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Dans l'est de l'Ukraine, Slaviansk rêve de Russie

Dans l'est de l'Ukraine, Slaviansk rêve de Russie

A Slaviansk, ville de l'est de l'Ukraine de quelque 120.000 habitants, les nouvelles autorités pro-russes comptaient lundi sur la Russie et sur le président Vladimir Poutine pour les aider dans leur combat contre "les fascistes au pouvoir à Kiev".

"Nous demandons à la Russie de nous protéger et de ne pas permettre un génocide de la population du Donbass (est de l'Ukraine). Nous demandons au président Vladimir Poutine de nous aider dans toute la mesure du possible", a déclaré l'un des leaders de la rébellion, Viatcheslav Ponomarev.

M. Ponomarev fait office de maire à Slaviansk depuis que les militants pro-russes et des hommes armés se sont emparés samedi de la mairie, du poste de police et du siège local des services secrets.

Depuis, cette ville, située à une centaine de km au nord de Donetsk et 170 km de la frontière avec la Russie, échappe totalement au contrôle du gouvernement pro-européen de Kiev.

Dans plusieurs autres villes de l'est russophone de l'Ukraine, adossé à la Russie, des militants pro-russes occupent des bâtiments administratifs, refusent l'autorité de Kiev et rêvent d'un rattachement de leur région à Moscou. La différence est qu'à Slaviansk, des armes ont été distribuées aux militants pro-russes, comme l'ont constaté des journalistes de l'AFP sur place.

Dimanche, entre une et trois personnes, selon les sources, ont été tuées par balles par des inconnus à Slaviansk, devenue ainsi la ville où la situation semble la plus explosive en Ukraine. Le ministère de l'Intérieur a fait état d'un membre des services de sécurité tué. Des sources locales évoquent un ou deux morts de plus, sans autre précision.

Dans une courte allocution à la presse, M. Ponomarev a affirmé que Kiev avait envoyé lundi "1.000 mercenaires et des tanks" pour reprendre le contrôle de la ville.

Sergueï Tarouta, gouverneur de la région de Donetsk, dont Slaviansk fait partie, a annoncé de son côté qu'une "opération antiterroriste incluant des unités militaires" était en cours pour "désarmer les bandits et libérer les bâtiments qu'ils occupent".

Malgré ces déclarations tonitruantes de part et d'autre, aucune unité des forces de Kiev n'était visible à Slaviansk ou même dans les environs. Un hélicoptère et un avion militaire ont bien survolé la localité à basse altitude en fin d'après-midi, mais cela a été le seul signe apparent d'activité des forces loyalistes.

"Nous allons nous battre contre les nazis, contre la junte arrivée au pouvoir à Kiev à la suite du coup d'Etat réalisé à la demande des Etats-Unis et de l'Union européenne", a lancé M. Ponomarev.

Le dispositif de défense des insurgés est, lui, bien visible: sur les quelque 140 km de la route de Donetsk à Slaviansk, plusieurs barrages ont été érigés, où des civils, parfois armés, contrôlent de manière aléatoire les véhicules. A l'entrée de Slaviansk, les barrages sont nombreux.

Au centre-ville, devant une énorme statue de Lénine, le siège de l'administration municipale est gardé par une dizaine d'hommes armés, portant le même uniforme et l'air professionnel. Leur apparence tranche avec le look civil hétéroclite des militants locaux pro-russes, parfois armés eux aussi, mais surtout équipés de gourdins et de boucliers...

Ces hommes, souvent masqués, et d'autres qui se trouvent à l'intérieur du bâtiment, sont tous d'allure sportive, portent le même uniforme, sans signe distinctif, et sont armés de fusils d'assaut et pour certains de lance-roquettes anti-char. Un poignard dans la botte, un pistolet à la ceinture et du matériel de transmission complètent leur équipement.

"Ce sont les groupes d'auto-défense de Slaviansk et de la région", affirment des habitants. Un avis qui n'est pas partagé par tous, certains estimant plus vraisemblable qu'il s'agisse de membres d'unités spéciales de l'armée russe, semblables à ceux qui avaient participé à l'occupation militaire de la Crimée en mars, avant son rattachement à la Russie, considéré comme une annexion par Kiev et les Occidentaux.

Les militants pro-russes de Slaviansk rêvent de voir leur région suivre cet exemple. "Nous voulons un référendum, comme celui qui a permis à la Crimée de rejoindre la Russie. Nous aurions préféré une autonomie au sein de l'Ukraine, mais la situation actuelle nous incite à demander le rattachement à la Russie", déclare Alexandre Plokhotski, 46 ans, instituteur.

nm/so/plh

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