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USA: qu'importe l'Ukraine, les constructeurs automobiles lorgnent la Russie

USA: qu'importe l'Ukraine, les constructeurs automobiles lorgnent la Russie

Qu'importent la crise ukrainienne et les menaces de sanctions de Washington à l'encontre de Moscou: pour les constructeurs automobiles américains, la Russie est un marché incontournable.

Le pays est tout simplement trop grand et trop important pour être ignoré par les vendeurs de voitures, ont souligné plusieurs experts lors d'une conférence à Detroit cette semaine.

"Le marché russe va devenir plus important que le marché allemand", remarque ainsi John Branch, professeur à l'Université du Michigan. L'industrie automobile y évolue rapidement avec une demande croissante pour les véhicules importés en dépit des barrières commerciales imposées par le Kremlin, souligne-t-il.

Aussi, malgré le caractère instable du marché russe, les constructeurs, en particulier ceux qui ont une ambition mondiale, ne peuvent passer à côté, explique-t-il à l'occasion d'une discussion intitulée "Comprendre l'industrie automobile russe actuelle et à venir" à l'Université du Michigan.

General Motors y a déjà placé des pions en s'associant à Avtovaz, constructeur des mythiques voitures Lada, afin de fabriquer ensemble le petit 4x4 Chevrolet Niva. "Plus de 500.000 (exemplaires) circulent actuellement sur les routes de Russie et de la CEI", la Communauté des États indépendants qui rassemble certaines anciennes républiques soviétiques, indique la coentreprise dans un communiqué.

Avtovaz est par ailleurs actuellement en cours d'absorption par l'alliance Renault-Nissan.

Mais la marque Lada est une réminiscence de l'époque soviétique et ses ventes sont surtout concentrées sur les petites et moyennes villes et les zones rurales.

Dans les grandes villes comme Moscou et Saint-Pétersbourg, les consommateurs sont plus sélectifs. Ils aiment les véhicules importés et ont développé un attrait particulier pour les petits 4X4 qui leur permettent de circuler plus confortablement sur les routes cahoteuses du pays.

Pour David Teolis, économiste à General Motors, il ne faut pas non plus surestimer les capacités de croissance du marché russe: depuis la crise financière de 2008, l'économie et la classe moyenne russes ne progressent que lentement, freinant l'expansion du marché automobile.

Après avoir chuté de 50% en 2009, les ventes de voitures en Russie ont enregistré une reprise spectaculaire, atteignant en 2012 un niveau record à 3 millions d'unités. Mais l'économie russe a subi un contre-coup en 2013 et le marché automobile l'a ressenti: les ventes de véhicules neufs ont reculé de 5,5% et les constructeurs restent prudents face à tout espoir de reprise en 2014.

L'atmosphère de crise permanente dans lequel est plongé le pays est aussi dommageable au développement économique de la Russie, selon David Teolis.

L'abaissement par le gouvernement russe début avril de sa prévision de croissance pour 2014 à une fourchette entre 0,5% et 1,1%, contre 2,5% auparavant, n'augure rien de bon pour la croissance du secteur automobile. D'autant plus que les autorités ont prévenu que le tableau pourrait encore s'assombrir en cas de sévères sanctions occidentales. "La Russie a besoin de devenir un pays normal", estime David Teolis.

Mais pour Daniel Russell, ancien diplomate américain devenu président du Conseil du commerce Etats-Unis/Russie, même avec la crise ukrainienne en cours les entreprises américaines doivent intégrer le marché russe dans leur stratégie. "L'économie russe a connu une expansion incroyable au cours des dix dernières années", souligne-t-il. Et il est peu probable, selon lui, que les autres pays soient prêts à renoncer à cette opportunité.

Les pressions américaines pour imposer des sanctions à l'encontre de Moscou après le rattachement de la péninsule ukrainienne de Crimée en mars se sont d'ailleurs heurtées à la réticence des pays européens, moins prompts à brandir l'arme de menaces économiques susceptibles d'affecter durablement leurs liens financiers et économiques avec la Russie.

Le Japon, lui, a bien condamné ouvertement dans un communiqué le rôle joué par le Kremlin en Crimée. Mais le même jour, quelque 200 responsables d'entreprises russes étaient reçus très officiellement par Tokyo, souligne Daniel Russel. "Les sanctions ne marchent pas", affirme-t-il, en rappelant que la Russie s'était très bien remise des menaces de représailles économiques en 2008 lors de la guerre en Géorgie.

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