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Les anti-vaccins gagnent du terrain, la rougeole aussi

Les anti-vaccins gagnent du terrain, la rougeole aussi
Getty Stock

Rougeole. Les autorités sanitaires américaines pensaient avoir définitivement supprimé ce mot de leur vocabulaire depuis l'an 2000. Mais en mars 2014, des dizaines de cas ont été découverts à New York, en Californie et au Texas. Les médias pointent du doigt ces Américains qui rejettent en bloc les vaccins. Une épidémie et un désamour des vaccins auxquels l'Angleterre et la France doivent aussi faire face depuis peu.

Kathleen Wiederman, 42 ans, n'est pas une opposante farouche aux vaccins. Mais, à l'image d'un nombre croissant d'Américains, elle croit simplement aux vertus de la nature pour combattre les maladies et affiche son scepticisme. "Les médecins ne savent pas tout", affirme cette diplômée de droit qui préfère les médecines alternatives, naturelles, l'accouchement à la maison sans antidouleur et se dit réticente à faire vacciner sa fille de 5 ans. Ce n'est qu'avec l'insistance de son ex-mari qu'elle a accepté que sa fille soit vaccinée contre la varicelle et la rougeole, mais pas la polio, dit-elle.

Les Américains opposés à la vaccination ne forment plus une frange minoritaire radicale de la société mais sont au contraire de plus en plus nombreux, constatent les spécialistes interrogés par l'AFP. Hésiter à se faire vacciner est devenu chose courante aux États-Unis. Et pas seulement quand il s'agit de s'immuniser contre des maladies de la petite enfance.

Ainsi, deux Américains adultes sur trois refusent de se faire vacciner contre la grippe et la même proportion ne fait pas vacciner les jeunes adolescents contre le virus du papillome humain (HPV), qui peut générer des cancers, selon les Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC).

L'Angleterre se bat aussi contre les réserves anti-vaccins

Outre-Manche, l'Angleterre a elle été obligée de lancer une campagne de vaccination sur un million d'enfants pour éviter le retour en force de la rougeole dans le pays en avril 2013. La raison avancée est claire: le vaccin ROR (contre la rougeole, les oreillons et la rubéole), suspecté d'avoir un lien avec l'autisme depuis une étude controversée parue en 1998, a été boudé par de nombreux parents. Tony Blair lui-même avait refusé de dire si son fils avait été vacciné contre la rougeole.

Lisa Davies se fait vacciner contre la rougeole, le 6 avril 2013 au Pays de Galles

Dans certains quartiers de Londres, le taux de vaccination de la rougeole était même descendu jusqu'à 50%, explique Le Figaro Or, les experts estiment qu'une épidémie de rougeole peut survenir tant que 94% de la population n'a pas été vaccinée. Un an après, cette campagne de vaccination semble avoir porté ses fruits, le nombre de personnes contaminées ayant déjà baissé. C'est désormais les oreillons qui inquiètent les autorités. Comme en France, le nombre de cas d'oreillons chez les jeunes hommes et les adolescents est en hausse. Cette fois-ci, c'est le vaccin contre cette maladie qui pose problème : il serait moins efficace que celui contre la rougeole.

En France, le scepticisme face aux vaccins ne s'exprime pas aussi franchement

Chez nous, on s'inquiète aussi d'une possible épidémie de rougeole cette année. La France a connu entre 2008 et 2012 plusieurs vagues d'épidémie, provoquant 23.000 cas dont 15.000 pour l'année 2011. En décembre 2013, l'Institut de Veille Sanitaire avait averti que les moins de 30 ans étaient "insuffisamment vaccinés". Le vaccin ROR implique deux injections: l'une à 12 mois, la seconde à 24 mois. Mais la vaccination n'a pas la même efficacité suivant les générations. Dans son bulletin épidémiologique, l'Institut de Veille Sanitaire a ainsi montré que la génération née entre 1980 et 1990 n'était pas aussi bien immunisée que les générations précédentes.

Mais ce n'est pas le seul problème. L'Institut de Veille Sanitaire explique qu'il existe aussi un déficit de vaccination en France. Selon les chiffres de l'Assurance Maladie, 80,2% des patients atteints de la rougeole depuis 2008 n'étaient en effet pas vaccinés. Pourtant, "on ne devrait plus parler de la rougeole", déplorait dans Le Figaro en février dernier le Professeur Emmanuel Grimprel, chef du service de pédiatrie générale à l'hôpital Armand-Trousseau. "La France est aujourd'hui le principal exportateur de cas vers des pays où elle a disparu." Comme les Etats-Unis.

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Cependant, le scepticisme gagne du terrain. C'est le cas de Séverine, 39 ans et mère d'une petite fille née en 2011. Alertée par son pédiatre et son médecin généraliste, tous deux homéopathes, elle a décidé de ne pas faire vacciner sa fille contre la rougeole, entre autres. "Après son premier vaccin contre le BCG (contre la tuberculose, obligatoire à la naissance en France, ndlr), l'organisme de ma fille a mal réagi, raconte-t-elle au HuffPost. Ma pédiatre m'a mise en garde contre les vaccins et a prescrit à ma fille un traitement d'une semaine pour faire évacuer les adjuvants toxiques contenus dans le BCG."

La méfiance des Français à l'égard des vaccins est difficilement quantifiable. Mais le phénomène est assez important pour qu'il inquiète les médecins de l'Hexagone. Une personne non vaccinée risque non seulement de tomber malade mais aussi de contaminer les autres. Un risque que Séverine mesure mais qu'elle dit contrôler. "Ma fille est suivie très régulièrement. Elle va à la crèche. Elle est soignée dès les premiers symptômes lorsqu'elle est malade, ce qui reste assez rare", assure-t-elle. "De nombreuses personnes autour de nous ne comprennent pas notre choix de ne pas l'avoir fait vacciner, c'est un sujet très sensible que j'ai même appris à éviter", déplore Séverine.

Mais dire que Séverine est dans une opposition totale aux vaccins serait faux. "Ce n'est pas tant que je suis contre les vaccins, dit-elle. Si à l'adolescence, ma fille n'a pas eu la rougeole, je réfléchirai à la vacciner car que je sais que c'est une maladie dangereuse en cas de grossesse. Ce qui me pose problème, c'est plutôt le nombre de vaccins que la France impose ou conseille de faire à un enfant si jeune."

Preuve que la méfiance à l'encontre des vaccins gagne du terrain en France, l'Agence Nationale du Médicament (ANSM) a commandé en mars 2014 une étude sur les sels d'aluminium dans les vaccins et dont les résultats sont attendus pour 2016. La présence de sels d'aluminium est l'une des principales critiques faite aux vaccins. En janvier dernier, une plainte pour "mise en danger" et "escroquerie" avait été déposée à Paris contre Sanofi Pasteur par une association de malades et deux patients mettant en cause la nocivité d'un vaccin fabriqué par le laboratoire. Au centre de leurs accusations, le Revaxis, vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP), qui contient de l'aluminium, selon cette plainte.

[Obligatoire] La vaccin contre la diphtérie et le tétanos

La vaccination en France

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