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Washington met en garde Paris contre la vente à Moscou de navires de guerre

Washington met en garde Paris contre la vente à Moscou de navires de guerre

Les Etats-Unis ont mis en garde jeudi la France contre la vente à la Russie de navires de guerre Mistral, en pleine crise ukrainienne et au moment où Américains et Européens envisagent un nouveau tour de vis de sanctions contre Moscou.

Cet avertissement a été lancé devant le Congrès par la secrétaire d'Etat adjointe américaine pour l'Europe Victoria Nuland, juste avant la visite à Washington les 12 et 13 mai du chef de la diplomatie française Laurent Fabius. A Paris, on a aussitôt rétorqué que l'allié américain ne s'était jamais plaint de ce contrat franco-russe de 1,2 milliard d'euros, lequel est de toute façon entre parenthèses jusqu'en octobre, en raison de l'Ukraine.

"Nous avons de manière régulière et constante exprimé nos inquiétudes à propos de cette vente (...) et nous continuerons de le faire", a déclaré Mme Nuland, interrogée par la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants.

La plus haute diplomate américaine sur l'Europe, réputée pour ses positions tranchées à l'égard de la Russie et parfois des alliés européens, a précisé que Washington avait soulevé cette question avec Paris "avant même les derniers agissements russes" en Ukraine.

Les élus qui l'interrogeaient ont exhorté la France à renoncer à cette vente de navires militaires Mistral, une manière de riposter à l'"agression" contre l'Ukraine par la Russie du président Vladimir Poutine.

"Si nous augmentons nos dépenses en matière de défense au sein de l'Otan tout en nous associant à un embargo coordonné sur les ventes d'armes à la Russie, y compris en stoppant celle des deux navires français Mistral, nous enverrons un message clair à Poutine: il ne peut pas piétiner les droits de ses voisins", a lancé le démocrate Eliot Engel.

"Je ne suis pas là pour taper sur les Français, mais je crois qu'il est temps qu'ils arrêtent cette vente et envoient un message très fort aux Russes", a renchéri son pair républicain Adam Kinzinger.

A Paris, on a réagi avec surprise et irritation aux admonestations américaines.

"Les Etats-Unis, comme les Européens, ne nous ont jamais fait part en privé d'inquiétude" à l'égard des Mistral, a assuré auprès de l'AFP une source gouvernementale française. "Par ailleurs, on est habitué de sa part (Victoria Nuland) à des déclarations tonitruantes. C'est une néo-conservatrice", a accusé ce responsable français, en allusion au courant de la droite américaine très influent sous la présidence du républicain George W. Bush (2001-2009).

La France et la Russie ont signé en 2011 ce contrat pour deux navires Mistral, le premier devant être livré en octobre 2014, le second en 2015 et destiné à la Flotte russe de la mer Noire. Ce sont des bâtiments de projection et de commandement (BPC), des navires de guerre polyvalents pouvant transporter des hélicoptères et des chars.

Mais le contrat est en suspens depuis le rattachement de la péninsule de Crimée à la Russie et depuis que les Occidentaux ont sanctionné Moscou.

Fin mars, M. Fabius avait déclaré que Paris pourrait "annuler ces ventes" si Moscou ne changeait pas de politique à l'égard de Kiev. Son collègue à la Défense, Jean-Yves Le Drian, avait ensuite reporté la décision finale à octobre. La Russie avait alors averti la France qu'elle "fera(it) valoir ses droits jusqu'au bout" en cas de rupture du contrat.

Les Etats-Unis et l'Union européenne s'efforcent d'avancer main dans la main en termes de sanctions contre Moscou.

Mme Nuland a réaffirmé que le prochain train de mesures punitives viserait des secteurs clefs pour l'économie russe, comme les banques, les mines ou l'énergie. "L'idée ici (...) consiste à se servir d'un scalpel plutôt que d'un marteau" en travaillant sur des sanctions "sectorielles", a-t-elle dit.

Car la diplomate et son administration sont bien conscientes du jeu d'équilibriste des puissances européennes pour sanctionner la Russie, compte tenu de leurs liens économiques étroits avec Moscou. Les Européens "sont beaucoup plus vulnérables", a reconnu Mme Nuland.

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