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L'enlèvement des lycéennes rappelle le difficile accès à l'éducation dans le nord-est du Nigeria

L'enlèvement des lycéennes rappelle le difficile accès à l'éducation dans le nord-est du Nigeria

L'enlèvement au Nigeria de plus de 200 lycéennes par Boko Haram a attiré l'attention de l'opinion internationale sur l'accès difficile à l'éducation dans le Nord-Est, une région pauvre prise pour cible par les islamistes.

La ville de Chibok, où ont été enlevées les adolescentes, se trouve dans l'Etat de Borno, "l'un des plus défavorisés du Nigeria en matière d'éducation", rappelle le spécialiste français du Nigeria Marc-Antoine Pérouse de Montclos.

Selon une étude menée en 2010 par le bureau nigérian des statistiques et citée par l'UNESCO, le taux d'alphabétisation chez les adultes était de 56,9% pour l'ensemble du pays et seulement de 14,5% dans l'Etat de Borno.

"Le Nord-Est est l'une des régions les plus pauvres du Nigeria", explique à l'AFP Margee Ensign, la directrice de l'Université Américaine du Nigeria, située à Yola, la capitale de l'Etat d'Adamawa, voisin de celui de Borno.

"Quatre-vingts pour cent des gens ne savent pas lire" dans cette région, ajoute Mme Ensign.

L'état d'urgence imposé il y a un an par les autorités dans le Borno, l'Adamawa et l'Etat de Yobe, situé dans la même région, pour tenter de mettre fin à l'insurrection islamiste, n'a fait qu'aggraver une situation déjà très critique.

En mars, les 85 lycées publics de l'Etat de Borno ont dû fermer pour une durée indéterminée, privant environ 120.000 élèves de cours, suite à des attaques meurtrières menées par les islamistes de Boko Haram.

Le lycée public pour filles de Chibok, où 276 adolescentes ont été enlevées le 14 avril, venait d'être rouvert pour permettre aux lycéennes de passer un examen.

Dans l'Etat de Yobe, plus de 200 écoles ont été détruites au cours d'attaques menées par des islamistes, avaient indiqué les

autorités de cet Etat en octobre.

Boko Haram, qui signifie "l'éducation occidentale est un péché" en langue haoussa, la langue la plus parlée dans le nord du Nigeria, a souvent pris pour cible des établissements scolaires et des campus d'université depuis le début de son insurrection qui a fait des milliers de morts depuis 2009.

Selon un rapport d'Amnesty International publié en octobre, si "entre 2010 et 2011, les attaques avaient lieu quand les écoles étaient fermées", en 2013, les islamistes s'en sont pris de façon plus systématique aux professeurs et à leur élèves.

En juillet 2013, l'attaque du lycée de Mamudo, dans l'Etat de Yobe, avait fait 42 morts parmi les élèves et leurs enseignants, que les assaillants avaient rassemblés dans un dortoir avant d'y jeter des explosifs et d'y mettre le feu.

Le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, avait justifié la tuerie de Mamudo dans une vidéo sans toutefois la revendiquer.

Dans une autre vidéo obtenue par l'AFP fin mars, Shekau avait rappelé: "L'école occidentale, c'est interdit par la religion, l'université c'est haram (interdit). Arrêtez d'aller à l'université, bâtards!"

"Les femmes, retournez dans vos foyers ! Dans la religion musulmane, arracher la femme d'un mécréant, c'est hallal (permis). D'ici peu, nous allons attraper ces femmes et les vendre au marché. Danger, danger, danger!" avait-il martelé, comme pour avertir du rapt massif de Chibok, moins d'un mois plus tard.

L'envoyé spécial de l'ONU chargé de l'éducation, l'ancien Premier ministre britannique Gordon Brown, a dévoilé mercredi, dans le cadre du Forum économique pour l'Afrique à Abuja, un projet destiné à améliorer la sécurité dans les écoles nigérianes.

Le projet "Safe school" prévoit notamment le déploiement de gardes de sécurité et de policiers, ainsi que des mesures pour réagir aux menaces et aux possibles attaques contre des établissements scolaires, selon M. Brown.

Mais pour de nombreux experts, sans développement économique, le nord du Nigeria ne pourra ni mettre fin aux violences islamistes ni améliorer son système éducatif.

cdc-phz/sd

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