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Journée cruciale pour l'avenir du Français Alstom, convoité par l'Américain GE et l'allemand Siemens

Journée cruciale pour l'avenir du Français Alstom, convoité par l'Américain GE et l'allemand Siemens

La journée de dimanche s'annonçait cruciale pour l'avenir d'Alstom, fleuron industriel français dont la branche énergie est convoitée par l'Américain General Electric, mais celui-ci doit composer avec l'intérêt manifesté par l'Allemand Siemens, ce qui pourrait faire durer le suspense.

Evoquée vendredi, une rencontre en fin de journée entre le ministre français de l'Economie Arnaud Montebourg et le PDG de GE, Jeffrey Immelt pourrait avoir lieu, mais n'était toutefois "pas confirmée", dimanche matin, a indiqué le ministère.

Une rencontre avec le Premier ministre Manuel Valls, n'était en revanche plus à l'ordre du jour, selon des sources concordantes.

Ces discussions doivent porter sur le projet du mastodonte GE (305.000 salariés dans le monde et 146 milliards de dollars de chiffre d'affaires), de racheter les actifs d'Alstom dans l'énergie. Ces divisions "Power" et "Grid", spécialisées dans les équipements pour centrales thermiques, les lignes à haute tension ou encore les énergies renouvelables, représentent plus de 70% de l'activité d'Alstom et un chiffre d'affaires de 14 milliards d'euros.

Les négociations seraient déjà bien avancées avec le groupe français dirigé par Patrick Kron, pour une transaction estimée par la presse à quelque 10 milliards d'euros, qui ne concernerait pas la branche transport, fabriquant les trains à grande vitesse (TGV), source de fierté française. Le groupe diversifié français Bouygues, premier actionnaire d'Alstom avec 29,4%, serait favorable à l'opération.

Mais l'Allemand Siemens est venu jouer les trouble-fête: dimanche matin, il a annoncé dans un bref communiqué avoir fait part à Alstom "de sa disposition à échanger sur les questions stratégiques soulevées par une coopération future".

Une formule aussi sibylline que prudente alors que la veille, des sources proches du dossier à Paris le disaient en train de "préparer une offre".

Ce rebondissement a d'ailleurs surpris les analystes, car lors du sauvetage d'Alstom en 2003-2004 alors au bord de la faillite, l'Etat français s'était opposé à un rachat par Siemens. Le PDG d'Alstom est en outre viscéralement opposé à un rapprochement avec le groupe allemand.

Or, bien que l'Etat ne soit plus actionnaire de l'entreprise depuis 2006, le gouvernement français s'est invité avec force dans le dossier, justifiant son interventionnisme par la nécessité de prémunir la France du risque de perdre un centre de décision et d'éventuels emplois, et de veiller à l'indépendance énergétique du pays.

Dès vendredi, Arnaud Montebourg a ainsi reçu Clara Gaymard, la dirigeante de GE en France, selon des sources proches du dossier. Pour s'assurer qu'a minima l'emploi serait préservé.

Et le ministre de l'Economie, qui entend faire preuve de "vigilance patriotique", prévoit de recevoir "toutes les parties concernées", selon l'entourage du président français François Hollande.

De son côté Alstom devait convoquer un conseil d'administration extraordinaire en fin de journée, selon la presse, ce que le groupe n'a pas confirmé.

Pour l'heure son PDG Patrick Kron s'est contenté d'indiquer aux organisations syndicales que le groupe était en discussions "pour une opération industrielle", suscitant l'inquiétude des salariés.

"Nous contestons la façon de faire, cela nous paraît incorrect. S'ils agissent aussi vite, c'est (...) que des postes vont être supprimés dans les prochaines semaines", s'alarmait Florent Gallot, salarié d'Alstom, qui devait participer au rassemblement prévu à la mi-journée devant le siège du groupe à Levallois-Perret (ouest parisien).

Dimanche matin Jean-Claude Mailly, secrétaire général du syndicat Force ouvrière a estimé que l'Etat français pourrait entrer temporairement au capital de l'industriel pour "peser sur le dossier", dans la mesure où Alstom est "sur des secteurs stratégiques".

L'annonce de GE est "rapide, avec un déroulé qui avait l'air rapide" et avec Siemens qui "rentre dans la course, il y a une dimension européenne dans le dossier": il faut donc que ces deux offres "soient bien étudiées en termes de centre de décision, en terme d'emplois, d'activité", a insisté M. Mailly.

"Il faut se donner un peu de temps pour examiner les offres", a-t-il jugé, car "s'il y a un rapprochement entre deux entreprises, obligatoirement il y a des doublons" et donc un effet sur l'emploi.

Présent dans une vingtaine de villes françaises, dont Belfort (est), qui abrite son siège européen, General Electric France emploie 11.000 salariés en France, contre 18.000 pour Alstom.

"GE est très respecté en terme de politique sociale" a affirmé samedi à l'AFP une source proche du dossier, estimant que "c'est dans l'ADN de GE" - qui coopère déjà avec l'entreprise Snecma (Safran) dans les moteurs d'avion -, "d'être un partenaire industriel" de la France.

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