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Ukraine: Kiev à l'offensive contre les pro-russes

Ukraine: Kiev à l'offensive contre les pro-russes

Le gouvernement ukrainien pro-européen a lancé dimanche une "opération antiterroriste" contre les insurgés armés pro-russes, dont les attaques font craindre un éclatement du pays, avec des morts des deux côtés, selon Kiev.

Ce regain de violence fait peser l'incertitude sur des pourparlers prévus la semaine prochaine pour tenter de résoudre la pire crise Est-Ouest depuis la fin de la guerre froide. Et il fait craindre que Moscou, qui a massé jusqu'à 40.000 homme à la frontière, saisisse ce prétexte pour une intervention, le président Vladimir Poutine ayant promis de défendre "à tout prix" les ressortissants russes dans l'ex-URSS.

Les autorités ukrainiennes, qui ont dénoncé une "agression" russe après une série d'attaques visiblement coordonnées samedi, ont lancé "une opération antiterroriste (...) à Slaviansk", où un groupe armé pro-russe s'est emparé des locaux de la police et des services de sécurité (SBU), a annoncé Arsen Avakov, ministre de l'Intérieur.

Il a fait état sur sa page Facebook de "morts et blessés des deux côtés", un tué et cinq blessés côté loyalistes et "un nombre non déterminé" chez les séparatistes.

L'administration régionale a plus tard fait état d'un mort et neuf blessés, ainsi que d'une autre victime, morte dans des combats sur une route stratégique près de Slaviansk, l'agence russe RIA affirmant, elle, qu'un civil avait également été tué dans la ville.

Des photographes de l'AFP sur place n'ont toutefois pas été témoins de combats à l'intérieur de la ville, survolée par des hélicoptères militaires. Les assaillants tenaient l'un des ponts donnant accès à la localité de quelque 100.000 habitants.

Des civils pro-russes se sont regroupés dans la pluie et le froid pour protéger les bâtiments occupés. M. Avakov a dénoncé l'utilisation de "boucliers humains".

Une habitante de Slaviansk, Elena, 47 ans, a décrit par téléphone une situation où "tout le monde panique, les gens attendent que la guerre commence".

Les assaillants sont apparus bien équipés et organisés, ne portant aucun insigne. Un groupe semblable s'est emparé du commissariat et de l'hôtel de ville de Kramatorsk, une ville voisine, selon les autorités régionales.

Des manifestations pro-russes mais aussi pour l'unité de l'Ukraine ont eu lieu dimanche dans différentes villes de l'Est, selon les autorités régionales. A Marioupol, sur la mer Noire, les manifestants se sont emparé sans résistance du siège de l'administration locale, hissant le drapeau de la "république de Donetsk".

A Kharkiv, grande ville de l'Est qui a connu des émeutes pro-russes, des incidents entre manifestants des deux camps, ont fait une cinquantaine de blessés, et des pro-russes ont bloqué les locaux du conseil régional.

A l'issue d'une première série de soulèvements le 6 avril, des insurgés pro-russes avaient proclamé à Donetsk, autre grande ville de la région, une "république souveraine", tout en ne contrôlant alors que deux bâtiments.

Ils réclament le rattachement à la Russie, ou au minimum une "fédéralisation" de la Constitution ukrainienne pour donner de grands pouvoirs aux régions. Kiev refuse, y voyant la porte ouverte à un éclatement du pays, et n'accepte qu'une "décentralisation".

Ces événements rappellent le scénario qui s'est déroulé en mars en Crimée, rattachée à la Russie après l'intervention de groupes armés non-identifiés -des militaires russes selon tous les observateurs- et un référendum controversé.

Le patron de l'Otan Anders Fogh Rasmussen, s'est d'ailleurs dit "extrêmement préoccupé" par "la réapparition d'hommes masqués avec des armes russes et des uniformes russes sans insignes, comme lors de l'annexion de la Crimée".

Moscou n'a jamais reconnu le gouvernement provisoire pro-européen arrivé au pouvoir après le renversement fin février du président pro-russe Viktor Ianoukovitch suite à des manifestations sanglantes à Kiev. Et la Russie avait mis en garde samedi l'Ukraine contre tout recours à la force contre les insurgés.

L'ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU, Samatha Power, a jugé dimanche que les attaques de groupes armés pro-russes dans des villes de l'est portaient "tous les signes d'une implication de Moscou". Samedi soir, dénonçant des attaques "orchestrées et synchronisées", le secrétaire d'État John Kerry avait averti son homologue Sergueï Lavrov que Moscou devrait faire face à des "conséquences supplémentaires" si la tension ne retombait pas. Le vice-président Joe Biden sera à Kiev le 22 avril pour apporter son soutien.

L'Union européenne a sommé dimanche la Russie de cesser toutes les tentatives de déstabilisation et invité Kiev à continuer à montrer de la retenue, tandis que Paris se prononçait pour "de nouvelles sanctions en cas d'escalade militaire".

Moscou dément toute responsabilité dans les troubles et M. Lavrov a de nouveau affirmé que Moscou n'avait aucune intention de rattacher à la Russie les régions orientales de l'Ukraine.

"Très inquiet" face aux "risques croissants d'affrontements violents", le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé tous les protagonistes à "faire preuve du maximum de retenue" et au dialogue.

Des pourparlers Russie/Ukraine/Etats-Unis/UE sont justement annoncés pour jeudi prochain à Genève, mais la Russie a douché samedi cette lueur d'optimisme en affirmant que rien n'était en fait arrêté, notamment le "format" des discussions. Moscou a insisté pour que les pro-russes puissent être représentés et exposer leurs "intérêts légitimes".

M. Poutine a fait encore monter cette semaine les enjeux de la crise en avertissant qu'elle pourrait mettre en danger les approvisionnements en gaz de l'Europe.

Quelque 13% du gaz consommé par l'Union européenne transite en effet par l'Ukraine, qui a des milliards de dollars de dette gazière envers Moscou. M. Poutine a menacé de cesser les livraisons à l'Ukraine si ce sommes n'étaient pas réglées.

bur-so/abk

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