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Après l'affaire Snowden, les Etats-Unis décriés sur la gouvernance d'internet

Après l'affaire Snowden, les Etats-Unis décriés sur la gouvernance d'internet

Après l'onde de choc du scandale des écoutes de la NSA, le sommet international NETmundial de Sao Paulo a été l'occasion mercredi de pointer du doigt l'hégémonie américaine sur la gouvernance de l'internet.

Dès l'ouverture des débats, la présidente brésilienne Dilma Rousseff a affirmé qu'"aucun pays ne doit avoir plus de poids que les autres" dans la gestion de la Toile.

Cette gouvernance "doit être multipartite, transparente et ouverte à tous. Nous voulons vraiment avoir des relations qui soient plus démocratiques", a martelé Mme Rousseff devant les représentants de plus de 80 pays réunis pour deux jours dans la capitale économique du Brésil.

Le sommet NETmundial est censé poser les jalons d'une gouvernance mondiale appelée de ses voeux par Mme Rousseff devant l'ONU en septembre 2013.

Gouvernements, universitaires, instituts techniques, acteurs privés et ONG doivent s'accorder sur des principes généraux et sur une feuille de route définissant des objectifs pour le futur du réseau qui vient de fêter ses 25 ans.

"Notre idée n'est pas de remplacer ce qui existe, mais de créer une nouvelle base pour ce débat", a souligné la présidente brésilienne.

A l'été 2013, les révélations d'Edward Snowden, ex-consultant de l'Agence américaine de sécurité (NSA), sur les écoutes des communications de la présidence brésilienne avaient déclenché l'ire de Brasilia.

"La confiance a été détruite (...) Nous devons connaître les règles du jeu et s'y plier", a plaidé à l'ouverture du NETmundial Nenna Nwakanma, de l'institut Web Fondation. "Il faut passer d'un système vampirisé par un seul acteur à un processus ouvert et participatif".

"Notre grand défi est d'inventer un modèle inclusif, juste, qui refuse les oligarchies et la concentration des pouvoirs", a estimé de son côté Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat française chargée du Numérique.

Peu après le scandale des écoutes, qui avait également concerné d'autres dirigeants mondiaux, Dilma Rousseff avait avancé l'idée devant les Nations unies d'un contrôle multilatéral de l'utilisation d'internet, faisant également écho aux aspirations de plusieurs organismes du web soucieux de leur indépendance vis-à-vis de Washington.

Pour des raisons principalement historiques, les Etats-Unis contrôlent ou hébergent les principaux organismes administrant les adresses, noms de domaines, normes et protocoles du web, ce qui provoque depuis plusieurs années frustrations et grincements de dents parmi les acteurs du net et certains gouvernements.

Longtemps inflexibles, les Etats-Unis ont plié sous la pression diplomatique le mois dernier en cédant du terrain sur la supervision de l'Icann ("Internet Corporation for Assigned Names and Numbers"), l'organisme qui délivre notamment les noms de domaine sur internet, comme .com ou .gov, et dont le siège se trouve en Californie.

Dans la foulée des déclarations américaines, une transition vers un nouveau statut de l'Icann a déjà été engagée avec une échéance fixée à janvier 2015.

Mercredi, Mme Rousseff a "salué la décision" prise par Washington "de revoir son lien institutionnel" avec l'Icann. La veille, le Département d'Etat se disait "enthousiaste" à l'idée de "développer une vision partagée pour un modèle multi-acteurs de la gouvernance d'internet en quête d'un système plus ouvert, participatif et réactif".

Baptisé NETmundial en cette année de Coupe du monde au Brésil, cette réunion internationale s'est donnée comme délicate mission de concilier les intérêts de pays victimes de l'espionnage de la NSA (Brésil, Allemagne, Mexique...), d'Etats contrôlant accès et contenu internet (Chine), d'acteurs privés jalousant leur liberté (Google) et de libertaires radicaux (WikiLeaks).

"Ils n'ont pas tous les mêmes opinions, mais nous souhaitons des actions concrètes", a annoncé le président du sommet Virgilio Almeida dans un entretien à l'AFP.

"Il est nécessaire de créer des mécanismes locaux, nationaux et transnationaux", a plaidé de son côté Vint Cerf, vice-président de Google.

Face à une telle gageure, beaucoup craignent que le document final soit dénué de substance. Mais même s'ils ne seront pas contraignants, ces principes auront le mérite de marquer le point de départ d'une véritable gouvernance mondiale.

"Il est clair que ce qui va être défini ici sont des principes généraux, on ne va pas résoudre tous les problèmes, mais on va donner une direction au futur d'internet", a affirmé à l'AFP le vice-président de l'Icann pour l'Amérique latine Rodrigo de La Parra.

Dans une volonté manifeste de donner un élan à cette réunion, Mme Rousseff a signé à l'ouverture du NETmundial la promulgation du "Cadre civil" pour l'internet voté mardi soir par le Congrès brésilien.

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