Le candidat proposé par Téhéran pour occuper le poste d'ambassadeur d'Iran aux Nations-unies, Hamid Abutalebi, n'obtiendra pas de visa américain en raison de ses liens avec la crise des otages de 1979-1981, a annoncé vendredi la Maison-Blanche.
L'ONU et l'Iran ont été informés « qu'aucun visa ne sera délivré à M. Abutalebi », a déclaré le porte-parole de la présidence américaine, Jay Carney.
« Nous avons été très clairs avec les Iraniens: cette nomination n'est pas viable », a également déclaré la porte-parole du département d'État, Jen Psaki.
Cette décision empêche dans les faits le candidat iranien de prendre ses fonctions aux Nations-unies.
La législation américaine autorise le gouvernement à refuser l'entrée aux États-Unis de diplomates des Nations-unies qui seraient considérés comme des menace pour la sécurité nationale.
Mais cette décision créée un précédent et les États-Unis pourraient être accusés de profiter de leur position de pays hôte, le siège de l'ONU est à New York, pour exercer une
influence politique de façon inappropriée.
Hamid Abutalebi est soupçonné par les États-Unis d'avoir fait partie d'un groupe d'étudiants musulmans qui a pris le contrôle de l'ambassade américaine à Téhéran en novembre 1979 et d'y avoir détenu 52 otages américains pendant 444 jours.
Le diplomate chevronné a reconnu avoir agi comme interprète pour ceux qui détenaient les otages.
L'Iran a dit regretter la décision du gouvernement américain.
« Décision regrettable »
« C'est une décision regrettable du gouvernement américain qui enfreint le droit international, l'obligation du pays hôte, et le droit intrinsèque des États membres souverains à désigner leurs représentants aux Nations-unies », a dit Hamid Babaei, porte-parole de la mission iranienne à l'ONU.
Le différend ne devrait toutefois pas affecter les négociations nucléaires entre l'Iran et les grandes puissances qui se tiennent à Genève, a estimé un responsable iranien.
L'administration américaine a également estimé qu'il n'y aurait pas de conséquences dans les négociations nucléaires.
« Si les États-Unis commencent à choisir qui peut représenter d'autres pays aux Nations-unies, d'autres pays risquent de réagir par la colère. Comment se sentirait Washington si la Suisse mettait son veto à son choix de l'ambassadeur des États-Unis au Conseil des droits de l'homme à Genève ? », a déclaré Richard Gowan, spécialiste des relations internationales à l'université de New York.
Jeudi, la Chambre des représentants, après le Sénat, avait voté pour interdire à Hamid Abutalebi l'entrée sur le territoire américain. Des anciens otages à Téhéran avaient saisi le Congrès pour faire part aux élus de leurs objections à la présence de Hamid Abutalebi sur le territoire américain.
De nombreux élus au Congrès, y compris des démocrates du camp de Barack Obama, restent très sceptiques au sujet de l'Iran, malgré les efforts du nouveau président iranien pour apaiser les tensions entre Washington et Téhéran.
« Je suis reconnaissant au président Obama d'avoir pris la bonne décision de refuser le visa à ce terroriste iranien », a déclaré le représentant républicain du Colorado, Doug Lamborn.
Le texte voté par le Congrès n'a pas encore été promulgué. La Maison-Blanche est toujours en train de l'examiner. Le texte vise à bloquer tout représentant aux Nations-unies considéré ayant participé à des actions violentes ou à des actes d'espionnage à l'encontre des États-Unis.