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GB: David Cameron touché par la grâce et les critiques

GB: David Cameron touché par la grâce et les critiques

Jusque-là discret sur le sujet, David Cameron multiplie les allusions à une Grande-Bretagne "chrétienne" et clame sa propre foi, s'attirant la grâce de l'Eglise mais aussi les foudres de ceux qui estiment que politique et religion ne font pas bon ménage.

"We don't do God": "on ne parle pas de Dieu". C'est par cette sentence définitive qu'Alastair Campbell, alors influent conseiller de Tony Blair, a coupé court en 2003 à une question posée à l'ancien Premier ministre sur sa foi.

La phrase est restée célèbre et a servi depuis de fil conducteur aux hommes politiques britanniques, priés de rester discrets quant à leurs convictions religieuses dans un pays où l'Eglise d'Angleterre reste officiellement établie mais qui se veut ouvert à toutes les confessions.

Tony Blair, lui-même, a attendu qu'il ait quitté le pouvoir en 2007 pour se convertir de l'anglicanisme au catholicisme. Parler de religion "ne vous fait qu'attirer des ennuis", a-t-il confié un jour.

Depuis son arrivée à Downing Street en 2010, David Cameron a adopté le même principe de neutralité. Sans occulter sa foi, il ne l'a jamais mise en avant. Et les rares fois où il l'évoquait, il ne manquait pas de souligner qu'il pourrait être un chrétien plus assidu.

A cet égard, le virage de ces derniers jours est spectaculaire. Le Premier ministre a évoqué le sujet à deux reprises, dans un article dans le Church Times et dans son message de Pâques, ayant à chaque fois recours à des mots très forts, bien au-delà des formules humanistes employées d'habitude à cette occasion.

Déclarant que la foi lui avait permis de trouver la "paix", il a vivement encouragé la Grande-Bretagne à afficher une attitude décomplexée "quant à son statut de pays chrétien" et milité pour "une approche plus évangélique" de la religion.

La Church of England a applaudi des deux mains. Mais lundi on a surtout entendu les critiques, formulées notamment dans une lettre ouverte en première page du Daily Telegraph, signée par une cinquantaine d'écrivains, de scientifiques et d'académiciens.

"Si l'on exclut le strict point de vue constitutionnel en vertu duquel nous continuons d'avoir une Eglise officiellement établie, la Grande-Bretagne n'est pas un +pays chrétien+", écrivent les auteurs. La Grande-Bretagne constitue "une société plurielle" qui est "d'abord non religieuse".

"Répéter sans cesse le contraire encourage l'aliénation et la division dans notre société", ajoutent les signataires, parmi lesquels figurent Harold Kroto, prix Nobel de Chimie, l'écrivain Philip Pullman, le philosophe AC Grayling et le professeur Jim Al-Khalili, président de l'association des humanistes britanniques.

"C'est probablement pour imiter les Américains, on imite beaucoup les Américains, mais c'est une mauvaise idée", a insisté Philip Pullman. Dans le passé, Tony Blair a dû nier à plusieurs reprises avoir prié ensemble avec le président américain George W. Bush avant la guerre en Irak.

Le Guardian aussi a estimé que "le Premier ministre s'aventure dans des eaux dangereuses".

Downing Street a répliqué en rappelant que David Cameron avait déjà déclaré en 2011 que la Grande-Bretagne était un pays chrétien et qu'il ne "devrait pas avoir peur de le dire". "En aucune manière, cela ne veut dire que les personnes d'une autre confession, ou celles qui n'ont en aucune, ont tort", a insisté une porte-parole.

Pour certains observateurs, la nouvelle ferveur chrétienne de David Cameron s'explique d'abord par le besoin, à un an des élections générales, de donner un gage à la communauté chrétienne, parfois échaudée par la légalisation du mariage homosexuel et la réduction des aides sociales.

Si le militant des droits de l'Homme Peter Tatchell, qui a également signé la lettre, a renvoyé à un sondage de l'institut YouGov dans lequel 65% des personnes interrogées ont indiqué n'être pas religieuses, le dernier recensement au Pays de Galles et en Angleterre en 2011, montre que 59% des personnes se définissent toujours comme étant des chrétiens.

jk/abk

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