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Crise ukrainienne : l'Europe centre-orientale presse l'Otan de se renforcer à l'Est

Crise ukrainienne : l'Europe centre-orientale presse l'Otan de se renforcer à l'Est

La crise ukrainienne suscite une inquiétude grandissante en Europe centre-orientale, la Roumanie, la Pologne et les pays baltes incitant l'Otan à renforcer ses capacités à l'Est, y compris avec des troupes au sol, ce qui constituerait un pas de plus vers un retour de la guerre froide.

Les trois anciennes républiques soviétiques - Lituanie, Lettonie et Estonie - entrées dans l'Otan en 2004, s'inquiètent du potentiel militaire grandissant de la Russie à leurs frontières, la crise ukrainienne n'ayant fait que renforcer leurs appréhensions.

Des séparatistes pro-russes occupent depuis dimanche des bâtiments administratifs dans l'est de l'Ukraine et les Etats-Unis ont accusé Moscou de "vouloir semer le chaos" afin de justifier ensuite une intervention militaire comme en Crimée.

Le ministre estonien de la Défense, Sven Mikser, qui doit rencontrer lundi à Bruxelles le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, plaide en faveur d'un déploiement d'"unités terrestres" de l'Alliance en Estonie.

"Nous souhaiterions que la présence de l'Otan dans la région de la Baltique ne soit pas simplement renforcée temporairement et qu'elle ne soit pas limitée uniquement à des moyens supplémentaires dans la surveillance de l'espace aérien", a-t-il déclaré à la radio nationale.

Son homologue lituanien, Juozas Olekas, a été plus précis vendredi : "la présence des pays de l'Otan en Lituanie peut prendre plusieurs formes, depuis de simples instructeurs jusqu'à un déploiement permanent de forces spéciales, terrestres, navales ou aériennes", a-t-il dit à l'AFP.

L'Otan doit prendre des mesures supplémentaires, dont des déploiements de troupes et des exercices, pour défendre ses Etats membres, a déclaré pour sa part M. Rasmussen vendredi à Sofia.

Pour rassurer les pays membres en Europe de l'Est, l'Alliance a déjà renforcé la police aérienne au-dessus des Etats baltes, déployé des avions-radars Awacs en Pologne et en Roumanie, et supervisé le renforcement de la présence navale dans la Mer Noire

Mais cette présence aérienne renforcée n'est pas suffisante pour les pays de l'Est qui souhaitent un déploiement de troupes au sol.

"La Roumanie a des attentes concrètes sur un redéploiement et un déplacement vers l'Est de la capacité militaire de l'Otan (...) aussi bien dans les domaines maritime, aérien que terrestre", a déclaré à l'AFP le chef de la diplomatie roumaine, Titus Corlatean.

La Roumanie, membre de l'Otan depuis 2004, craint une "contagion" des événements en Crimée dans toute la région de la Mer Noire, qui pourrait voir la Russie se rapprocher de ses frontières.

"La Roumanie, en tant que frontière orientale de l'Union européenne et de l'Otan, est en première ligne et nous sommes extrêmement inquiets des évolutions en Ukraine qui ont de sérieuses implications sur la sécurité internationale", a souligné M. Corlatean.

La Russie dénonce de son côté une mentalité digne de la guerre froide et accuse l'Alliance de vouloir revenir sur un accord de coopération datant de 1997, et sur la déclaration de Rome qui en a découlé en 2002 concernant l'absence d'implantation de bases de l'Otan en Europe centrale et orientale.

"Dans les années 1990, l'Otan n'avait pas l'intention de déployer d'importantes forces militaires sur le territoire de nouveaux membres", a expliqué le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski.

"Ces forces importantes étaient alors définies comme deux brigades bien équipées. Je vous assure que si deux brigades bien équipées des pays membres de l'Otan se trouvaient chez nous, nous serions d'accord et pleinement satisfaits", a-t-il affirmé en marge d'une récente rencontre avec ses homologues français et allemand du "Triangle de Weimar".

Jaroslaw Kaczynski, chef du principal parti d'opposition en Pologne Droit et justice, souhaite pour sa part que des bases militaires américaines soient installées en territoire polonais, seul moyen, selon lui, d'empêcher "les ambitions expansionnistes" du président russe Vladimir Poutine.

"Il est temps d'en finir avec des restrictions sur la présence des forces de l'Otan en Pologne", a-t-il déclaré vendredi.

Les actions militaires de la Russie en Crimée pourraient conduire à un réexamen de la présence militaire américaine en Europe, a affirmé pour sa part mardi Derek Chollet, chargé des affaires de sécurité internationale au Pentagone.

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