OTTAWA - Une organisation canadienne qui fournissait de l'aide humanitaire aux Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza a été formellement ajoutée par le gouvernement canadien à une liste d'«entités terroristes».
Ce groupe, l’International Relief Fund for the Afflicted and Needy-Canada (IRFAN-Canada), s'apprêtait à contester en cour la révocation de son statut d'organisme de bienfaisance.
Dans une lettre adressée à IRFAN-Canada, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) indique que le gouvernement fédéral a inscrit le 24 avril dernier l'organisation à la liste des «entités terroristes» en vertu du Code criminel. La lettre indique que «toute propriété ou actif appartenant à IRFAN est désormais gelé».
La missive ne précise aucun motif pour l'inscription à cette liste, mais l'Agence du revenu du Canada (ARC) avait déjà affirmé que l'organisation soutenait le Hamas, lui-même déclaré groupe terroriste par Ottawa.
Un communiqué du ministre de la Sécurité publique, Steven Blaney, publié mardi, a souligné les affirmations de l'ARC — qui doivent être examinées en cour la semaine prochaine — selon lesquelles IRFAN avait fourni des ressources à des organismes partenaires dirigés par des représentants du Hamas, «qui ont ouvertement soutenu et financé le Hamas».
IRFAN, établi à Mississauga, en Ontario, a envoyé environ 14,6 millions $ en aide à «plusieurs organisations associées au Hamas» entre 2005 et 2009, indique le communiqué.
L'organisme doit faire valoir sa cause en Cour d'appel fédérale, mardi prochain, à l'égard de la décision de l'ARC de révoquer son statut d'organisation de bienfaisance en 2011.
Yavar Hameed, un avocat s'exprimant au nom de l'organisme, a condamné l'inscription à cette liste, qualifiant le geste d'Ottawa d'attaque envers le soutien humanitaire aux Palestiniens, et s'est interrogé sur les motivations politiques de cette décision. Il n'y a aucune preuve d'un financement direct du Hamas, a-t-il plaidé.
Par ailleurs, la GRC a indiqué mardi avoir mené des perquisitions au siège social de IRFAN à Mississauga et dans une résidence à Montréal, dans le cadre d'une enquête sur le financement du terrorisme.
«Un nombre important de preuves documentaires, ainsi que des dispositifs de stockage, de l’argent et d’autres documents ont été saisis», précise le communiqué de la police.
M. Blaney a expliqué qu'en procédant à cet ajout à la liste noire, son gouvernement a voulu envoyer un «message clair».
«Le Canada ne tolérera pas des activités terroristes, dont le financement de groupes terroristes. IRFAN-Canada a sciemment financé le Hamas, une entité terroriste inscrite à la liste, pendant de nombreuses années», a évoqué le ministre.
Il a conclu en écrivant que les donateurs «charitables et bien intentionnés qui souhaitaient appuyer les efforts humanitaires par l'entremise de cette organisation méritent mieux».
On ignorait dans l'immédiat si l'inscription du groupe à la liste d'«entités terroristes» rendait «sans intérêt pratique» le recours en Cour d'appel fédérale contre la décision de l'ARC, en 2011, sur son statut d'organisme de bienfaisance.
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