévue le 25 mai.

Les référendums de l'Est sont "illégaux, illégitimes et non crédibles", a lancé M. von Rompuy à Kiev. "Les seules élections que nous reconnaîtrons seront les présidentielles du 25 mai".

Les Etats-Unis ont eux aussi dénoncé lundi un "référendum illégal" et fauteur "de division et de désordre".

Une source diplomatique française avait indiqué dimanche qu'une réunion entre Ukrainiens - autorités de Kiev et prorusses - pourrait avoir lieu cette semaine en Ukraine sous l'égide de l'OSCE.

Le Kremlin lui-même n'a pas fermé la porte à la négociation lundi, notant que la "mise en oeuvre" des résultats du référendum séparatiste devait se faire de manière "civilisée" et dans le "dialogue" avec le gouvernement de Kiev.

Selon des analystes interrogés par l'AFP à Moscou, la Russie marque sa volonté d'utiliser le résultat du référendum comme un argument dans son bras de fer avec Kiev et les Occidentaux, plutôt que de lancer un processus de rattachement de l'Est de l'Ukraine à son territoire selon le scenario observé en mars dans la péninsule de Crimée.

Le président se l'OSCE a de son côté noté que la Russie avait pris soin de ne pas reconnaître formellement les résultats.

Sur place, dans les territoires au coeur du bras de fer ukraino-russe, l'heure était plus à l'inquiétude qu'à la célébration après l'annonce des résultats du référendum.

A Donetsk, principale ville du bassin du Donbass, qui regroupe les régions de Lougansk et Donetsk, aucune scène de liesse, aucune manifestation n'ont eu lieu lundi matin dans les rues.

"Ce référendum était notre seule façon d'exprimer notre désaccord avec le pouvoir de Kiev mais comment voulez-vous vous réjouir quand vous ne savez pas de quoi demain sera fait?", a résumé Dmytro Boïko, un chauffeur de taxi de 35 ans.

"Beaucoup d'entre nous sont plutôt effrayés par tout ce qui arrive et par l'avenir. Nous ne savons pas ce qui va se passer, ni qui va nous diriger mais nous ne pouvions pas rester sans rien faire", a-t-il ajouté.

L'ex-Premier ministre et actuelle candidate à l'élection présidentielle Ioulia Timochenko s'est rendue lundi à Donetsk en signe de soutien à l'unité de l'Ukraine: "Personne n'a de doute que les référendums sont un faux fabriqué par Poutine et le Kremlin", a-t-elle lancé.

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