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Ukraine: les combattants rebelles de Slaviansk rêvent désormais de devenir russes

Ukraine: les combattants rebelles de Slaviansk rêvent désormais de devenir russes

"Nous devons aller plus loin, nous devons faire partie de la Russie", lâche lundi au lendemain du référendum sur l'indépendance un jeune combattant rebelle de faction à la lisière de Slaviansk, où des tirs à l'arme lourde viennent de se produire.

Fusil de chasse à l'épaule, celui que ses compagnons appellent "le tigre" n'a que 21 ans et a "tout laissé tomber il y a un mois pour défendre sa ville" de 110.000 habitants que les troupes ukrainiennes encerclent entièrement depuis plusieurs jours.

Derrière cet ancien ouvrier du BTP, un drapeau russe et un coeur sont dessinés sur un parapet en pierre bordant "le Pont rouge", que garde son détachement.

Dans la matinée, à partir de 08H15 et une heure durant, de fortes détonations en provenance de cette zone névralgique autour de la gare ont retenti jusqu'au centre même de Slaviansk, bastion de la rébellion armée de l'est de l'Ukraine.

Vivant dans une maison des environs, rue Ioujnaïa, à l'orée d'un champ, un couple de retraités témoigne de l'intensité des affrontements des derniers jours.

Irina Petrovna, 75 ans, fait ainsi "visiter" sa salle de bains à moitié soufflée par l'explosion d'une des cinq roquettes tombées à cet endroit dans la nuit de samedi à dimanche.

"Comment voulez-vous qu'on la refasse avec nos maigres pensions ? Voilà comment les militaires (ukrainiens) nous défendent !", s'emporte-t-elle.

A quelques encablures de là, à Andriïvka, où des combats ont lieu presque quotidiennement, un insurgé en tenue de camouflage est allongé en position de tir, le canon de son fusil à lunette pointé sur la colline au sommet de laquelle se dresse la tour de la télévision.

Des soldats ukrainiens y sont déployés, jouissant d'une vue plongeante sur Slaviansk.

Un de ses camarades de la milice d'"autodéfense" pro-russe, la tête recouverte d'une cagoule, est assis au milieu de sacs de sable, sa kalachnikov à la main.

Lui aussi raconte à l'AFP que "ce serait bien si on s'unissait avec la Russie et la Biélorussie, on a des racines communes". Les Ukrainiens ? "Ce sont tous des pédés !", vocifère-t-il.

"Revenez quand ce sera la victoire !", intervient soudain un troisième homme, Valéri, qui regrette le temps de l'URSS, lorsqu'il était officier.

"Après avoir donné ma démission en 1991 (à la chute de l'Union soviétique), à 25 ans, à l'issue de sept années de bons et loyaux services, j'ai bien essayé, en 1992, de servir dans l'armée ukrainienne, mais on m'a demandé de payer 1.000 dollars pour être incorporé".

"De toute façon, je n'aurais pas pu prêter serment une deuxième fois, j'ai mes principes", ajoute-t-il aussitôt.

Tous disent n'attendre qu'une seule chose : qu'on consulte à nouveau la population, mais cette fois sur la question d'un rattachement à la Fédération de Russie.

Ne cachant pas que son voeu le plus cher est également que Slaviansk devienne un territoire russe, le chef séparatiste de la ville Viatcheslav Ponomarev assure à cet égard qu'"en trois jours, on peut organiser un référendum, quel qu'il soit".

Mais il se refuse obstinément à commenter les rumeurs circulant avec insistance en ville selon lesquelles un tel vote serait imminent...

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