Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

La Juventus championne d'une Italie à nouveau frappée par la violence

La Juventus championne d'une Italie à nouveau frappée par la violence

La Juventus a conquis le titre sans jouer, dimanche grâce à la défaite de l'AS Rome, un couronnement sans joie sur le terrain, à l'image de l'ambiance viciée du foot italien, indigné par les graves événements de Napoli-Fiorentina.

Le retour de la violence dans le calcio a relégué au second plan le sacre attendu de la Juve après l'effondrement de la Roma à Catane (4-1), au lendemain de la finale de Coupe d'Italie Naples-Fiorentina (3-1) où un tifoso a été gravement blessé par balle.

Un blessé dans un état critique, une inculpation pour tentative de meurtre, des lancers de fumigènes sur les pompiers: le "Calcio" a montré samedi son pire visage au stade Olympique de Rome, dont le terrain a été envahi au coup de sifflet final face à un service d'ordre complètement dépassé.

Dimanche matin les condamnations pleuvaient en Italie. "Sang sur le calcio", titrait la Gazzetta dello sport, ajoutant: "La finale devait être une fête, en réalité elle est la photographie du triste état de notre football".

"La finale est tachée de sang", pour le Corriere dello sport.

"Pourquoi le ministère de l'Intérieur n'est-il pas capable d'organiser un match de foot, qui devrait être un jeu d'enfant", s'est emporté le président du club de Naples, Aurelio De Laurentiis.

"Malheureusement le foot italien est comme ça, a commenté l'entraîneur de la Fiorentina, Vincenzo Montella. Certains joueurs, même des Italiens, préfèreront aller jouer ailleurs à cause d'événements comme celui-là."

Après l'enquête sur les incidents de la veille, qui ont pour l'essentiel eu lieu viale Tor di Quinto, à environ 300 mètres du stade, un supporter de la Roma a été arrêté dimanche.

Daniele De Santis, 48 ans, déjà connu des autorités et identifié comme un "ultra" de l'AS Rome, club qui ne participait pas au match, a tiré des coups de feu en direction de tifosi napolitains qui l'encerclaient après qu'il les a provoqués, selon la police.

Il était hospitalisé après avoir été roué de coups à la suite de son geste, puis inculpé de "tentative d'homicide".

Au total, trois supporters de Naples ont été blessés et l'un d'eux, Ciro Esposito, 30 ans, a été gravement touché. Une balle lui a perforé un poumon avant de se loger près de la colonne vertébrale.

Il était "conscient" dimanche midi, selon sa mère, et devait subir une nouvelle intervention chirurgicale délicate pour extraire le projectile, selon une source médicale de l'agence l'Ansa.

A l'ère des médias sociaux, la nouvelle de la grave blessure d'un tifoso s'est vite répandue avant le coup d'envoi du match.

Les Napolitains massés dans la tribune Nord ont manifesté contre la tenue du match. Ils ont lancé des fumigènes et des bombes agricoles sur la pelouse, blessant un pompier.

Ces incidents ont entraîné un report du coup d'envoi de 45 minutes, après une médiation des autorités.

Par ailleurs, l'image du capitaine du "Napoli", le Slovaque Marek Hamsik, parlementant avec le "capo" (chef) des Mastiffs, un des plus importants groupes d'ultras du Napoli, Gennaro Di Tommaso, dit "Genny la charogne", a fait le tour du pays.

"Ce n'est pas un tifoso qui décide si un match se joue ou pas, a tonné M. De Laurentiis. Je pense que le match s'est joué parce qu'il n'y avait pas d'autre choix."

"Il n'y a eu aucune négociation avec les ultras du Napoli, a assuré le préfet de Rome, Massimo Mazza, il n'a jamais été question que le match ne se joue pas".

Les débordements ont repris dès le coup de sifflet final. Des tifosi napolitains ont envahi la pelouse. La situation aurait pu dégénérer quand certains sont allés provoquer les Florentins dans le virage d'en-face. Une poignée de tifosi "viola" est à son tour descendue sur la pelouse mais a vite regagné sa tribune.

Un des stadiers placés devant la tribune a dit à l'AFP, sous couvert de l'anonymat: "Nous savions qu'ils allaient envahir et que nous ne pourrions rien faire".

Ces graves incidents sont intervenus alors que le football italien a déjà connu des épisodes dramatiques au cours des dix dernières années, qui ont notamment provoqué la mort de deux personnes.

Le policier Filippo Raciti a été tué par des tifosi en février 2007 en marge du match Catane-Palerme. En novembre de la même année, un tifoso de la Lazio Rome, Gabrielle Sandri, avait été tué d'une balle par un policier sur une aire d'autoroute.

Au stade Olympique, en mars 2004, un derby Roma-Lazio avait été suspendu sous la pression des ultras après qu'a couru la rumeur, fausse, qu'un enfant avait été tué, renversé par une voiture de la police.

Sur le plan sportif, il reste à attribuer les derniers billets européens. L'Inter (5e) tient la corde pour le premier, mais sa défaite dimanche soir dans le derby contre l'AC Milan (1-0) a ramené les "cousins" à trois longueurs. Le Torino (6e) garde un souffle d'avance sur le second, après sa victoire au Chievo Vérone (1-0).

Mais les deux dernières journées seront sous haute surveillance, avec notamment un Roma-Juve pour l'honneur dimanche prochain.

fb-eba/fbx

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.