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Issad Rebrab, sauveur de FagorBrand et bâtisseur du premier groupe privé algérien

Issad Rebrab, sauveur de FagorBrand et bâtisseur du premier groupe privé algérien

Issad Rebrab, le patron du groupe algérien Cevital qui doit racheter les marques de FagorBrandt, a bâti le premier groupe privé algérien, qui se classe par le chiffre d'affaires juste derrière le géant pétrolier public Sonatrach, leader en Afrique.

Le conglomérat, présent dans les secteurs aussi diversifiés que l'électronique, l'agro-alimentaire, la sidérurgie, le verre, l'électroménager, le BTP ou la distribution, a déjà sauvé de la faillite l'année dernière la société française Oxxo qui fabrique des portes et fenêtres en PVC pour le logement collectif.

Il a réalisé en 2012 un chiffre d'affaires de 3,5 milliards de dollars, contre seulement 50 millions 10 ans auparavant.

A la tête du groupe, un homme qui a entamé sa vie d'entrepreneur à la fin des années 1960 en créant un petit cabinet d'expertise comptable dans un pays à peine sorti d'une longue nuit coloniale et engagé dans un projet de collectivisation à la soviétique.

Issad Rebrab a fait ses études de comptabilité d'abord au cours Pigier à Thionville (Moselle, France) où son père était marchand ambulant, puis dans un lycée jésuite à Metz où seuls deux élèves n'étaient pas catholiques: lui et un jeune protestant. "Nous étions les seuls à ne pas aller à la messe. Nous restions en salle d'études", se souvient-il.

Front haut, l'oeil vif et un sourire permanent aux lèvres, cet homme né il y a 69 ans dans les montagnes de Kabylie a pour devise: voir grand, commencer petit et aller vite. Il travaille jusqu'à 14 heures par jour dans ses bureaux de la banlieue d'Alger.

Père de famille, ses cinq enfants (quatre garçons et une fille) ont tous rejoint le groupe. La famille n'hésite pas non plus à puiser dans le vivier des cadres des entreprises publiques algériennes et à recruter à l'étranger.

Début 2013, l'université Cevital, avec un partenaire canadien, a ouvert ses portes pour "répondre aux besoins en formation de cadres à haut potentiel".

"Au-delà des ressources financières qui s'empruntent, de la technologie qui s'achète, l'humain est et sera toujours le capital précieux et primordial qui se projette dans la durée", plaide M. Rebrab.

Cet homme courtois, à la poignée de main ferme et à la tenue sobre, aime répéter que sa passion est de créer. "Je n'ai jamais eu peur de l'échec. Mes seuls échecs sont dus au terrorisme", affirme l'industriel.

Le noyau de son empire fut une Toute petite entreprise (TPE) de construction métallique lancé en 1971 avec quatre salariés.

Il perdit sa plus grande usine en 1994, détruite par les groupes armés en représailles à la ligne éditoriale anti-intégriste de son journal: le quotidien francophone Liberté. L'usine réalisait alors un bénéfice annuel de 30 millions de dollars.

L'épreuve a failli être fatale mais M. Rebrab a rebondi trois ans plus tard, dans l'agroalimentaire en créant Cevital. Le contexte était favorable: les entreprises publiques étaient à l'agonie et les investisseurs étrangers boudaient l'Algérie en raison de l'insécurité.

Parmi ses grands projets aujourd'hui, une nouvelle ville industrielle à Cap Djinet, sur le littoral est d'Alger. Le projet prévoit un investissement de 20 milliards de dollars dans la pétrochimie, la construction automobile, la sidérurgie et l'aluminium. Le tout adossé à un port privé, le premier en Algérie.

Mais l'industriel n'a pas eu le feu vert des autorités. "Le gouvernement a regardé cela comme un rêve d'illuminé mégalomane", écrit son biographe Taïeb Hafsi.

M. Rebrab intervient fréquemment dans le débat économique avec deux leitmotivs: défense de l'entreprise et formation de manageurs d'élite pour assurer la transition vers une "mondialisation" de son pays, qu'il rêve de voir hissé au niveau de la Corée du Sud.

En 2004, il a claqué la porte du Forum des Chefs d'entreprises (FCE), la principale organisation patronale du pays, qui avait apporté son soutien à un deuxième mandat du président Abdelaziz Bouteflika.

ao/feb

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