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Algérie: absents de la présidentielle, les islamistes perdent du terrain

Algérie: absents de la présidentielle, les islamistes perdent du terrain

Première force politique d'Algérie après l'instauration du multipartisme au début des années 1990, les islamistes ont perdu du terrain et pour la première fois, ils ne présentent pas de candidat à la présidentielle du 17 avril.

"Les partis islamistes algériens sont en perte de vitesse après l'échec de l'islamisme dans les pays du Printemps arabe", estime l'islamologue Saïd Djabelkheir, alors que l'Algérie peine à panser les plaies de la "décennie noire" de la guerre civile.

Des groupes affiliés à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) restent actifs en Kabylie, dans des zones proches d'Alger et dans le sud du pays, et s'en prennent généralement aux forces de sécurité.

Avec la grande prise d'otages l'année dernière du complexe gazier d'In Amenas, l'Algérie a même été visée par un "acte de guerre", selon l'expression d'Abdelmalek Sellal, alors Premier ministre et désormais directeur de campagne du président sortant, Abdelaziz Bouteflika.

L'attaque a eu un retentissement planétaire en raison de la présence de nombreux étrangers parmi les otages, dont 37 ont été tués.

Le 17 avril, ni le Mouvement islamiste pour la paix (MSP), ni En-Nahda (Renaissance) ni El Islah (Reforme) ni le Front pour la Justice et le Développement (FJD) ne seront représentés. Une première pour les islamistes pour cette 5e présidentielle pluraliste de l'histoire du pays.

Le MSP, En-Nahda et le FJD appellent à boycotter le scrutin, tout comme leur ennemi juré le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, opposition laïque) ou encore l'ancien chef du gouvernement Ahmed Benbitour.

Longtemps allié de M. Bouteflika et troisième parti au Parlement, le MSP est passé dans l'opposition en intégrant une alliance avec d'autres partis islamistes lors des élections législatives de 2012.

L'alliance tablait sur une victoire après la montée en puissance des islamistes en Egypte et en Tunisie, où ils sont parvenus au pouvoir à l'issue des révoltes de 2011. Mais elle a récolté le plus mauvais score électoral des islamistes depuis le premier scrutin pluraliste en 1990.

"Le Printemps arabe a dévoilé les véritables desseins des islamistes: leur seul objectif est d'assouvir leur désir de pouvoir. En réalité, ils n'ont aucun projet politique", affirme M. Djabelkheir.

Pour Amel Boubekeur, chercheur au centre Jacques Berque de Rabat, "les idées de l'islam politique se sont banalisées et le programme politique des islamistes n'existe plus".

"La politique a changé les islamistes, qui ne se pensent plus dans une dualité exclusive face au pouvoir", ajoute-t-elle.

Contraints désormais "de prendre en compte les autres acteurs de la vie politique", ils ont du mal à adopter des positions communes, rendant impossible l'hypothèse d'une candidature "unifiée" à la présidentielle, selon Mme Boubekeur.

Pour M. Djabelkheir, le Front islamique du Salut (FIS) a été "le seul parti islamiste d'opposition" en Algérie avant sa dissolution en 1992, quand il a choisi de passer à l'action armée après avoir été privé par l'armée de sa victoire aux législatives de 1991.

Au lendemain de l'instauration du multipartisme, qui a mis fin à plus d'un quart de siècle de règne du parti unique, le FIS avait raflé la majorité des communes en juin 1990 lors du premier scrutin pluraliste du pays, et était un an plus tard en position de s'emparer du pouvoir après sa victoire aux législatives.

Mais l'annulation des résultats par l'armée et la riposte du FIS, dont les militants les plus radicaux ont pris les armes, ont entraîné le pays dans une guerre civile qui a fait autour de 200.000 morts.

L'Armée Nationale Populaire (ANP) a ensuite offert aux groupes armés la possibilité de déposer les armes.

Elu en 1999 après avoir été appelé par l'ANP, M. Bouteflika a accepté de donner une "couverture politique" à cette offre de paix et a mis en oeuvre un projet de réconciliation nationale.

Des milliers d'islamistes armés ont depuis été amnistiés.

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