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Le détenteur du "trésor nazi", l'octogénaire allemand Gurlitt, est mort

Le détenteur du "trésor nazi", l'octogénaire allemand Gurlitt, est mort

L'octogénaire allemand Cornelius Gurlitt, chez qui avaient été retrouvées des centaines d'oeuvres d'art dont des toiles de maîtres volées à des juifs sous le nazisme, est mort mardi, a annoncé son porte-parole.

Ce vieillard isolé, vivant dans un appartement munichois au milieu de toiles de maîtres tels que Chagall ou Matisse, avait été propulsé malgré lui, en novembre dernier, sous les projecteurs des médias du monde entier, après la révélation par la presse de la découverte de son "trésor". L'affaire avait relancé le débat sur la restitution des oeuvres dérobées aux juifs sous le IIIe Reich.

"Cornelius Gurlitt est mort dans son appartement de Schwabing (à Munich, sud) en présence de son médecin et d'un infirmier", a déclaré le porte-parole, Stephan Holzinger, dans un communiqué.

"Après une difficile opération du coeur et un séjour de plusieurs semaines en clinique, il avait souhaité retourner dans son appartement de Schwabing. Là, il y était suivi médicalement jour et nuit ces dernières semaines", a-t-il ajouté.

Début avril, M. Gurlitt, 81 ans, avait conclu un accord avec l'Etat allemand pour restituer les peintures qui avaient fait l'objet de spoliations par les nazis, à leurs ayants droit, à condition qu'ils soient identifiés dans un délai d'un an.

Il y a presque deux ans, ce fils d'un marchand d'art au passé trouble sous le IIIe Reich s'était vu confisquer par la justice allemande, dans le cadre d'une enquête pour fraude fiscale, 1.406 oeuvres ayant appartenu à son père, parmi lesquels des tableaux de grands maîtres comme des Picasso, Cézanne, Renoir ou Dix.

L'un d'entre eux, la "Femme assise" de Matisse, est notamment réclamé par les héritiers du marchand d'art juif français Paul Rosenberg, grand-père de la journaliste française Anne Sinclair.

Peu après l'annonce de son décès, les autorités allemandes ont réagi mardi en louant la récente décision de M. Gurlitt de respecter les accords de Washington de 1998, dans laquelle 44 Etats, dont l'Allemagne, s'engageaient à retrouver et rendre les oeuvres d'art dérobées par les nazis.

"Cela restera le mérite de Cornelius Gurlitt d'avoir envoyé un signal, en tant que particulier, en reconnaissant sa responsabilité morale, afin de trouver des solutions équitables et justes", a souligné la secrétaire d'Etat allemande à la Culture, Monika Grütter.

Selon le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung à paraître mercredi, M. Gurlitt avait décidé de léguer sa collection à une institution culturelle étrangère. C'est ce qui ressort du testament qu'il aurait rédigé lorsqu'il était à l'hôpital, croit savoir le journal.

De fins connaisseurs du dossier supposent que l'institution choisie par M. Gurlitt se trouverait en Suisse ou en Autriche, deux pays où l'octogénaire avait des contacts.

Contacté par l'AFP, le porte-parole de M. Gurlitt n'était pas en mesure de faire un commentaire sur ces informations.

Sans enfant, Cornelius Gurlitt avait une soeur, déjà décédée. Son beau-frère, Nikolaus Frässle, n'était pas joignable.

Selon le ministère bavarois de la Justice --dont dépend le cas Gurlitt--, la mort de ce dernier ne change en rien l'accord passé début avril avec les autorités allemandes sur la recherche des origines des oeuvres et leurs restitutions éventuelles. "L'accord conclu engage aussi les héritiers", a déclaré une porte-parole du ministère régional à l'AFP.

Cet accord ne concernait pas les 238 oeuvres de l'octogénaire conservées dans une autre de ses propriétés à Salzbourg (Autriche). L'existence de ces tableaux supplémentaires, dont 39 huiles et des aquarelles signées aussi des plus grands noms, avait été révélée à la presse en février dernier.

M. Gurlitt et ses avocats avaient alors promis de charger des historiens de retrouver l'origine de ces tableaux et leurs éventuels ayants droit.

Apparemment dépassé par le retentissement médiatique de son histoire, cet homme aux cheveux blancs, qui préférait écrire une lettre que téléphoner, s'était doté il y a quelques mois d'un site internet d'information: "www.gurlitt.info".

"Je voulais simplement vivre avec mes tableaux, en paix et dans la tranquillité", avait-il écrit en haut de sa page d'accueil.

clp/lv

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