Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Attentats au Kenya: les autorités appellent à la vigilance, excluent un retrait de Somalie

Attentats au Kenya: les autorités appellent à la vigilance, excluent un retrait de Somalie

Les autorités kényanes ont appelé lundi la population à la vigilance et exclu tout retrait des troupes kényanes de Somalie, après une succession d'attentats, dont les derniers, samedi et dimanche ont fait au total sept morts et une centaine de blessés.

Dimanche, des explosions dans deux autobus circulant sur une autoroute reliant le centre de Nairobi aux faubourgs nord-est, ont fait trois morts et 86 blessés, dont 32 restaient hospitalisées, selon la Croix-Rouge kényane lundi.

Les deux bus ont explosé près du complexe sportif de Kasarani, où des milliers de Somaliens et Kényans d'ethnie somali ont été retenus après avoir été raflés au cours d'une récente opération "antiterroriste" controversée menée par la police kényane. La quasi-totalité a depuis été libérée.

La veille, quatre personnes avaient été tuées et une quinzaine blessées par une grenade lancée dans un bus à Mombasa, deuxième ville du Kenya sur la côte touristique et majoritairement musulmane, dans un pays qui se revendique, selon le recensement de 2009, à 80% chrétien.

Une bombe artisanale avait par ailleurs explosé ce même samedi à Mombasa, sans faire de victime, sur une plage, près de l'accès à un hôtel fréquenté par des touristes étrangers.

Aucune des récentes attaques n'a été revendiquée, mais elles sont attribuées à des sympathisants des islamistes shebab, que les troupes kényanes combattent en Somalie depuis octobre 2011. Le Kenya a été le théâtre de plusieurs attentats depuis l'entrée de son armée dans le sud somalien.

Le vice-président kényan William Ruto a expliqué lundi que certains des suspects de récents attentats étaient "des Kényans recrutés pour être formés et radicalisés au sein de cellules shebab en Somalie et de retour pour mener des activités terroristes" au Kenya.

Une source sécuritaire occidentale a indiqué lundi à l'AFP qu'aucun élément ne permettait à l'heure actuelle de "lier" les attaques de Nairobi et Mombasa, estimant qu'elles étaient l'oeuvre de "réseaux locaux" sans coordination.

"Ce sont des attaques d'opportunité" sans mesure avec l'assaut mené en septembre par un commando islamiste contre le centre commercial Westgate de Nairobi (au moins 67 morts) - revendiqué par les shebab - ou avec une voiture piégée, prête à l'emploi et au dispositif sophistiqué, interceptée mi-mars à Mombasa.

Mais cette succession d'attaques commence à créer une psychose au sein de la population, selon cette même source, alors que le Kenya est en état d'alerte depuis un attentat manqué, mi-janvier, à l'aéroport international de Nairobi.

Depuis, au moins six personnes ont été tuées le 31 mars, dans un triple attentat dans le quartier d'Eastleigh, où vit une forte communauté somali, et deux policiers ont été tués mi-avril dans l'explosion devant un commissariat, à proximité d'Eastleigh, d'une voiture piégée qu'ils avaient interceptée.

"Nous ne nous retirerons pas de Somalie, nous ne serons ni impressionnés ni intimidés (...) rappeler nos troupes fournirait un havre sûr aux criminels qui recrutent et arment des terroristes en Somalie et qui feront au final courir un plus grand risque au Kenya", a assuré lundi M. Ruto, disant refuser de céder au "chantage".

Les forces de sécurité kényanes ont "perturbé d'innombrables activités criminelles - dont des projets d'attaques terroristes" mais "même une seule attaque fait apparaître inutiles des centaines de mesures dissuasives ayant porté leur fruit", a-t-il reconnu.

"Le gouvernement a fait de son mieux et ne se relâchera pas", a-t-il assuré, mais la "sécurité collective est une responsabilité partagée" et "chacun doit jouer son rôle et conserver une vigilance de tous les instants".

Selon les autorités locales, 104 personnes ont été arrêtées dans la foulée des attentats de Mombasa samedi. Environ 4.000 personnes, essentiellement d'ethnie somali, l'avaient été après les attentats d'Eastleigh mi-mars, et aucune n'a été inculpée.

La police kényane est coutumière de ce type de rafles, qui aboutit rarement à des résultats concrets, selon les observateurs qui critiquent également la récente répression menée sans discernement contre la mosquée Musa de Mombasa, coeur de l'islam radical kényan, accusée par les autorités d'être un centre de recrutement et de recueil de fonds pour les shebab.

Trois personnalités de cette mosquée radicale ont été abattus en moins de deux ans, le dernier en date début avril. Des meurtres jamais élucidés, attribués par les partisans des victimes aux services secrets kényans.

str-ayv/jpc

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.