Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Morts d'Odessa: un drame en deux temps

Morts d'Odessa: un drame en deux temps

La mort vendredi à Odessa de dizaines de pro-russes dans un incendie est due à la vengeance de milliers de supporteurs de football et de manifestants pro-Ukraine furieux d'avoir été attaqués alors qu'ils défilaient dans la ville plus tôt dans la journée, assurent des sources concordantes.

Un match du championnat d'Ukraine était prévu à Odessa à 17H00. Comme de coutume, les supporteurs du club visiteur, les "Metalist" venus de la ville de Kharkiv, et ceux du club local, "Tchornomorets", se sont rassemblés dans le centre-ville en début d'après-midi pour se rendre en cortège au stade.

"Nous n'avions prévu aucune manifestation, ce n'est pas nous qui étions à l'origine de ce rassemblement", assure à l'AFP Natalia Petropavlovska, l'une des responsables du mouvement pro-Maïdan dans la grande ville portuaire. "C'étaient des supporteurs, des jeunes, et dans ce pays les jeunes sont naturellement plus partisans d'une Ukraine unie que de la Russie".

Le cortège, largement pavoisé de jaune et bleu, couleurs du drapeau ukrainien mais aussi du maillot des joueurs du Metalist, est attaqué sur un grand boulevard par plusieurs centaines de manifestants pro-russes bien équipés, certains armés, portant casques et cagoules. Au moins quatre personnes sont tuées par balles et une dizaine blessées.

Oleg Konstantinov est l'une d'elles. Sur un lit de l'Hôpital Juif d'Odessa, il se remet samedi de blessures par balles au bras et à une jambe. "Quand cela a commencé à tirer, je me suis dit que c'était peut-être des armes à feu, parce que les policiers ont commencé à tomber, dit-il."J'ai été blessé au bras et, quand mes collègues m'ont sorti de là, j'ai encore été blessé au bras et à la jambe".

Bogdan (il n'accepte de révéler que son prénom), 40 ans, a été témoin de la scène. "Les deux équipes de supporteurs défilaient dans la ville quand il y a eu des tirs, et aussi des jets de grenades artisanales. La police n'a rien fait mais les supporteurs ce sont défendus. Ils étaient bien plus nombreux que les assaillants, et la bagarre cela ne leur fait pas peur", dit-il.

Pour Natalia Petropavlovska, "les pro-russes ont commis une grosse erreur en s'en prenant aux supporteurs. Ils étaient nombreux et savent se défendre. Non seulement ils n'ont pas eu peur des armes mais cela les a enragés de voir qu'on leur tirait dessus et qu'on les tapait."

Par téléphone, par les réseaux sociaux, les supporteurs des deux équipes ont averti leurs amis dans la ville et ceux qui étaient allés directement au stade. "J'ai assisté au match et nous avons tous remarqué qu'à la mi-temps les gradins se sont vidés", assure à l'AFP un amateur de football. "Ils étaient partis se battre".

A Odessa, les partisans d'un rapprochement avec Moscou avaient organisé depuis la mi-mars un camp de tentes sur une vaste esplanade, devant l'immeuble de pierre de taille des syndicats.

"C'est une foule en colère, qui voulait se venger, qui s'est rendue sur la place Koulikove Pole. Ils voulaient en finir avec ce camp pro-russe" dit Natalia Petropavlovska. "Ils ont commencé à le détruire, à y mettre le feu. Les pro-russes auraient pu partir, ils savaient qu'une foule en colère arrivait, il s'est écoulé deux heures entre l'attaque de la manifestation et l'arrivée des supporteurs et des nôtres. Mais au lieu de cela ils ont choisi de se réfugier dans la Maison des syndicats".

Elle admet que des cocktails Molotov ont été jetés contre le bâtiment, ce qui est clairement visible sur les nombreux films amateurs tournés sur les lieux. Mais elle assure, comme les autorités de Kiev, que les pro-russes y ont également eu recours et que des tireurs visaient la foule depuis les toits.

La responsabilité initiale de l'incendie ne sera sans doute jamais clairement établie mais ce qui est certains c'est que des dizaines de jeunes gens sont morts, la plupart asphyxiés par les fumées.

"C'est terrible. Nous n'avons jamais voulu ça, nous sommes désolés pour ces morts", dit-elle. "C'étaient des jeunes qui ont été manipulés. J'ai moi-même appelé plusieurs fois les pompiers et je ne comprends toujours pas pourquoi ils ont tellement tardé à intervenir".

mm/ahe/ia

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.