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Vadim, dont la tête est mise à prix, "le lynx": des chefs de guerre hauts en couleur à Slaviansk

Vadim, dont la tête est mise à prix, "le lynx": des chefs de guerre hauts en couleur à Slaviansk

L'un se vante d'avoir sa tête "mise à prix 100.000 dollars" par les nationalistes ukrainiens. L'autre, "le lynx", jure qu'il ne fera pas de quartier au cours du prochain combat. La rébellion armée de Slaviansk a ses chefs de guerre, souvent hauts en couleur.

A la lisière du village d'Andriïvka, un des points les plus chauds de la ligne de front face aux forces de Kiev, Vadim appelle directement au téléphone Viatcheslav Ponomarev, le chef des insurgés prorusses encerclés dans leur bastion de l'est de l'Ukraine, pour prendre ses ordres.

Le jeune homme, habillé en survêtement, supervise ce jour-là les opérations dans une zone située au sud de Slaviansk, que les rebelles défendent avec acharnement.

"J'aide la milice d'autodéfense. Je suis chargé de missions spéciales", assure Vadim Orel sur un ton volontairement énigmatique. "Si c'est nécessaire, c'est moi qui vais parlementer avec eux", ajoute-t-il en désignant la tour de la télévision juchée au sommet d'une colline voisine autour de laquelle des militaires ukrainiens se sont déployés. Il n'en dira pas plus.

Avant le début des combats, il était l'un des responsables de "la sécurité d'une usine" et affirme fièrement que le mouvement ultranationaliste ukrainien Pravy Sektor (Secteur Droit) a mis sa tête à prix "100.000 dollars".

Pourquoi une aussi grosse somme ? "Parce que je suis considéré comme un traître à la patrie", à savoir l'Ukraine du gouvernement de Kiev qu'il abhorre.

Devant lui, un autre insurgé, jumelles sur les yeux, semble également jouer un rôle important. C'est Vitali, ouvrier dans le BTP, qui fait le récit épique de la "défaite" infligée le 2 mai à Andriïvka à une colonne de blindés de l'armée régulière à l'issue de sanglantes péripéties impossibles à vérifier.

Il exhibe comme un trophée un sachet de tortellini prétendument "made in USA" : il est tombé, dit-il, d'un des véhicules ayant battu en retraite après que la foule hostile des villageois eut tenté de bloquer le convoi. Une preuve indiscutable, selon lui, de l'implication des Etats-Unis aux côtés des troupes ukrainiennes...

Son accusation lancée, il sort une bouteille de boisson gazeuse de marque américaine et l'avale d'un trait.

Rencontrée une première fois quand il commandait un avant-poste à l'est de Slaviansk, une autre figure de ce petit monde sorti de l'anonymat à la faveur des événements actuels a la particularité de ne jamais se départir de son casque de moto et de son fusil de chasse.

Un accoutrement reconnaissable entre mille qui donne une allure un peu grotesque à cet homme à la silhouette frêle et à la voix aigüe.

Quand on lui demande son nom, il se contente de pointer du doigt la plaque minéralogique de sa voiture sur laquelle on peut lire "Rys", "le lynx" en russe.

Pour le reste, il fanfaronne devant un journaliste de l'AFP en promettant que "la prochaine fois qu'ils (les soldats) attaqueront, on va tous les liquider, car on a ce qu'il faut pour ça".

Quelques jours plus tard , "le lynx" était dans une rue du centre-ville, devant un distributeur de billets, en train de bruyamment deviser avec des miliciens.

Il n'avait rien perdu de sa superbe, même si la position qu'il affirmait la veille être déterminé à défendre jusqu'à la mort était finalement tombée aux mains d'un bataillon de l'armée régulière ukrainienne...

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