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Réconciliation palestinienne: le plus difficile commence

Réconciliation palestinienne: le plus difficile commence

Véritable avancée ou simple tactique? La réconciliation palestinienne sera rapidement soumise à l'épreuve des faits, le président Mahmoud Abbas devant faire face à la colère d'Israël et à l'inquiétude des Etats-Unis tandis que le Hamas est sous la pression d'une Egypte ouvertement hostile.

"Le Hamas et l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) n'ont pas d'autre option que la réconciliation", affirme Naji Chrab, politoloque à l'université d'Al-Azhar à Gaza.

"Le président Abou Mazen (surnom de M. Abbas) a compris que les négociations ont échoué et veut renforcer sa position face à la partie israélienne", explique M. Chrab à l'AFP.

L'OLP, reconnue internationalement comme le seul représentant du peuple palestinien, et le mouvement Hamas, au pouvoir à Gaza, ont signé mercredi un accord de réconciliation --le troisième depuis 2011-- au moment même où le processus de paix est totalement bloqué.

Cet accord prévoit la formation "d'ici cinq semaines" d'un gouvernement de "consensus national", dirigé par M. Abbas et constitué de technocrates, et la tenue d'élections à la fin de l'année.

Mais ce n'est pas la première fois que les frères ennemis du mouvement national palestinien annoncent leur entente.

Le Hamas et le Fatah, principal parti de l'OLP, ont déjà signé des accords de réconciliation au Caire (avril/mai 2011) et à Doha (février 2012) pour mettre fin à la division politique entre la bande de Gaza et la Cisjordanie. Mais les échéances fixées alors ont été constamment repoussées.

Nombreux sont les Palestiniens qui doutent de la possibilité d'une réconciliation en raison des "mauvaises expériences passées", rappelle Moukheimer Abou-Saada, professeur de sciences politiques à Al-Azhar, qui s'attend à des "difficultés dans l'application de l'accord de Gaza".

Furieux, Israël a décidé de suspendre les négociations avec les Palestiniens et de prendre de nouvelles sanctions, non précisées, contre l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas.

Quant à l'administration américaine, qui supervise le processus de paix, elle s'est dite "déçue" et a averti que la réconciliation inter-palestinienne aurait "évidemment des implications".

Tout gouvernement palestinien doit s'engager "sans ambiguïté" sur les principes de non-violence et de l'existence de l'Etat d'Israël, a déclaré le département d'Etat, en référence au Hamas, qui ne reconnaît pas Israël et prône la lutte armée.

Jibril Rajoub, un dirigeant du Fatah, a assuré jeudi que "le prochain gouvernement de consensus national proclamera de façon claire et nette qu'il accepte les conditions du Quartette".

Le Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, UE et ONU) exige du Hamas qu'il reconnaisse Israël ainsi que les accords déjà conclus entre cet Etat et l'OLP, et renonce à la violence.

Selon les analystes, le mouvement islamiste palestinien, assiégé à Gaza et proscrit en Egypte, a tout intérêt à la réconciliation.

Il est affaibli depuis la chute en juillet dernier du président islamiste égyptien Mohamed Morsi, son allié au sein des Frères musulmans.

L'armée égyptienne a détruit des centaines de tunnels de contrebande à la frontière avec Gaza, où transitaient armes et munitions, mais aussi produits de première nécessité et matériaux de construction.

"La division (palestinienne) a beaucoup nui au Hamas depuis qu'il a perdu les Frères musulmans en Egypte et ses difficultés financières", observe le professeur Chrab.

La destruction des tunnels a généré des pertes mensuelles évaluées à 230 millions de dollars (environ 170 millions d'euros), de l'aveu même du gouvernement du Hamas, qui peine à payer ses fonctionnaires.

"Le Hamas veut échapper à la pression de l'Egypte. La réconciliation lui permettrait d'améliorer ses liens avec l'Egypte et dans la région grâce à une légitimité politique palestinienne retrouvée", note le politologue.

Il a désormais "une vision politique plus profonde et plus pragmatique", y compris vis-à-vis des négociations avec Israël, assure M. Chrab, pour expliquer sa nouvelle alliance avec M. Abbas, engagé lui dans le processus de paix.

"La fermeture des tunnels et les pressions du Caire ont poussé le Hamas à s'asseoir à la table pour trouver un règlement par la réconciliation", confirme Achraf Abou-el-Hol, rédacteur-en-chef adjoint du journal égyptien Al-Ahram, en prédisant un réchauffement entre le Hamas et l'Egypte.

A en croire M. Abou-el-Hol, l'accord de réconciliation palestinien --qui est aussi parrainé par l'Egypte-- "va cette fois-ci vraisemblablement être appliqué".

"Tout échec aurait des retombées négatives pour les deux camps", renchérit le professeur de sciences politiques Adnane Abou-Amer, de l'université d'Oumma à Gaza.

az-feb-agr/faa

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