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Le gouvernement français annonce mercredi un plan anti-filières jihadistes

Le gouvernement français annonce mercredi un plan anti-filières jihadistes

Pour tenter de freiner le mouvement de départ vers la Syrie, le gouvernement va présenter mercredi de nouvelles mesures pour "dissuader" et "punir" les candidats français au jihad, mais il fait face à un phénomène difficile à enrayer.

Ce plan va être présenté quelques jours après la libération de quatre journalistes français détenus en Syrie, qui ont raconté que plusieurs de leurs geôliers parlaient français.

Le président François Hollande s'est engagé mardi à ce que la France prenne "toutes les mesures pour dissuader, empêcher, punir ceux ou celles" qui seraient tentés par le jihad (...) La France déploiera tout un arsenal, en utilisant toutes les techniques, y compris la cybersécurité, pour lutter contre ce phénomène".

Selon le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, environ 500 personnes seraient parties de France pour la Syrie. Les services antiterroristes redoutent qu'à leur retour ils ne commettent des actes terroristes en France.

Quelque 250 Français combattraient actuellement en Syrie et une vingtaine y seraient morts, selon les services de renseignements.

Afin de tenter d'endiguer le flux, le gouvernement prévoit notamment d'engager des campagnes de sensibilisation, en collaboration avec les municipalités et l'Education nationale, ainsi que de créer "des cellules à destination des familles concernées par les radicalisations", a précisé la même source.

Selon un membre des services antiterroristes, qui demande à ne pas être identifié, c'est souvent par les familles que les autorités sont averties de la radicalisation d'un jeune homme. S'il est majeur, cela ne veut pas dire qu'il sera facile ou même possible de l'empêcher de partir pour la Turquie puis, clandestinement, pour la Syrie.

Il est en effet aisé de se rendre dans la région frontalière entre la Turquie et la Syrie en voiture ou en autocar depuis la France, pour éviter les contrôles aux aéroports, et de rester ainsi sous le radar des enquêteurs.

Les autorités travaillent notamment, sur la base d'un texte de loi datant de 1792, à la possibilité de refuser à certains suspects la délivrance d'un passeport, indique à l'AFP un haut fonctionnaire travaillant sur le dossier, qui a demandé à rester anonyme.

Il est aussi prévu de rétablir pour les mineurs l'obligation d'une autorisation parentale de sortie du territoire, à destination de la Syrie ou des pays de transit, mais les moins de 18 ans sont si peu nombreux parmi les centaines de volontaires partis ou en partance que cette initiative n'aura que peu de conséquences sur le phénomène, selon le chercheur Dominique Thomas, spécialiste de l'islamisme radical à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (Paris).

"La surexposition médiatique des cas de mineurs partis pour la Syrie a transformé l'opinion publique, qui a tendance à penser que cela ne concerne que les mineurs", dit-il. "Or les mineurs ne sont qu'une infime minorité, leur rôle est négligeable. C'est une mesure certes souhaitable, mais qui ne changera rien au problème".

Lassouri Ben Hamouda, le père d'un adolescent de la région de Toulouse (sud-ouest) parti trois semaines en Syrie puis mis en examen à son retour fin janvier s'est toutefois félicité mardi de ce rétablissement, qu'il a qualifié de "mesure de bon sens".

Mardi le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a assuré sur la radio RTL que "notre action consistait à prendre les choses depuis l'amont jusqu'à l'aval. L'amont, c'est déceler tous ceux, en particulier les jeunes, qui sont portés vers cette dérive tragique. Cela suppose une cyber-surveillance parce que beaucoup de choses se font sur internet".

Les sites jihadistes et ceux qui les fréquentent sont surveillés, poursuit Dominique Thomas, "mais à moins de criminaliser le simple fait de les consulter, comme c'est le cas pour les sites pédophiles, cela ne permettra pas non plus d'enrayer le phénomène".

"Le coeur du problème est qu'on ne peut pas arrêter quelqu'un sur de simples intentions", conclut le chercheur. "Simplement avoir l'intention de partir faire le jihad, avant d'avoir fait quoi que ce soit, n'est pas pénalement répréhensible. Il faut engager des efforts de pédagogie et de dé-radicalisation, qui ne peuvent fonctionner qu'à long terme".

Les autorités françaises sont également confrontées à un paradoxe : elles veulent empêcher des jeunes de partir combattre en Syrie le régime de Bachar al-Assad, un pouvoir condamné par Paris, qui soutient officiellement les rebelles syriens.

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