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Les Sud-Africains votent, l'ANC contesté mais favori

Les Sud-Africains votent, l'ANC contesté mais favori

L'ANC, au pouvoir en Afrique du Sud depuis 20 ans, était favori des élections législatives de mercredi, auxquelles ont pris part pour la première fois les jeunes nés après la chute de l'apartheid en 1994, la génération des "born free - nés libres".

C'est le premier scrutin national depuis la mort à 95 ans, le 5 décembre 2013, du premier président noir du pays, Nelson Mandela, figure historique de l'ANC et de la lutte contre l'apartheid.

Malgré les poussées de violence sporadiques qui agitent les quartiers pauvres du pays depuis des mois, aucun incident violent n'avait été signalé jusqu'à 17h00 (15h00 GMT), soit quatre heures avant la fermeture des bureaux de vote.

Accusé de corruption et d'incompétence par l'opposition, l'ANC reste le parti de coeur de millions de Sud-Africains, qui estiment que c'est à la formation politique de Mandela qu'ils doivent leur liberté. Les sondages publiés avant le scrutin lui attribuaient 60% des intentions de vote.

Parmi les "born free" rencontrés par l'AFP à Soweto, autrefois un haut lieu de la lutte anti-apartheid, la fidélité à l'ANC était d'ailleurs la règle. "J'ai voté ANC parce que c'est eux qui ont fourni la majorité des gens qui ont sacrifié leur vie pour la liberté, qui sont allés en prison et qui ont oeuvré sans relâche pour libérer notre pays", expliquait Katlego Mafereka, un étudiant en finances de 19 ans

D'autres, comme l'archevêque Desmond Tutu, avaient fait savoir depuis longtemps qu'ils ne voteraient pas ou plus pour le parti au pouvoir, dénonçant "une société où les enfants vont se coucher le ventre creux". Mais il se réjouissait de pouvoir faire usage d'un droit qui lui avait été si longtemps dénié.

"Je suis si content de pouvoir voter", a lancé le prix Nobel de la paix en votant au Cap. "Je pense à l'Ukraine, au Soudan du Sud et à toutes les choses qui se passent là-bas, et nous pouvons toujours voter relativement pacifiquement. C'est merveilleux, merveilleux".

Plus de 25,3 millions d'électeurs devaient élire 400 députés, qui eux-mêmes désigneront le prochain chef de l'Etat le 21 mai. A 72 ans, le président Jacob Zuma devrait être reconduit pour un second mandat de cinq ans.

La campagne électorale a pourtant été émaillée de nombreux incidents dans les bidonvilles et les quartiers les plus pauvres, de nombreuses manifestations tournant régulièrement à l'émeute. L'armée a été déployée dans certaines zones.

A Bekkersdal, un township du sud-ouest de Johannesburg, des émeutes ont eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi. Deux bureaux de vote sous toile ont été incendiées. Mais le vote a quand même pu commencer à l'heure mercredi matin, de nouvelles tentes ayant été érigées à la hâte au petit jour.

"Je suis ici pour voter pour mon avenir. Je m'en fiche de ce qui s'est passé ici hier (mardi soir). Je ne vais pas les laisser m'empêcher" de voter, témoignait Nosihle Zikalala, devant ce bureau de vote improvisé où dansaient des électrices en brandissant leur carte d'identité.

Dans l'opposition, la principale formation est l'Alliance démocratique (DA), créditée d'un peu plus de 20% des intentions de vote.

Mais les regards étaient surtout tournés vers le nouveau parti populiste de Julius Malema, les Combattants pour la liberté économique (EFF). Il prône la nationalisation des banques et des mines, la saisie des terres des grands propriétaires blancs, et une redistribution radicale des richesses, alors que l'Afrique du Sud post-apartheid reste un pays très inégalitaire.

"Les gens ne doivent pas oublier que les tee-shirts ne se mangent pas", a lancé Malema après avoir voté à Polokwane (nord), dans une attaque directe contre l'ANC --dont il a été exclu en 2012--, qui a multiplié les petits cadeaux aux électeurs.

Le premier quinquennat du président Zuma a été marqué par plusieurs scandales, le dernier en date étant la rénovation de sa résidence privée de Nkandla aux frais du contribuable. Surtout, le chef de l'Etat a pour beaucoup du sang sur les mains depuis que sa police a ouvert le feu sur des grévistes à la mine de Marikana (nord) en août 2012, faisant 34 morts.

bur-cpb/jmc

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