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Les jeux semblent faits pour le référendum à Slaviansk, dans l'est de l'Ukraine

Les jeux semblent faits pour le référendum à Slaviansk, dans l'est de l'Ukraine

Au Palais de la Culture Lénine de Slaviansk, quatre menuisiers montent à la va-vite samedi après-midi un isoloir au son d'une scie électrique. Il devra en effet accueillir dès huit heures le lendemain les électeurs qui y défileront pour un référendum controversé sur l'indépendance de leur région.

A l'extérieur, de jeunes "bénévoles" attendent sous un soleil de plomb de recevoir leurs dernières consignes pour procéder à l'organisation du scrutin et surtout qu'on les rassure par rapport à d'éventuelles violences dimanche dans ce bastion de la rébellion pro-russe de l'Est de l'Ukraine.

"Il peut y avoir des provocations de la part de l'armée ukrainienne, elle peut ouvrir le feu sur des postes de contrôle (installés par les insurgés) dans notre ville, ou bien juste tirer en l'air, et, naturellement, les gens auront alors peur de se rendre dans les bureaux de vote", explique Marina à l'AFP.

Et quand on lui demande si elle-même a déjà fait son choix, elle montre en souriant les ongles des doigts de sa main gauche vernis aux couleurs de la "République populaire de Donetsk"...

L'opinion de la jeune fille reflète à cet égard celle de la plupart des habitants de Slaviansk rencontrés, qui disent espérer un avenir meilleur une fois qu'ils se seront "séparés" de Kiev, même si quelques voix discordantes se font timidement entendre.

Exemple, dans un café-karaoké, l'un des chanteurs amateurs se relayant au micro réclame soudain une minute de silence à la mémoire des personnes tuées par des balles perdues depuis le déclenchement le 2 mai par le gouvernement d'une vaste "opération antiterroriste" aux abords immédiats de leur cité.

Les clients scandent ensuite spontanément et en choeur "Slaviansk ! Slaviansk !", afin de montrer leur détermination à se prononcer pour l'"indépendance".

Se tenant un peu à l'écart, une femme, la quarantaine, confie cependant discrètement qu'elle préférerait de loin le maintien d'une "Ukraine unie". Tout en admettant aussitôt après être très peu représentative de ses concitoyens.

En conséquence, la campagne électorale, des plus réduites, n'est pas vraiment apparue nécessaire à nombre de gens interrogés.

Le flou dominait également quant à la supervision du bon déroulement de cette consultation.

Ainsi, sur le fait de savoir si des observateurs indépendants seront déployés, Anatoli Khmelevoï, le chef local du Parti communiste et un des principaux maîtres d'oeuvre du référendum, répond sans se démonter qu'il y aura notamment "des journalistes".

Et à propos de la commission électorale, il se borne à rappeler qu'elle comprend 15 membres, "trois communistes", "des représentants des organisations sociales, de la municipalité", etc., et qu'elle sera présidée par une institutrice.

En revanche, en qui concerne la participation attendue, les choses sont on ne peut plus claires pour l'homme fort de Slaviansk, Viatcheslav Ponomarev, qui prédit qu'elle sera sans doute de "100%".

D'autant que des urnes seront spécialement envoyées sur la "ligne de front", aux avant-postes ceinturant cette ville assiégée, où la situation était plutôt calme samedi.

Quant au seul bulletin de vote que la presse internationale a jusqu'alors pu voir, c'est celui que lui-même a exhibé à plusieurs reprises devant les caméras...

Sur un trottoir, un enfant a, à sa façon, résumé l'état d'esprit qui règne à Slaviansk à la veille du vote en dessinant à la craie un char avec un drapeau russe tirant un obus sur un deuxième blindé surmonté des couleurs ukrainiennes, retourné celui-là pour signifier sa destruction...

bds/ahe/sym

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