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Elections en Guinée-Bissau: Paulo Gomes, candidat atypique, prône l'honnêteté

Elections en Guinée-Bissau: Paulo Gomes, candidat atypique, prône l'honnêteté

Candidat atypique dans la course à la présidentielle qui se tient dimanche en Guinée-Bissau, Paulo Gomes, ancien haut fonctionnaire international, estime que seul "un président honnête et respecté" pourra sortir son pays du chaos.

Agé de 50 ans, Paul Gomes a reçu l'AFP vendredi soir dans une propriété proche de l'aéroport de Bissau, juste avant un dernier meeting qui a rassemblé des milliers de personnes.

Décontracté, sûr de lui et de sa victoire, - "ils seront surpris", lance-t-il à ses adversaires du premier tour, au nombre de douze - il affirme que la situation dans son pays imposait sa candidature comme indépendant: "Un pays quasiment à genoux, une réputation désastreuse sur le plan international, les indicateurs sociaux les plus bas".

Ex-colonie portugaise, la Guinée-Bissau vit depuis son indépendance en 1974 dans une instabilité chronique, marquée par les coups d'Etat, les assassinats politiques, l'extrême pauvreté de ses 1,6 millions d'habitants.

Une situation qui a transformé ce pays en une plaque tournante du trafic de drogue en Afrique de l'Ouest dans lequel sont accusés d'être impliqués des hommes politiques et des militaires, dont le chef de l'armée, le général Antonio Indjai, auteur du dernier coup d'Etat du 12 avril 2012.

Pour sortir de ce cycle infernal de la violence politico-militaire, du trafic de drogue et de la pauvreté, "il faut un président honnête, respecté dans le pays", affirme Paulo Gomes, économiste qui a passé une grande partie de sa vie à l'étranger: études en France et aux Etats-Unis avant d'intégrer la Banque Mondiale dont il a été le directeur de la division Afrique subsaharienne.

Il faudra aussi selon lui "ramener tout le monde autour d'une table, essayer de réconcilier le pays et créer des plateformes de dialogue autour (...) des chefs traditionnels et la société civile qui n'a jamais vraiment été utilisée à fond dans ce pays".

M. Gomes dit avoir longtemps pris "ses distances" avec "une espèce de méli-mélo de politiciens" locaux issus pour la plupart de la guerre d'indépendance, "car je voyais que cet ensemble d'hommes politiques que nous avons eu pendant plusieurs années plaçait surtout leur intérêt avant l'intérêt national".

"La bonne gouvernance commence au niveau du président de la République et du Premier ministre", affirme celui qui estime que son "expérience nationale et internationale" le place "dans une situation très forte pour pouvoir renouer avec la communauté internationale" qui a en grande partie suspendu son aide à la Guinée-Bissau depuis le coup d'Etat de 2012.

Une communauté internationale qui a exercé une forte pression pour que les élections, présidentielle et législatives, se tiennent enfin dimanche après plusieurs reports.

L'intégrité du futur président est également essentielle selon Paulo Gomes pour parvenir à réformer une armée pléthorique de 4.400 hommes dont beaucoup ont participé à la guerre de libération contre le colonisateur portugais et jouent depuis un rôle déstabilisateur.

Pour transformer cette armée "de guérilleros" en "armée moderne", c'est "d'abord la personnalité du président et l'exemple qu'il souhaite donner" qui compte, dit Paulo Gomes, ajoutant qu'il convient d'insuffler "une perception auprès de ceux que vous voulez réformer".

"S'il y a une perception de corruption, un sentiment d'une certaine injustice dans votre prise de décision, il vous sera impossible de faire venir autour d'une table ces acteurs de l'armée qui, dans sa majorité, souhaite cette réforme", affirme-t-il.

Il convient aussi de "rassurer" les hommes, "de ne pas donner l'impression que c'est un processus malthusien de réduction du personnel militaire", mais "de clairement montrer pourquoi cette (nouvelle) dimension de l'armée" est nécessaire, "quelles sont les menaces"

"Nous sommes surtout un +pays océan+ et quand vous regardez notre armée, il n'y a aucune capacité créée autour de la marine. C'est le ventre mou en ce qui concerne le trafic de drogue, ou même l'attaque de notre environnement naturel", explique t-il.

Paulo Gomes dit avoir rencontré le chef de l'armée, le général Indjai, inculpé il y a un an aux Etats-Unis de "complot de narco-terrorisme" avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), ce dont il se défend.

"Nous avons eu des discussions franches" sur la réforme, affirme M. Gomes. "J'ai enregistré ses inquiétudes. Je connais une grande partie de ces officiers de l'armée, étant moi-même passé par une école militaire, je comprends leurs soucis, mais en même temps il nous faut une armée moderne et républicaine. Ils savent qu'il y a urgence".

L'inculpation du général Indjai par la justice américaine? Paulo Gomes reste prudent: "C'est une inquiétude qu'il faudra certainement aborder avec les autorités américaines pour trouver un solution".

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