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Un gouverneur atypique du sud de l'Irak prochain Premier ministre ?

Un gouverneur atypique du sud de l'Irak prochain Premier ministre ?

Dans le sud de l'Irak, un homme en bleu de travail arpente un chantier, discute avec les ouvriers. Ali Dawai n'est pas contremaître mais gouverneur et ses partisans, qui vantent sa proximité avec le peuple, le voient bien prochain Premier ministre d'Irak.

Alors que les Irakiens attendent la fin du décompte des votes des élections législatives du 30 avril, son parti Ahrar, lié au chef radical chiite Moqtada al-Sadr, aimerait bien qu'il succède au Premier ministre sortant Nouri al-Maliki.

Et ce, même si M. Maliki semble être en bonne position pour décrocher un troisième mandat, malgré un bilan mitigé.

Dans un pays où nombre sont ceux qui accusent les dirigeants d'être corrompus et éloignés de leurs problèmes, le gouverneur de Missane, avec ses joues rondes, sa barbe blanche et son bleu de travail, a conquis les habitants de sa province en mettant l'accent sur les services de base et le contact avec les gens.

"Ce que nous avons fait ces trois dernières années est très important. Nous avons achevé de nombreux projets et nous avons reconstruit et mis l'accent sur la priorité des services publics pour le peuple", se félicite Ali Dawai.

Et plutôt que de disserter sur ses réelles chances de devenir Premier ministre, ou sur ce qu'il ferait une fois au pouvoir, l'intéressé préfère énumérer ses succès: l'électricité dans sa province fonctionne mieux que partout ailleurs en Irak selon lui, les rues d'Amara sont nettement plus propres, et de nouveaux ponts et projets d'infrastructure fleurissent dans la ville.

Ses détracteurs affirment cependant qu'il n'a fait que récolter les fruits du travail de ses prédécesseurs et lui reprochent d'avoir négligé la classe moyenne, la santé et l'éducation.

En outre, selon eux, sa proximité avec Moqtada al-Sadr, un anti-Américain, est incompatible avec le poste de Premier ministre. Les partisans de Sadr, qui avaient pris les armes contre l'armée américaine après l'invasion du pays en 2003, refusent de discuter avec des responsables américains.

S'il accédait à ce poste, M. Dawai ne pourrait ainsi pas s'adresser directement au partenaire stratégique et principal fournisseur d'armes de Bagdad.

"Nous avons un traité stratégique avec les Etats-Unis, nous avons tellement d'accords avec eux. Comment pouvons-nous mettre en oeuvre ces accords stratégiques avec les Etats-Unis" si quelqu'un comme Ali Dawai devenait Premier ministre?, s'interroge Nadhim al-Saadi, gouverneur adjoint de Missane et membre de l'alliance politique de Nouri al-Maliki.

Né dans la petite ville de Majar al-Kabir, non loin d'Amara, la capitale du Missane, Ali Dawai, âgé de 47 ans, a été plusieurs fois emprisonné à l'époque de Saddam Hussein. Et il est devenu gouverneur de Missane après les élections parlementaires de 2010.

Le gouverneur est "loyal et honnête, et il aide toujours le peuple", s'enthousiasme Hassan Radhi Kadhim, propriétaire d'un magasin de jouets à Amara.

Il "a développé les secteurs pauvres (de Missane) (...) Donc s'il devient Premier ministre, il va développer le pays", pronostique-t-il.

La province présente toutefois plusieurs points forts qui ont permis de faciliter la reconstruction, contrairement au reste du pays.

Peu peuplée -moins de 3% la population du pays-, elle a en grande partie été épargnée par la violence qui ravage le reste de l'Irak.

Elle bénéficie également d'un triple budget: l'un provenant du gouvernement central (alloué à chaque province), une allocation supplémentaire basée sur son importante production de pétrole, et un troisième budget pour la réhabilitation de marais asséchés par Saddam Hussein.

Ainsi dotée, la ville voit de nouveaux projets sortir de terre, dont un parc d'attractions d'un coût de 25 millions d'euros qui devrait, selon le gouverneur, rivaliser avec le fameux parc Zawraa de Bagdad.

Profitant d'une inspection du chantier, Ali Dawai s'arrête pour boire un thé noir et sucré avec des ouvriers et n'hésite pas à grimper sur un escabeau branlant.

Alors qu'il parcourt le chantier à grandes enjambées sous un soleil de plomb avec son look singulier --bleu de travail et casquette de base-ball--, un de ses collaborateurs se retourne vers le journaliste de l'AFP et lance: "C'est ça Ali Dawai".

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