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Abou Hamza "en colère" après l'enlèvement de touristes au Yémen

Abou Hamza "en colère" après l'enlèvement de touristes au Yémen

Le prêcheur radical britannique Abou Hamza a raconté lundi au cours de son procès à New York avoir appris après coup l'enlèvement de touristes occidentaux au Yémen en 1998, ajoutant que cela l'avait mis "en colère".

Témoignant pour le troisième jour à son procès à Manhattan, l'imam borgne et amputé des deux avant-bras a reconnu qu'il avait fourni un téléphone satellitaire au groupe "Armée islamique d'Aden-Abyane" qui à l'époque voulait, selon lui, renverser le régime au Yémen et lui avait demandé d'être son porte-parole.

"Je servais de porte-parole, comme Gerry Adams. Et comme Gerry Adams, de l'IRA, je ne pouvais pas me permettre de faire quelque chose qui ne soit pas légal et transparent", a-t-il déclaré, en t-shirt bleu-gris et pantalon noir.

"Saviez-vous qu'il y aurait un enlèvement au Yémen ?", lui a demandé son avocat Joshua Dratel.

"Non", a répondu Abou Hamza, barbe et cheveux blancs.

Il a expliqué que le groupe l'avait contacté via un Egyptien vivant à Londres, Yasser Al-Sirri.

Pour les aider, Hamza, considérant que leur cause est "bonne", achète un téléphone satellitaire sophistiqué, avec quatre lignes différentes, deux pour le téléphone, un pour le fax, un pour l'email, a-t-il expliqué à la barre, s'exprimant avec calme et courtoisie.

Il envoie son beau-fils au Yémen porter le téléphone.

"J'étais un porte-parole du GIA (Groupe islamique armé, algérien) auparavant", a-t-il déclaré, ajoutant qu'il avait "voulu éviter au Yémen les erreurs du GIA" se retournant contre la population.

Selon lui, Al-Sirri ne l'avertira qu'après coup, le 28 décembre 1998 de l'enlèvement des 16 touristes occidentaux, dont quatre seront tués quelques heures plus tard lors d'une intervention de quelque 200 membres des forces armées yéménites.

"J'étais en colère, je me suis senti trahi" en apprenant l'enlèvement, dit-il. "Je n'avais pas le contrôle des choses".

Il explique qu'il a tout de suite redouté une intervention armée. "Tu seras tué", affirme-t-il à l'un de ses interlocuteurs, auquel il recommande de laisser les otages téléphoner à leur ambassade et à leurs familles.

Pourtant, il décide de ne pas rompre avec le groupe.

A l'époque, raconte aussi Abou Hamza, il y avait un "vide" au Yémen. Oussama ben Laden ne voulait pas être impliqué.

Les relevés téléphoniques témoignent de trois appels à l'imam depuis le téléphone satellitaire le jour de l'enlèvement. Les deux premiers sont passés avant l'enlèvement, ses interlocuteurs n'arrivent pas à le joindre selon lui. Quand il est enfin mis au courant, on lui demande de rajouter de l'argent sur le compte du téléphone.

Il affirme avoir proposé de venir négocier au Yémen, ce que ses interlocuteurs refusent.

Il prépare alors une déclaration pour mettre, selon lui, la pression sur le gouvernement yéménite afin qu'il n'intervienne pas. "J'ai essayé de donner l'alarme". Il la faxe à un maximum de journaux, téléphone même au quotidien arabophone Al-Hayat basé à Londres, pour passer avant le bouclage.

Il mettra le lendemain matin 500 livres (613 euros actuels) sur le compte du téléphone.

De son vrai nom Mustafa Kamel Mustafa, Abou Hamza, 56 ans, ancien imam de la mosquée de Finsbury park à Londres aux prêches violemment anti-Occidentaux, est accusé de complot et prise d'otages, pour l'enlèvement des 16 touristes au Yémen, dont deux Américains.

Il est aussi accusé d'avoir envoyé des candidats au jihad s'entraîner en Afghanistan et de soutien terroriste, en liaison avec un projet de camp d'entraînement dans l'Oregon (nord-ouest des Etats-Unis) pour lequel il a rejeté toute responsabilité lundi.

Il a reconnu en avoir été informé, mais "c'était juste une blague", et "j'ai jeté à la poubelle" le fax qui évoquait le projet, a-t-il dit.

Il a plaidé non coupable des 11 chefs d'inculpation retenus contre lui. Il risque la réclusion criminelle à perpétuité.

Son procès ouvert le 17 avril touche à sa fin, les plaidoiries finales sont attendues mardi.

bd/gde

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