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Nigel Farage: une 4e vie, pour sortir Londres de l'UE

Nigel Farage: une 4e vie, pour sortir Londres de l'UE

"Plus ils nous insultent, et mieux on se porte" confie tout sourire à l'AFP Nigel Farage, patron de l'Ukip populiste et europhobe qui caracole en tête des sondages à l'approche des élections européennes, galvanisé par son obsession: sortir la Grande-Bretagne de l'UE.

Ce jour là, le député-candidat visite Portsmouth, le grand port du sud-est de l'Angleterre, son fief, dans le cadre d'une tournée électorale visant à faire triompher "le bon sens", son leitmotiv.

"Ils" désigne les trois partis de "l'establishment": Parti travailliste d'opposition, et tandem conservateurs-libéraux démocrates au pouvoir. Dimanche, ils étaient respectivement crédités de 26%, 23% et 10% des intentions de vote. Derrière l'Ukip (United Kingdom Independence Party), à 29%.

"Ils" vise aussi les médias hostiles, qui traquent le moindre dérapage de représentants de l'Ukip dans des tweets, blogs ou propos jugés ineptes ou racistes.

Farage désavoue voire limoge ceux qui sapent ses efforts pour rendre respectable le parti longtemps assimilé à la droite extrême.

Exit tel ou tel candidat ayant invité les Africains "à s'entretuer"; dénoncé "l'islam diabolique"; qualifié des inondations de "châtiment divin" après la légalisation du mariage gay.

A l'occasion cependant, Farage lui-même commet un faux-pas. Ses commentaires élogieux en pleine crise ukrainienne sur le président russe Vladimir Poutine -- "le dirigeant, pas l'être humain" -- ont été diversement appréciés.

Reste que l'Ukip entend faire mentir le Premier ministre conservateur David Cameron, qui l'a jadis qualifié de ramassis de "fous furieux, dingues et racistes masqués."

"J'ai vu la lumière", s'exclame a contrario Janice Atkinson --permanente oxygénée et tailleur rayé façon City-- après avoir tourné le dos aux conservateurs qui auraient trahi l'héritage de la "dame de fer", Margaret Thatcher.

Comme les autres candidats Ukip au Parlement européen, elle a dû signer une attestation assurant "ne pas avoir de squelette dans le placard".

C'était une exigence de Farage l'homme-orchestre, qui peut poser détendu, une pinte comme il les aime à la main, au Isambard Kingdom Brunel. Le pub de Portsmouth porte le nom d'un ingénieur ferroviaire, champion au 19e siècle d'une industrialisation aujourd'hui révolue.

A 50 ans, Farage savoure avec force mimiques sa 4e vie. L'ex-trader a miraculeusement survécu à un gravissime accident de la route, à un cancer des testicules et à l'extravagant accident de son avion biplace empêtré dans la bannière électorale qu'il tractait, en 2010.

Il en est convaincu: l'Ukip effectuera une entrée fracassante l'an prochain à la Chambre des communes. Avant cela, il aura étoffé son groupe de neuf députés au parlement européen. Une enceinte selon lui "aseptisée" où il s'est illustré en jetant à la face du président de l'UE Herman Van Rompuy: "Sans vouloir être désagréable, qui êtes vous? Vous avez le charisme d'une serpillière mouillée".

Pour justifier sa hargne, il dit: "J'aime l'Europe", mais "je hais le drapeau, l'hymne, les institutions de l'Union politique".

Au-delà, il espère faire triompher le non au référendum sur le maintien -- ou pas -- de la Grande-Bretagne au sein de l'UE, promis par Cameron pour 2017.

Ses affiches électorales assurent que 75% des lois britanniques sont dictées par Bruxelles. Que 26 millions de demandeurs d'emplois européens s'apprêtent à déferler en Grande-Bretagne.

Résultat? Les rangs de "son armée populaire" grossissent à vue d'oeil, avec l'afflux d'électeurs conservateurs et travaillistes déçus. Vingt ans après sa création, l'Ukip revendique quelque 36.000 adhérents, majoritairement masculins et âgés de plus de 50 ans.

Farage séduit les classes inférieures et moyennes. "Lui, parle vrai", disent ses adeptes.

L'homme en blazer ou redingote à col de velours est tout sauf politiquement correct. Il fait volontiers bonne chère, fume comme un sapeur, affiche son amour du cricket, du rugby, de la pêche en mer et du bon vin.

Père de quatre enfants, remarié à une Allemande, il se définit comme libéral et refuse la main tendue par la dirigeante du Front national français. Marine le Pen multiplie "les demandes en mariage, comme dans ces romans classiques", mais "nous ne sommes pas de la même famille", assure-t-il.

Dans un ouvrage sur "la Révolte au sein de la droite", Matthew Goodwin et Robert Ford décortiquent "une véritable insurrection menée en dehors du système des partis établis".

"Nous sommes sur le bon chemin", jubile Farage.

dh/alm/jh

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