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Ukraine/référendum : de la difficulté de voter sur la ligne de front à Slaviansk

Ukraine/référendum : de la difficulté de voter sur la ligne de front à Slaviansk

"A quoi bon combattre si on ne prend même pas en compte notre voix ?", tempête sur la ligne de front autour de Slaviansk un rebelle lourdement armé auquel on vient de refuser de participer au référendum sur l'"indépendance" de sa région... car il a brûlé ses papiers ukrainiens.

"Aucun de nous n'a de passeport", l'équivalent de la carte d'identité en Ukraine, lâche cet homme en treillis, qui, à l'instar des autres insurgés pro-russes de son détachement, ne veut plus être considéré comme un citoyen de ce pays.

"Je suis désolé, mais, sans vouloir vous offenser, on ne peut pas voter dans ce cas. C'est la loi", leur explique aussitôt Vladimir Nikolaevitch, un membre de la commission électorale qui a fait le déplacement pour eux.

Un jeune en survêtement noir et baskets, visage complètement dissimulé sous une cagoule, s'avance alors vers lui pour savoir si son permis de conduire ne pourrait pas dans ce cas suffire.

Vladimir finit par accepter le "compromis" et, comme cela s'est passé ce dimanche aux précédents avant-postes visités, le milicien glisse le bulletin sur lequel il a soigneusement coché "da" ("oui") dans une petite urne transparente placée sur une table.

"C'est la première fois depuis des années que je vote", s'exclame-t-il ensuite tout joyeux devant ses compagnons, lesquels restent imperturbablement assis entre d'énormes blocs de béton empilés en travers de la route dans cette zone parmi les plus exposées aux combats de la périphérie de Slaviansk, le bastion de la rébellion dans l'est de l'Ukraine.

"Les gens qui nous défendent doivent pouvoir voter. Ils sont ici des jours durant, c'est grâce à eux que le déroulement du référendum n'est pas perturbé" par les militaires ukrainiens assiégeant la ville, déclare à l'AFP Vladimir Nikolaevitch, qui, sa mission accomplie, replace l'urne dans le coffre de sa Lada poussiéreuse.

A l'intérieur de la ville, c'est à côté d'une série de rangées de pneus barrant la chaussée que Rouslan, un ouvrier du BTP originaire de Donetsk - le centre économique et politique du Donbass -, remplit, accroupi, son devoir électoral.

Là aussi, pas d'isoloir, et il est donc aisé de voir le "da"" pour lequel ce combattant en treillis, un bonnet noir sur le crâne, s'est sans surprise prononcé, à l'unisson de ses "frères d'armes".

"Je ne veux pas vivre dans un pays comme l'Ukraine. Je suis pour la république populaire de Donetsk". "Elle se séparera de Kiev, et si, par la suite, elle rejoint la Russie, je n'en serai que plus content", conclut ce rebelle arrivé "le 13 avril".

A quelques mètres de lui, ses camarades prennent leur repas sous une tente dans des assiettes en plastique.

L'un d'eux a terminé et nettoie son fusil d'assaut.

Une poupée gonflable repose sur une chaise : elle ne porte pas de vêtements mais sa tête a été ornée d'une natte pour la faire ressembler à Ioulia Timochenko, l'ex-Premier ministre et actuelle candidate à la présidentielle du 25 mai.

bds/ahe/mr

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