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Condoléances turques aux Arméniens: ni "reconnaissance" ni "excuses" pour Aznavour

Condoléances turques aux Arméniens: ni "reconnaissance" ni "excuses" pour Aznavour

Le chanteur franco-arménien Charles Aznavour estime que le terme de "condoléances" utilisé par la Turquie pour s'adresser aux descendants des Arméniens massacrés en 1915 doit être lu "non comme une reconnaissance et encore moins comme une présentation d'excuse" pour le génocide, un avis partagé par d'autres voix arméniennes en France.

L'artiste, nommé en 2009 ambassadeur d'Arménie en Suisse, où il réside, souligne jeudi dans un communiqué que "l'humanisme qui doit présider aux relations entre les peuples et plus largement entre les gens voudrait que cette déclaration soit un premier pas vers un dialogue qui nous était refusé depuis cent ans".

"Pour autant, la prudence amènerait à penser que cette expression de condoléances est motivée par d'autres considérations que ce dialogue tant voulu pour la vérité historique", poursuit jeudi Aznavour, l'un des ambassadeurs de la chanson française à travers le monde et qui était venu en aide en 1988 à l'Arménie, meurtrie par un séisme, en fondant le comité "Aznavour pour l'Arménie".

"Ne reconnaissant toujours pas le génocide, il faut donc lire dans la déclaration de M. Erdogan le terme de +condoléances+ non comme une reconnaissance et encore moins comme une présentation d'excuses, mais comme une simple volonté personnelle à vouloir se montrer un homme politique prétendument +ouvert+", estime le chanteur, qui fêtera ses 90 ans en mai.

Le Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF) a également dénoncé jeudi une "opération de communication" pour éviter d'avoir à reconnaître le génocide arménien.

"On ne présente pas des condoléances 99 ans ans après un génocide", a fait valoir le CCAF, jugeant que "c'est une opération de communication, une opération de charme dans le seul but de rendre obsolète la reconnaissance du génocide arménien"

Le député de droite Patrick Devedjian, issu d'une famille arménienne, voit, pour sa part, un pas de la Turquie "sur le chemin de la reconnaissance", auquel l'a contraint l'opinion turque et mondiale.

Selon le député, le Premier ministre turc Tayyip Erdogan est "inquiet des évolutions de l'opinion turque". Interrogé par l'AFP, M. Devedjian cite aussi "les Etats-Unis, tuteurs de la Turquie, très proches de la reconnaissance, qui a été promise par (Barack) Obama et où s'amplifie un important mouvement d'opinion".

Tayyip Erdogan a présenté mercredi les condoléances de la Turquie "aux petits-enfants des Arméniens tués en 1915", à l'occasion du 99e anniversaire des massacres visant cette communauté sous l'Empire ottoman.

C'est la première fois qu'un responsable turc de ce rang se prononce aussi ouvertement sur les événements qui ont marqué les dernières années d'un Empire ottoman sur le déclin sans pour autant utiliser le mot "génocide" que la Turquie nie catégoriquement.

"Il y a des causes qui ne méritent pas la demi-mesure et encore moins la moindre ombre d'hypocrisie", a souligné Charles Aznavour.

Faisant allusion à sa "nature optimiste d'éternel artiste", il dit vouloir croire "en l'installation d'un dialogue entre les deux parties permettant de faire face aux réalités du fait historique".

"Aussi, par cette annonce et malgré les réserves exprimées, je veux encore pouvoir croire qu'Ankara a donc peut-être amorcé les prémices d'une humanisation de son histoire récente", estime le chanteur.

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