Guy Chevrette a toujours nié toutes les allégations de Gilles Cloutier, qu'il a qualifiées de « totalement fausses et diffamatoires ».
L'ex-vice-président au développement des affaires de la firme Roche avait soutenu que le ministre Guy Chevrette lui avait dit qu'il « aimerait ça » que le contrat de construction pour ce projet soit accordé à Asphalte Desjardins, où oeuvrait son ami Jacques Desjardins, un joueur majeur dans la région.
Selon Gilles Cloutier, Roche a effectivement manœuvré de manière à ce qu'une filiale d'Asphalte Desjardins, JL Campeau, obtienne le contrat pour cette route de 30 kilomètres.
L'affaire aurait été réglée lors d'une rencontre organisée le 12 septembre 2001 entre Yves Lortie de Roche - qui avait obtenu le contrat des plans et devis pour la route - et Guy Desjardins, directeur général de J.L.Campeau.
Une fois le contrat signé, Gilles Cloutier dit avoir remis une somme de 25 000 $ à un « grand ami » de Guy Chevrette, Gilles Beaulieu. Il croit que l'argent a servi à payer un voyage que M. Chevrette, Gilles Beaulieu et leurs épouses respectives ont fait par la suite.
Selon M. Cloutier, il avait été convenu qu'une somme de 100 000 $ serait versée à M. Beaulieu, mais il n'a pu dire si ce fut le cas.
M. Cloutier n'a jamais précisé quel rôle Gilles Beaulieu jouait auprès de Guy Chevrette. Il a cependant assuré n'avoir jamais parlé d'argent avec l'ex-ministre péquiste.
Gilles Beaulieu avait répliqué aux allégations de M. Cloutier : « Je trouve cela complètement ridicule, c'est aberrant ».
Un comité arrangé, selon Cloutier
Gilles Cloutier s'est par ailleurs vanté d'avoir convaincu Guy Chevrette de confier le projet à la MRC de la Matawinie, plutôt qu'à St-Donat qui en était à l'origine, et suggéré du même souffle que l'appel d'offres pour les plans et devis soit évalué alors par un comité de sélection composé des maires des municipalités longeant ce nouveau tronçon.
Ce comité, dont M. Cloutier s'est vanté devant la commission d'avoir eu la plupart des membres dans sa poche, a accordé le contrat à Roche.
Mais la version des faits de Mario Turcotte sur cet aspect diffère quelque peu. L'ex-directeur territorial du MTQ pour la région Laurentides-Lanaudières soutient que si M. Chevrette lui a bel et bien demandé que la firme soit choisie par les maires concernés de la MRC, l'idée de créer un comité lui revenait, y voyant une façon de s'assurer que le processus soit « clean », comme le lui demandait le ministre.
M. Turcotte a d'ailleurs lui-même siégé au comité comme représentant du ministre et soutient encore que le choix de Roche était avisé.
Devant la commission Charbonneau, Mario Turcotte a d'ailleurs vanté l'intégrité de M. Chevrette.
Mais il a cependant reconnu que le chemin du Nordet, construit à grands frais à l'initiative de Guy Chevrette et au terme d'un processus irrégulier, s'est révélé de peu d'utilité.
« C'est un lien récréotouristique... il n'y a vraiment pas une grande utilisation, le débit de circulation est très faible », a-t-il convenu.
M. Turcotte, qui agissait comme le représentant du ministre Chevrette dans ce dossier, a reconnu qu'avant l'intervention du politique, le MTQ ne considérait pas ce lien routier comme nécessaire.
La décision de construire la route n'était donc pas celle du MTQ, mais celle du gouvernement péquiste. L'ex-adjoint au sous-ministre des Transports, Gilles Roussy, avait dit la même chose devant la commission.
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