Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Pétrole: la place de la Chine en Iran menacée par une levée des sanctions

Pétrole: la place de la Chine en Iran menacée par une levée des sanctions

La perspective d'un accord sur le dossier controversé du nucléaire promet des temps difficiles à la Chine qui avait remplacé sur le marché iranien les principaux partenaires de Téhéran après l'imposition des sanctions occidentales.

La société de Summer Lee, Leyon, spécialisée dans la tuyauterie et les tubages, est devenue l'un des nombreux fournisseurs de l'Iran depuis 2012, lorsque les grands groupes occidentaux avaient cessé leurs activités après la mise en place d'un embargo pétrolier et financier pour contraindre Téhéran de renoncer à ses activités nucléaires sensibles.

Mais Leyon, basée à Shanghaï, compte bien rester sur le marché, assure Mme Lee. "Nous cherchons à développer nos contrats en Iran", a-t-elle dit à l'AFP à la Foire de Téhéran consacrée au pétrole et au gaz, qui s'achève vendredi.

Si les grands groupes n'ont pas fait le déplacement cette année, un vent d'optimisme souffle chez les 1.200 exposants, dont la moitié d'étrangers, alimenté par la perspective d'un accord qui mettrait fin à une décennie de crise sur le nucléaire et lèverait toutes les sanctions qui étouffent l'économie iranienne.

Les discussions en ce sens doivent reprendre la semaine prochaine à Vienne entre l'Iran et les grandes puissances du groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne), avec l'objectif de parvenir à un accord avant le 20 juillet.

Tous lorgnent l'immense marché énergétique de l'Iran, qui possède les quatrièmes réserves de brut au monde et les deuxièmes réserves de gaz. Et certains attendent la réouverture de ce marché pour remplacer leurs partenaires ou les produits chinois utilisés dans l'industrie pétrolière, loin de donner satisfaction.

"Avec ce problème de qualité, nous attendons que le marché se tourne vers les Occidentaux plutôt que de continuer avec les Chinois", affirme Arash Heiratangiz, de la société iranienne Falcon, qui importe du matériel du Japon, de Suisse, d'Allemagne et de Corée du Sud.

"Les Japonais et les Européens peuvent revenir si les sanctions sont levées", explique-t-il, alors que les sociétés chinoises avaient bravé les sanctions internationales en s'installant sur le marché iranien ces dernières années.

L'Iran et le groupe des 5+1 appliquent depuis janvier un accord intérimaire valable six mois qui a levé une petite partie des sanctions. Les exportations de brut iranien atteignent désormais 1,2 million de baril/jour, contre plus du double avant les sanctions.

"Nous voulons conserver nos clients actuels, et attirer ceux que nous avons perdu ces dernières années", explique à l'AFP Behrouz Nateghi, de la société néerlandaise IPS Group BV, spécialisée dans l'achat de matériel pour l'industrie pétrolière, gazière et pétrochimique.

Le directeur d'une société occidentale, qui ne souhaite pas être identifié, écarte aussi le danger d'une compétition chinoise si le marché s'ouvre. "Notre qualité parle pour elle-même", résume-t-il ajoutant: "nous pouvons retrouver une bonne part du marché en reprenant contact avec nos anciens clients".

Le gouvernement iranien a également exprimé son mécontentement à ses partenaires chinois. Récemment, le ministère du Pétrole a annoncé l'annulation d'un contrat de 2,5 milliards de dollars avec la société CNPC, pour non-respect de ses engagements dans le développement du projet d'Azadegan-sud. Le contrat avait été signé en 2009.

Cette décision est considérée comme un appel du pied du gouvernement aux sociétés internationales, notamment pour le développement du champ gazier sous-marin de South Pars. Ce champ, partagé avec le Qatar, est le plus grand au monde, mais la partie iranienne est encore sous-développée en raison des sanctions qui bloquent l'importation de matériel et de technologie.

"Le niveau des affaires avec l'Iran a chuté depuis 2012, il n'y a pas eu de nouvelles commandes, en raison des sanctions et des pressions" des gouvernements occidentaux, dit Mike Song, directeur des ventes de la société sud-coréenne RMK qui travaille depuis dix ans à South Pars.

"Nous voulons revenir et faire des affaires", assure-t-il.

Mais pour Mme Lee, la levée des sanctions ne signifie pas un départ des Chinois, au contraire. "Les affaires seront encore plus faciles", affirme-t-elle, soulignant que sa société comptait même ouvrir une succursale à Téhéran.

mod/adm/cyj/tp

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.