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Les insurgés de Slaviansk obtiennent un succès populaire pour la Fête du 9 mai

Les insurgés de Slaviansk obtiennent un succès populaire pour la Fête du 9 mai

La rébellion armée de Slaviansk a remporté vendredi un succès symbolique dans son bastion encerclé par les troupes ukrainiennes : une foule dense et en liesse lui a en effet manifesté son soutien à l'occasion de la Fête de la victoire sur l'Allemagne nazie.

Dans un bref discours ponctué d'une série de "bravo !", "hourra !" et "merci !", Viatcheslav Ponomarev, l'homme fort de cette ville de l'est de l'Ukraine, a souligné l'importance d'avoir l'appui de la population dans son action "en faveur d'une indépendance totale" de la région minière du Donbass.

Et ce à l'avant-veille d'un référendum d'"autodétermination" des plus controversés.

Pour la circonstance, l'immense place centrale était noire de monde, et ce contrairement au 1er mai, quand seules 200 personnes avaient participé à "une marche" organisée par les insurgés.

Il faut dire qu'entre-temps, il y a exactement une semaine, les autorités ukrainiennes ont déclenché aux abords immédiats de Slaviansk une vaste "opération antiterroriste" très mal perçue par la majorité des habitants, parmi lesquels plusieurs ont déjà été tués par des balles perdues.

"On va se débarrasser de la peste fasciste !", comprendre le gouvernement de Kiev, a ajouté Viatcheslav Ponomarev, costume noir et chemise bleu pâle, qui s'exprimait au micro, devant la statue de Lénine.

Derrière lui, treize anciens combattants, dont sept en uniforme, étaient sagement alignés, drapeaux rouges flottant au vent.

L'un d'eux, le lieutenant-colonel à la retraite Anatoli Poplinski, le torse couvert de médailles, a raconté à l'AFP qu'il avait fait partie du contingent soviétique dépêché en 1956 en Hongrie pour y réprimer une révolte contre le régime communiste local.

"C'était dur, car quand la contre-révolution a commencé (à Budapest), on nous a interdit d'ouvrir le feu, alors que les nôtres mouraient", a dit ce retraité aux dents dorées coiffé d'une large casquette.

Ravi que tant de monde se soit déplacé par cette belle journée ensoleillée, Viatcheslav Ponomarev leur avait auparavant lui-même distribué des oeillets, tandis qu'une fanfare avait interprété l'hymne russe, que la foule avait repris en choeur... avec les anciennes paroles soviétiques.

Un des autres temps forts de ces cérémonies, outre le bruyant défilé de trois blindés légers, dont un surmonté d'un drapeau de la Fédération de Russie, a été l'allocution, elle aussi chaudement applaudie, du "gouverneur" auto-proclamé de Donetsk, Pavlo Goubarev, protégé de près par six hommes en treillis, kalachnikov en bandoulière.

Il a annoncé qu'Igor Strelkov, présenté par le Service de sécurité ukrainien (SBU) comme un colonel du renseignement militaire russe, pourrait devenir le commandant-en-chef de l'insurrection armée.

"Nous ne reconnaîtrons jamais le pouvoir" ukrainien, "ces rats, ces cafards", dont "les héros sont les SS", a conclu sur un ton très guerrier Pavlo Goubarev, libéré il y peu par Kiev en échange de trois officiers du SBU retenus à Slaviansk.

Autre intervention remarquée, celle de Nelly Chtepa, qui a perdu mi-avril son poste de maire au profit de Viatcheslav Ponomarev, mais jouit toujours du respect de nombre de ses concitoyens, auxquels elle a assuré vendredi que "quoiqu'il arrive, nous vaincrons".

Deux gardes du corps lourdement armés à ses côtés, Viatcheslav Ponomarev a ensuite pris la tête d'un défilé à travers Slaviansk, savourant ce rare jour de gloire, lui qui avait disparu de la scène publique au plus fort des combats.

Mais quelques voix discordantes se sont tout de même fait entendre, fissurant cette belle unanimité de façade.

Ainsi, pour Nikolaï, un ingénieur à la retraite assis sur un banc en face la mairie qui n'a pas de mots assez durs pour qualifier les partisans de la rébellion, mais confie avoir "peur" d'exprimer publiquement son opinion, "il faut laisser entrer l'armée (ukrainienne) qui nous débarrassera de ces bandits et de ces terroristes".

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