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Naufrage du ferry en Corée: la douleur des parents, le choc des survivants

Naufrage du ferry en Corée: la douleur des parents, le choc des survivants

Le silence de mort dans le gymnase qui abrite les proches des passagers portés disparus dans le naufrage d'un ferry sud-coréen vole en éclats lorsque l'identité du 6e corps récupéré est annoncée: c'est une lycéenne et ses parents lâchent un cri déchirant.

L'annonce a eu lieu jeudi au petit matin, après une nuit de veille et d'angoisses pour les proches des disparus, dont beaucoup sont les parents des lycéens à bord du ferry qui a sombré mercredi matin au large de la côte méridionale de la Corée du Sud.

Le gymnase, sur l'île de Jindo, à proximité du lieu du drame, ressemble à un camp de réfugiés. Il fait froid, les personnes se serrent dans des couvertures et certaines sont sous perfusion saline, épuisées et parfois inconscientes après des heures d'attente.

Un père pleure doucement, le visage caché dans ses mains, tandis que sa femme tente de le réconforter.

Des parents évoquent, la voix chargée d'émotion, les derniers messages envoyés par leurs enfants.

"Elle m'a dit: +nous mettons nos gilets de sauvetage. Ils nous disent d'attendre et de ne pas bouger, maman. Je vois un hélicoptère+", raconte Park Yu-Shin, mère d'une lycéenne.

"Papa, le bateau coule. Je suis allongé sur le lit avec un gilet de sauvetage. Que dois-je faire?", a dit au téléphone en pleurant Kim Bum-Soo, un jeune garçon, selon le quotidien Dong-A Ilbo. "Je veux que nous nous revoyons vivants". Puis la ligne s'est tue.

Des parents ont passé la nuit sur le quai, les yeux tournés vers la mer où les sauveteurs ont poursuivi leurs efforts, à la lumière de projecteurs et torches puissantes.

Certains assurent avoir reçu des messages de leurs enfants piégés dans le bateau, après le naufrage, mais ces informations ne peuvent pas être vérifiées.

Au désespoir des proches se mélait une sourde colère, à l'encontre des médias, jugés intrusifs, et des autorités.

Le Premier ministre Chung Hong-Won, venu réconforter les familles dans le gymnase, a été pris à parti: des proches s'agrippaient à sa veste tandis que d'autres lui balançaient de l'eau, voire des bouteilles.

Une mère a bloqué le passage de l'homme politique lorsqu'il a tenté de quitter le bâtiment. "Ne partez pas comme ça, M. le Premier ministre. Dites nous s'il vous plait ce que vous comptez faire".

Colère également vis-à-vis de l'équipage, qui aurait ordonné aux passagers de rester sur leur siège ou leur couchette après le choc qui a immobilisé le bateau.

Lorsque les passagers ont voulu s'échapper, il était trop tard pour beaucoup d'entre eux.

Kim Sung-Mook, un rescapé, a raconté à la télévision coréenne avoir vu une trentaine de jeunes piégés dans une salle du quatrième étage.

"Je ne pouvais pas me rendre dans cette salle car tout le bateau penchait. Il n'y avait rien à quoi se tenir", dit-il.

Lorsque les sauveteurs sont arrivés, l'homme les a aidés à sortir quelques adolescents, grâce à un tuyau d'incendie utilisé comme corde pour se hisser hors de la salle. Mais beaucoup étaient trop faibles pour s'accrocher.

"Il aurait fallu qu'ils s'agrippent et escaladent le sol qui était complètement penché, mais ça glissait tellement", sanglote-t-il. "Il y avait tellement d'enfants dans le hall... et cette eau... Je n'ai pas pu tous les sauver".

L'école Danwon, à Ansan, au sud de Séoul, d'où venaient les lycéens, était fermée jeudi. Des messages de soutien noircissaient des panneaux accrochés. "S'il te plait, reviens-nous vivant!", "Je t'aime"...

ckp-gh/fmp/ros

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