Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Les Suisses vont voter sur l'interdiction de la spéculation sur les produits agricoles

Les Suisses vont voter sur l'interdiction de la spéculation sur les produits agricoles

Les Suisses voteront sur l'interdiction de la spéculation sur les matières premières agricoles et les denrées alimentaires, un projet défendu par le mouvement des Jeunes socialistes.

Les militants ont réussi à récolter les 100.000 signatures nécessaires pour organiser un référendum sur cette question, selon un communiqué publié mercredi par la Chancellerie fédérale à Berne.

Tous les 3 mois, les Suisses votent sur des textes au niveau communal, cantonal et fédéral, un fondement de leur système de démocratie directe, selon lequel le peuple est "souverain".

Le texte sur lequel les Suisses devront voter d'ici 2 à 3 ans, s'intitule : "Pas de spéculation sur les denrées alimentaires". Il demande l'interdiction de tout investissement, direct ou indirect, dans des instruments financiers liés aux matières premières agricoles et aux denrées alimentaires, sous peine de sanctions pénales.

L'interdiction, qui frapperait les sociétés de négoce ayant leur siège ou une succursale en Suisse, vaudrait aussi pour la vente de produits structurés.

Seuls des contrats avec des producteurs et des commerçants et portant sur la garantie des délais ou des prix fixés seraient autorisés.

"Un tiers de la spéculation mondiale sur les matières premières a lieu en Suisse", a déclaré à l'AFP un porte-parole du mouvement des Jeunes Socialistes.

Les sociétés de négoce sont surtout présentes dans les cantons de Genève et de Zoug.

Pour Fabien Molina, président des Jeunes Socialistes", "on ne joue pas avec la nourriture".

"L'initiative stop à la spéculation met le verrou à l'enrichissement des spéculateurs, comme les sauterelles, les marchés financiers sont à la constante recherche de nouveaux champs à exploiter. Il est pour cela urgent de mettre un frein à cette pratique", écrivent les promoteurs du texte.

"Ce casino dans les bourses conduit à des fluctuations incroyables et à des hausses des prix qui ont déjà entrainé des millions d'êtres humains dans la faim, nous voulons ramener le commerce des biens alimentaires dans la réalité du terrain, pour qu'il ait à nouveau le but de nourrir les êtres humains. Moins il y a de spéculation, plus stables et bas sont les prix", ajoutent-ils.

Selon une étude de l'ONG suisse Alliance Sud, la spéculation sur les denrées alimentaires est actuellement 33 fois plus importante qu'il y a dix ans. En 2003, les investisseurs financiers avaient investi seulement 13 milliards USD sur les marchés des dérivés des matières premières. Au printemps 2013, ces investissements s'élevaient à 430 milliards, soit 33 fois plus.

Il y a actuellement quelque 500 entreprises en Suisse actives dans le secteur des matières premières employant 10.000 personnes. Ces sociétés sont actives dans le négoce, le fret, le financement du commerce, l'inspection et le contrôle des marchandises.

En 2011, le secteur des matières premières en Suisse a représenté 3,5% du PIB de la Suisse, et ce pays est l'une des plus importantes places de négoce de matières premières dans le monde, selon le dernier rapport publié à ce sujet par le Conseil fédéral (gouvernement suisse) à Berne.

Interrogé par l'AFP mercredi, l'Association genevoise du négoce et de l'affrêtement (GTSA) s'est refusée à tout commentaire sur ce texte qui sera soumis au vote des Suisses.

Le secteur du négoce est très discret et communique peu. Les grandes sociétés actives dans le négoce et établies en Suisse romande, autour du lac Léman sont Cargill, Bunge, Louis-Dreyfus Commidities et ADM (Archer-Daniel-Midland)-Toepfer.

Pour l'organisation patronale Economiesuisse, qui a publié en 2013 un dossier sur le commerce des matières premières agricoles, la spéculation est en fait un bouc-emissaire, et n'explique pas la hausse des prix agricoles et la faim dans le monde qui touche un milliard de personnes.

Les raisons de la hausse des prix "sont à chercher dans l'économie réelle", comme la "demande accrue d'aliments pour la production de carburants", ou "les mauvaises récoltes à cause d'évènements naturels ou de guerre qui ont fait augmenter les prix".

Et d'affirmer que "la spéculation sur les productions agricoles ne doit pas être considérée comme un fléau à éliminer".

mnb/nl/az/plh

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.